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Mise en œuvre de la Zecaf le 1er janvier 2021 : Le Mali en attente d’une stratégie nationale
Publié le lundi 21 decembre 2020  |  ar
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Janvier 2021 consacre l’entrée en vigueur de la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf). Cela va consister concrètement à l’ouverture des marchés intérieurs par les Etats africains ayant ratifié l’accord aux autres pays membres de l’Union africaine.
Après un report au 1er juillet 2020, en raison du Covid-19, la mise en application de la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf) est fixée à janvier 2021. A deux semaines de la date buttoir, des préalables sont nécessaires pour ne pas se « jeter dans l’inconnu ».

Il s’agit d’abord pour chaque Etat souverain, de jauger les contraintes et les opportunités d’un marché vaste de plus de 1,2 milliard de consommateurs. Pour y parvenir, chaque gouvernement doit se doter d’une stratégie nationale de mise en œuvre de la Zlecaf.

A ce jour, moins de dix pays de la sous-région disposent de leurs stratégies. Il s’agit de : de la Cote d’Ivoire, de la Gambie, du Niger, du Sénégal, de la Sierra Leone, du Togo. Les pays en en phase d’élaboration de leur stratégie sont le Burkina, le Bénin, la Guinée-Bissau.

Le Mali est parmi les premiers à ratifier l’accord sur la Zlecaf, marquant ainsi la volonté politique du gouvernement de soutenir l’intégration continentale comme objectif stratégique.

C’est pourquoi, le gouvernement s’active pour être à ce grand rendez-vous continental.

Le Mali, selon Boubcar Ballo, conseiller technique au département du Commerce, cité par notre confrère du journaldumali, « se prépare activement ». A ses dires, des travaux sont en cours pour l’élaboration de la stratégie nationale du Mali pour la mise en œuvre de la Zlecaf. Cette Stratégie attendue permet de déterminer les réformes à mettre en œuvre pour que notre pays de « tire pleinement profit de ses principaux atouts, mais aussi et surtout d’envisager des mesures pour atténuer les effets négatifs de la libéralisation des échanges sur l’économie nationale », a précisé M. Ballo à notre confrère.

Pour le conseiller technique, il n’y a pas de doute que sa mise en œuvre constitue un grand défi pour le Mali surtout pour les petites et moyennes entreprises/petites et moyennes industries (PME/PMI). Aussi, en avril 2019, un atelier national d’information sur l’Accord a été organisé à l’intention des services administratifs et secteurs privés maliens.

La rencontre avait permis aux participants d’avoir des informations sur l’accord et ses protocoles, à savoir le protocole sur le commerce des marchandises et celui sur le commerce des services.

Djibril Diallo





Entrée en vigueur de la Zlacaf le 1er janvier : Les opérateurs économiques maliens ne sont pas préparés

L’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale pour l’Afrique (ZLECAF) est prévue pour le 1er janvier. Au Mali, les opérateurs économiques ne semblent pas être préparés pour y faire face.

En 2018, les pays membres de l’Union africaine ont donné un sérieux coup de pouce à l’intégration commerciale et économique régionale en créant la Zone de libre-échange continentale pour l’Afrique (ZLecaf). Ils sont convenus de supprimer les droits de douane sur la plupart des marchandises, de libéraliser le commerce des principaux services, de s’attaquer aux obstacles non tarifaires freinant les échanges commerciaux intra régionaux, puis de créer un marché unique continental où la main-d’œuvre et les capitaux circuleront librement.

En prélude à cette date, les pays du continent s’activent pour ne pas ratés pour la première phase de l’Accord. Sous d’autres cieux, les operateurs économiques et les structures de l’Etat en charge du commerce et des industries, se sont préparés pour ne pas être surpris des conséquences que la Zlecaf peut occasionner.

Au moment où l’Afrique s’apprête à opérer cette mutation, au Mali, les opérateurs économiques ne semblent pas être préparés pour la raison simple qu’ils ne créent pas de richesse au Mali. Nos opérateurs économiques sont du genre a ne pas créer de richesses. « Alors qu’on a besoin d’operateurs économiques qui peuvent créer de la richesse, des emplois, qui s’acquittent des droits et taxes », affirme Soya Djigué, économiste.

A dires, les opérateurs économiques se font beaucoup d’argent à travers les marchés publics « parfois, ils aident aussi à transférer des fonds des fonctionnaires véreux en dehors du pays. Ils sont des contractuels de l’Etat, ils vivent aussi de l’Etat ».

Toutefois, malgré leur impréparation, en avril 2019, un atelier national d’information sur l’Accord a été organisé à l’intention des services administratifs et secteurs privés maliens.

La rencontre avait permis aux participants d’avoir des informations sur l’accord et ses protocoles, à savoir le protocole sur le commerce des marchandises et celui sur le commerce des services.

