Que ce qui explique la surreprésentation des militaires dans les postes clés de la République ? Adam Dicko, la directrice exécutive de l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie nous livre son analyse.
Mali-Tribune : Quelle appréciation faites-vous des 100 jours de la Transition ?
Adam Dicko : C’est lent. Ça fait déjà plus de 3 mois alors que nous n’avons que 18 mois et jusqu’à présent nous sommes d’abord à l’étape de sous-bassement. La mise en place des organes de Transition qui devraient être quand même l’étape la plus facile, a été laborieuse.
Il n y a pas d’action concrète pour le moment. Le Programme d’action du gouvernement n’a pas encore été divulgué ni validé. Donc on ne peut pas dire que la mission proprement-dite de cette Transition a commencé.
Nous avons perdu trois mois.
Mali-Tribune : Le CNT est déjà en place, quelles sont vos impressions ?
A. D. : Comme je l’ai dit, le processus a été lent très lent. Ensuite, il y a eu une violation flagrante des décrets portant Procédures de nomination ou de sélection. Le travail qui est demandé, c’est un travail purement technique ce n’est pas un travail politique où il faut avoir toutes les corporations politiques, mais il était quand même nécessaire d’avoir une inclusion. Malheureusement, cela n’a pas été le cas et on s’est retrouvé avec un CNT exclusivement bamakois.
Il y a dans le CNT à côté de personnes dont personne ne peut contester le choix, d’autres dont on se demande même ce qu’elles peuvent apporter au CNT. L’absence des politiques est très marquante et donne à réfléchir.
Le M5 a décliné les 8 sièges à lui octroyés. Déjà on ne savait pas sur quelle base ces 8 avaient été arrêtés. Voyez ! Il y a beaucoup de questionnements. Mais, aujourd’hui, il faut aller au-delà.
Aujourd’hui, l’urgence est que ce CNT tout comme le gouvernement, tout comme le président de la Transition puissent arrêter le défilé de mode et agir parce que l’essentiel est en jeu.
Mali-Tribune : Pensez-vous les 121 membres du CNT peuvent relever le défi en matière de législation ?
A D.: Pour moi, ils doivent. Mais à la question est-ce qu’ils peuvent, je pense qu’on peut leur accorder le bénéfice du doute, les voir à l’œuvre même si on sait qu’on a plus le luxe de se permettre une autre erreur mais, on ose espérer qu’ils vont mettre la patrie devant.
Mali-Tribune : Qu’est ce qui explique cette surreprésentation des militaires aux postes clés de la République ?
A D. : Il y a un régime militaire qui est là. Malheureusement, les politiques dans les premières heures au lieu de condamner le coup d’Etat, certains l’ont applaudi. Donc ils ont conforté les militaires dans leur processus de prise de pouvoir et de bien s’installer. Si les politiques avaient fait front commun comme en 2012, on n’allait pas avoir ça.
Mali-Tribune : Juste après la formation du gouvernement Ouane les femmes ont battu le pavé pour dénoncer la violation de la loi 052 cette fois-ci est-ce que la loi a été respectée ?
A. D. : Je n’ai pas compté le nombre des femmes, mais oui. Au Mali, on a comme légitimé la violation de nos textes fondamentaux. Quand la loi 052 n’a pas été respectée dans la formation du gouvernement Ouane, pendant que des femmes manifestaient, elles n’ont eu aucun soutien des hommes. Le jour où on va arriver à une véritable autonomisation des femmes que les femmes vont occuper tous les postes de responsabilité ce jour-là les hommes vont comprendre qu’ils auraient dû se battre avec les femmes pour le respect de la loi 052 car elle n’est pas juste pour la promotion des femmes, mais la promotion du genre.
Mali-Tribune : Il y a une épidémie de grèves. Est-ce le bon moment ?
AD. : Il n’y a pas de période pour revendiquer ses droits. C’est au Gouvernement de la Transition de trouver les arguments. Déjà, son comportement a poussé beaucoup de couches à revendiquer.