Le Contrôle Citoyen de la Diaspora du Mali a, à travers une conférence de presse tenue le jeudi 10 décembre à la Bourse du Travail de Bamako, lancé un cri de cœur sur la problématique de la carte NINA. C’était sous la présidence de M. Jean Doumbia, coordinateur dudit mouvement, avec à ses côtés, quelques membres de son Comité Technique, à savoir : Tahirou Bah, Kalilou Diallo, Mamadou Ballo et Abdoulaye Diakité. Une conférence tenue en marge de la célébration de la journée internationale des Droits de l’Homme.
Pour répondre au cri SOS lancé par les Maliens qui ont besoin d’acquérir et de rectifier leurs données NINA, un véritablement sursaut inter-maliens de l’intérieur et de l’extérieur s’est diligenté au début de septembre 2020, a rappelé M. Jean Doumbia, coordinateur du mouvement ‘’Contrôle Citoyen de la Diaspora du Mali’’. Ainsi, il s’est apparu nécessaire de créer ce qui ressemble à un véritable Conseil de défense pour faire face à la crise de la carte NINA en temps réel. Il s’agit du Comité Technique Évaluation Citoyenne du RAVEC (EC-RAVEC). Ce comité technique, signale M. Doumbia, composé des Maliens établis, à l’intérieur, en France, en Suisse, aux USA, en Italie, en Côte d’Ivoire, en Espagne, en Belgique est l’organe suprême de la DIASPORA DU MALI (groupe sur whatsApp qui réclame 257 membres).
Partout, l’administration et les associations sont prises d’assaut par des citoyens. La plupart, des demandeurs de NINA, ceux qui veulent corriger des erreurs sur les données de l’état civil, entre autres. Cependant, le constat a laissé apparaitre certains dysfonctionnements dans le processus, relatifs entre autres, à l’ indisponibilité des services publics pour répondre favorablement aux demandes des citoyens, la difficulté d’accès et de correction des données NINA, le racket et la corruption de la part de certains agents de l’État qui profitent de la situation.
A cet effet, dira M. Doumbia, un formulaire d’enquête a été élaborée et mise en ligne le 4 septembre 2020. L’enquête a été bouclée le 15 novembre 2020. « On sait d’ores et déjà en fonction des informations dont nous disposons, l’ampleur du problème et sa dimension socioprofessionnelle. On sait que le problème NINA concerne les Maliens de l’intérieur autant que les maliens de l’extérieur. Nous avons reçu des réponses des maliens établis au Mali, en France, Niger, Cote d’ivoire, Suisse, Russie » a-t-il fait savoir. Selon toujours le coordinateur du mouvement ‘’Contrôle Citoyen de la Diaspora du Mali’’, 64,9 % des sondés indiquent avoir une erreur sur leur NINA. Parmi lesquels, 76,1% indiquent connaitre au moins une personne qui a des problèmes avec son NINA.
« Il apparait à ce stade légitime de reconnaitre que le RAVEC sensé de résoudre définitivement la problématique de l’état civil dans notre pays, a créé un autre problème qu’il serait objectif de qualifier de crise NINA » a-t-il affirmé. Et de préciser que les « erreurs » les plus fréquentes portent majoritairement sur les noms et/ou prénom soit de la personne elle-même ou celui de ses ascendants, son lieu de naissance ou son domicile et l’âge.
Par ailleurs, le Droit d’accès et de rectification aux données Nina est garanti en République du Mali. L’Autorité des données à caractère personnelle a cet objectif de veiller au respect de ce droit.
Il est regrettable, dit-il, de constater que 61,1 % des Maliens déclarent qu’ils n’ont pas été informés de recours à faire en cas de constatation d’une erreur matérielle commise par l’administration sur leur NINA. Et de signaler que : « Les centres de demande d’accès et de rectification installés dans les capitales politiques, nos ambassades ou nos consulats sont éloignés de nos compatriotes, ce qui les empêchent d’exercer leur droit d’accès et de rectification aux données à caractère personnelles ».
Ces problèmes liés à la carte NINA ne sont pas sans conséquences et les Maliens de l’extérieur en sont les plus touchés. Ils sont victimes dans la plupart des cas à la perte de titre de séjour dans leur pays de résidence, à la perte d’emploi et des droits socioprofessionnels. Ils souffrent aussi de l’impossibilité de voyager, poussant certains à se suicider, a indiqué le conférencier.
En conclusion, le coordinateur Jean Doumbia dira que la solution à ce problème passe par la sensibilisation des citoyens sur l’importance du RAVEC, plus de rigueur des agents d’enrôlement, municipaux, qui permettent d’éviter les erreurs sur l’état civil ou du moins de les réduire drastiquement. Il propose aussi le détachement immédiat du NINA du passeport.
« La carte Nina ne doit plus faire partie de la liste des pièces à fournir pour l’obtention d’un passeport biométrique. Parce qu’il ressort de notre enquête que les deux systèmes, certes informatisés, mais ne sont intégrés l’un et l’autre. Autrement dit, la base des données NINA n’est pas connectée à la base des données du passeport, d’où on peut bel et bien faire le passeport biométrique sans avoir été enrôlé ou avec une carte NINA contenant les données biométriques de quelqu’un d’autre. Les 2 bases de données sont donc indépendantes les unes des autres » a –t-il fait savoir. Ce comité préconise la mise à disposition pour chaque malien d’une carte Nina qui lui permet de jouir pleinement de tous ses droits, notamment de vote.
Le mouvement prévoit d’autres sorties cela dans le plus grand respect des lois, si leurs préoccupations ne sont pas prises en compte par les autorités maliennes.
A signaler que d’autres membres de ce mouvement ont manifesté le même jour pour la même cause en France devant le Consulat du Mali à Paris, aux Etats Unis d’Amérique, plus précisément à New York, en Suisse, en Italie et en Espagne.