Ce qu’il faut surtout dire, les opérateurs économiques maliens pourront se racheter surtout que l’entrée en vigueur de la Zlecaf le 1er janvier prochain, n’est qu’une première étape.

A.S.





SOYA DJIGUE, économiste, spécialiste du développement : « Le Mali n’est pas prêt à tirer profit de la Zlecaf »

Pour Soya Djigué, économiste spécialiste du développement, le Mali a une faible industrie, et ne profitera pas des avantages de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), à moins qu’il ne développe son industrie et fasse la transformation de ses produits.

Selon la Communauté économique africaine (CEA), la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) s’étendra sur un marché d’1,2 milliard de personnes, représentant un produit intérieur brut (PIB) de 2.500 milliards de dollars dans l’ensemble des 55 Etats membres de l’Union africaine. Du point de vue du nombre des pays participants, l’étude a démontré qu’elle sera la plus grande zone de libre-échange au monde depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Avec des tarifs moyens de 6,1 %, les entreprises sont actuellement confrontées à des droits de douane plus élevés lorsqu’elles exportent en Afrique plutôt qu’en dehors du continent. La Zlecaf, selon Pierre Jacquemot, ancien ambassadeur, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) éliminera progressivement les droits de douane sur le commerce intra-africain. « Ce qui permettra aux entreprises africaines de négocier plus facilement sur le continent, de répondre aux demandes du marché africain en pleine croissance et de profiter des avantages offerts par ce dernier ».

A ses dires, la Zlecaf « pourra également s’avérer bénéfique pour les petites et moyennes entreprises en leur permettant d’alimenter en intrants les grandes entreprises régionales exportatrices. Par exemple, avant d’exporter des voitures à l’étranger, les grands constructeurs automobiles en Afrique du Sud s’approvisionnent en intrants dans le cadre du régime commercial préférentiel de l’Union douanière de l’Afrique australe, et achètent notamment le cuir des sièges au Botswana et les textiles au Lesotho ».

Economiste, spécialiste du développement, consultant malien, Soya Djigué confirme les propos de Pierre Jacquemot. Pour M. Djigué, l’entrée en vigueur imminente de la Zlecaf au 1er janvier 2021 devrait accélérer le relèvement du continent et renforcer sa résilience en stimulant le niveau des échanges de biens et de services intra-africains. Le hic est qu’il creusera davantage les inégalités entre pays africains. « La Zlecaf profitera aux pays industrialisés du continent.

A cet effet, les retombées ont pour noms : l’augmentation du taux actuel du commerce intra africain. De 16 à 53% et donc réduira la dépendance des pays africains du reste du monde de façon significative. Le taux de commerce en Union européenne est de 70%, l Asie a plus de 60%. Et Amérique du Nord a plus de 50%

Les pays africains sur la voie de l’industrialisation comme le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc et l’Ethiopie s’en sortiront mieux et seront davantage des champignons régionaux et même au niveau international. En sommes, la Zlecaf fera gagner en moyenne 2500 milliards par an à l’Afrique mais ne profiteront que les pays riches du continent.

Pour M. Djigué, Zlecaf ou pas, « nous ne pouvons compter que sur nous ». A ses dires, il faut des réformes structurelles de notre économie et une bonne gestion des deniers publics « Si on y prend pas garde, ce serait une chimère une fois de plus ».

Dans la sous région ouest africaine des pays comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Sénégal où les unités industrielles et de transformation connaissent une croissance, profiteront mieux de la Zlecaf à cause des échanges qu’ils feront entre eux. « Ce n’est pas sans risque aussi pour eux car l’Afrique du Sud, l’Egypte, l’Algérie et le Maroc essayeront pour tuer les industries de ces pays si les garde fous ne sont pas mis en place ».

Pour le cas du Mali, notre interlocuteur estime que le pays aura beaucoup affaire avec la Zlecaf. De ses explications, on retient que nous sommes plus un pays de consommation que d’exportation. Alors que la Zlecaf profite beaucoup aux pays qui transforment et qui exportent. « Les pays pauvres comme le Mali et les autres se retrouveront davantage acculés pour la simple raison que nous ne disposons pas d’une base solide pour industrialiser le pays et que nous ne détenons que toute sorte d’avantages comparatif dans le secteur de services ».

A en croire Soya Djigué, le Mali ne produit des biens différents susceptibles de générer un échange vertueux et à bon marché. Et d’ajouter que les chaînes de valeurs sont faiblement développées.

Afin que le Mali puisse être au rendez-vous de cet important projet panafricain, Soya Djigué propose de poursuivre l’amélioration de l’environnement des affaires, de développement des infrastructures, et de développement d’industries. L’enjeu c’est donc l’industrialisation, c’est à dire la transformation des matières premières.

La Zlecaf a vocation à accélérer la transformation des économies africaines et à rendre le continent prospère, stable et pacifique.

Amadou Sidibé
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