En visite au Mali début décembre, le chef d’état-major des armées, François Lecointre, a confié au Monde vouloir « limiter le niveau d’engagement des armées ». Mais les forces de Bamako et du G5 Sahel ne sont pas encore en mesure de prendre le relais.
Le mercredi 11 Décembre 2019, le Général Lecointre, Chef d’état-major des Armées s’est rendu sur la base aérienne projetée de Niamey. Aprés un accueil sur le parking de la BAP, le CEMA s’est rendu à l’escadron drone pour une présentation de la BAP et de ses missions. La soirée s’est terminée par un discours suivi d’un mange debout au foyer de la BAP.
Il est des moments où il faut savoir se réjouir de peu, féliciter chaque pas comme un grand soir. Et en cette fin d’année, c’est à Hombori, une bourgade de terre ocre aux confins du désert du Gourma, située en pleine zone des « trois frontières » entre Mali, Niger et Burkina Faso, que le chef d’état-major des armées, François Lecointre, est venu se prêter à l’exercice. Et ce, alors que la France réfléchit de plus en plus sérieusement à amorcer une sortie pour ses 5 100 militaires engagés au Sahel, dans une guerre qui a pris en huit ans des allures de puits sans fond.
Ceux à qui s’adressent les encouragements du général en ce 10 décembre, dans le cadre d’une inspection de deux jours des troupes de l’opération « Barkhane », n’arborent rien d’autre que des uniformes vert réséda sans nom ni galons. Des treillis en toile rêche mal taillée, exhumés d’anciens stocks de l’armée française. Mais, en ce jour de visite officielle, ils portent beau. Ils ont entre 18 et 22 ans. Et, aux yeux des stratèges de « Barkhane », ils sont le nouveau visage de l’« élite » de l’armée malienne, telle qu’ils l’ambitionnent.
Avant d’être projetés ici, entre les ombres invisibles des djihadistes et celles des falaises de grès de cet ancien haut lieu des grimpeurs occidentaux, ces jeunes recrues sont pour la plupart passées par un « parcours type ». Elles ont d’abord eu droit à de la formation dispensée par l’UETM, une mission de l’Union européenne, créée en 2012. Elles ont ensuite été prises en main, début décembre, par des militaires français issus du 1er régiment de tirailleurs d’Epinal et de la 7e brigade blindée de Besançon. Objectif : les entraîner au combat rudimentaire en pick-up et à moto, afin de les associer à une opération d’envergure, début 2021.
Progrès précaires
Cette scène d’encouragements aurait dû avoir lieu plus tôt. La montée en puissance de l’armée malienne a toujours été considérée comme indispensable au succès des opérations françaises, depuis que Paris a envoyé ses troupes sauver l’Etat malien des assauts djihadistes. D’abord sous la bannière de « Serval » en 2013, puis sous celle de « Barkhane », à partir en 2014. Mais, depuis, les progrès sont précaires. « On a fait le tour du cadran, on doit désormais aller de l’avant. Un certain nombre d’échéances se profilent », considère le général Lecointre, que Le Monde a pu suivre durant sa septième tournée au Sahel en trois ans.