Invité à prendre part à l’investiture d’Alassane Dramane Ouattara, le Président de la République de Côte d’ Ivoire fraichement réélu, le président de la Transition au Mali, Bah N’Daw, s’est parallèlement entretenu avec plusieurs ressortissants Maliens à Abidjan. Il en a profité pour répondre à certaines interrogations suite à sa disparition des radars et n’a pas boudé son plaisir d’aborder la grogne sociale avec des flèches en direction des grévistes. En effet, devant quelques dizaines de Malien de Cote d’Ivoire, le Président de la Transition, à coups d’aphorisme à la forme interrogative, a laissé entendre qu’on ne peut jouir de toutes ses facultés mentales et parler de grève à fortiori l’observer dans situation actuelle du Mali. À propos de sa réputation de potentiel démissionnaire, Bah N’Daw s’en est ironiquement pris à ses détracteurs en promettant de déjouer leurs attentes et en écartant toute intention de rendre le tablier. «Je ne démissionnerai pas cette fois-ci », a-t-il martelé. Sur sa gestion, il a laissé entendre qu’à la différence des politiciens il est un civilo-militaire qui fait ce qu’il dit. «Je juge les hommes en fonction de leur tâche. Si tu n’accomplis pas bien ta tâche, je te demande de partir. C’est ce qu’on m’a appris», a-t-il prévenu.
Seulement voilà : la sortie du chef de l’Etat a été ressentie dans les rangs de l’UNTM comme une intimidation digne d’une suspension des négociations enclenchées avec le gouvernement pour trouver une issue à la grève en cours. L’Untm a également prévenu de ses intentions d’œuvrer main dans la main avec des partis politiques contre le pouvoir central. «Si éventuellement demain nous devons aller avec d’autres personnes, parce que nous sommes sollicités, nous allons accepter et l’on va faire un mouvement commun», a réagi Yacouba Katilé, en qualifiant au passage les propos de Ba N’Daw de menace pour le syndicalisme. Et de rappeler que la grève est un droit à la fois constitutionnelle et garantie par les conventions internationales auxquelles le Mali a souscrit.
Même son de cloche du côté des syndicats des administrateurs civils en grève illimitée depuis bientôt un mois. Quelques heures seulement après la sortie tonitruante de Bah N’Daw devant ses concitoyens de Côte d’Ivoire, les administrateurs ont apporté la réplique, à travers un communiqué où les propos du président de la Transition sont qualifiés d’insultants, discourtois et menaçants. Cette sortie, à leurs yeux, est humiliante et hallucinante pour le Mali. Et laisser entendre que son attitude justifie les inquiétudes de certains observateurs avisés selon lesquels un privilège obtenu sans effort ne peut être porteur de respect, de travail et de résultat, ont-il ajouté. «Aucune insulte, aucune menace, aucun chantage ne saurait nous ébranler et nous dévier de notre combat pour plus de sécurité dans notre travail, plus de justice et d’équité et pour plus de respect à notre corporation», ont-ils martelé avant de rappeler au chef de l’Etat que l’exercice de la magistrature suprême d’un pays commande de la lucidité, de la retenue, du respect envers ses concitoyens.