Le Jeudi, 17 décembre 2020, Vladimir Poutine a répondu aux questions des journalistes russes et étrangers lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin d’année. En raison du contexte particulier de pandémie de Covid-19, le président russe s'est livré à cet exercice en visio-conférence.
Covid oblige, la conférence de presse de Vladimir Poutine a eu lieu cette année en visioconférence, et le nombre d'accréditations délivrées a été divisé par deux afin de respecter la règle sanitaire de distanciation physique entre les journalistes.
En commençant son allocution, Poutine affirme que 2020 a été «un océan de problèmes dans le monde entier», mais que la Russie a su «répondre à ces défis mieux que d'autres pays». Il se dit fier de la «stabilité de l'économie, des systèmes sociaux et des systèmes de santé». Le PIB russe a diminué de 3,6% cette année, soit moins que dans la plupart des pays européens et qu'aux Etats-Unis.
Concernant l'économie russe, Vladimir Poutine affirme que «ceux qui pensent que la Russie n'est qu'une station service se trompent». Le président russe affirme que, pendant l'épidémie de Covid-19, la solidarité et l'identité russe ont été préservées. «Nous avons construit une quarantaine de centres hospitaliers [...] ce qui montre notre promptitude à réagir», déclare Vladimir Poutine, ajoutant que «la production de masques a été multipliée par 20».
«Nous sommes l'un des trois leaders mondiaux en matière de tests [...], la Russie a été le premier pays du monde à avoir commencé à produire un vaccin contre le Covid-19», poursuit le président russe, ajoutant que l'entreprise anglo-suédoise AstraZeneca était prête à travailler avec la Russie.
Au sujet des élections parlementaires de 2021, Vladimir Poutine déclare que le parlement fédéral russe a reçu plus de pouvoirs avec la récente réforme constitutionnelle, en particulier pour ce qui est de la formation du gouvernement.
Le président russe appelle chacun à être attentif aux recommandations des spécialistes disant que les vaccins contre le Covid-19 sont destinés à une certaine catégorie d'âge, raison pour laquelle il dit ne pas encore s'être fait vacciner. Il affirme être favorable à une vaccination de masse, qui nécessite cependant une augmentation de la production nationale. «J'écoute les recommandations de nos spécialistes et donc, pour le moment, comme le recommandent les experts, je ne l'ai pas fait, mais je le ferai absolument dès que cela sera possible», a expliqué le chef d'Etat.
Vladimir Poutine déplore que les Etats-Unis n'aient pas autorisé la présence d'observateurs internationaux lors de leur élection présidentielle, «contrairement à ce qui se passe en Russie».
Le président russe commente la baisse des revenus et l'augmentation de la pauvreté liée au Covid. Il rappelle que 29% de la population russe vivait sous le seuil de pauvreté en l'an 2000, un chiffre qui est descendu à 12,3% en 2017 et qui est actuellement de 13,5%, ce qui représente environ 20 millions de personne. Vladimir Poutine a fait valoir qu'un plan d'action ayant pour objectif que moins 6,5% de la population soit sous le seuil de pauvreté vers 2030 avait été mis en place.
Alors qu'on lui demandait pourquoi des pirates informatiques russes n'avaient pas aidé à la réélection de Donald Trump, Vladimir Poutine a affirmé que la thèse à laquelle il était fait référence ici, avait été une provocation destinée à nuire aux relations entre les deux pays. Le chef d'Etat a martelé que la Russie n'était pas intervenue «dans les élections de cette grande puissance». En outre, Vladimir Poutine espère que le futur président américain Joe Biden comprendra ce qui se place «au plan interne et international».
Au sujet de l'Ukraine, le président russe affirme que la Russie va intensifier son soutien au Donbass en ce qui concerne l'industrie, les infrastructures, et les problématiques sociales.
Concernant la modification de la Constitution russe votée pendant l'été : Vladimir Poutine a fait valoir que les garanties sociales (telles que l'indexation des retraites), la prééminence du droit constitutionnel russe sur les traités internationaux, ou l'intangibilité du territoire russe, ne pouvaient être assurées lors de l'instauration de la Constitution en 1993. Le président russe en a profité pour rappeler que son pays possédait désormais «une des armées les plus efficaces du monde».
Vladimir Poutine déclare vouloir développer les infrastructures dans tout le pays, afin par exemple d'encourager les 32 millions de touristes russes qui partent chaque année à l'étranger à passer leurs vacances dans leur pays.
Tout en affirmant ne pas avoir de préférence pour un partenaire international spécifique, Vladimir Poutine déclare avoir de très bonnes relations de travail mais aussi personnelles avec son homologue chinois Xi Jinping. Il dit également avoir de bonnes relations avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, un homme «prévisible» et «qui tient parole».
Le président russe espère que la construction du gazoduc Nord Stream 2 sera achevée, ce projet étant «profitable pour l'économie de l'Europe dans son ensemble, et pour l'Allemagne en particulier», faisant référence au gaz liquéfié américain, 20% plus cher que le gaz russe.
Vladimir Poutine affirme ne pas savoir s'il se présentera à la prochaine élection présidentielle, mais précise que si la stabilité du pays était en jeu et que le peuple le souhaitait, la réponse serait oui.
Au sujet de la situation en Biélorussie, Vladimir Poutine déclare que le président Alexandre Loukachenko a lui-même initié des réformes constitutionnelles et que la seule chose que souhaite la Russie est «que tout se passe sans influence externe». «Ce qui vient de l'étranger ne marche jamais [...] Tout ce qui est exogène fonctionne comme une charge explosive» insiste le président russe.
Le président russe affirme que «sans fonctionnement normal des médias, il n'y a pas de société civile».
«Où est la frontière avec la liberté d'expression ?», demande un journaliste de RT concernant les caricatures de Mahomet et ses conséquences. «Dans toutes les religions, il n'y a pas de référence à une agression, qu'il s'agisse du christianisme ou de l'islam. La défense des droits ne doit pas justifier une réponse agressive. Cet esprit de vengeance est extérieur à toutes ces grandes religions. Le seigneur donne la vie, le seigneur la reprend. Mais ceux qui offensent les sentiments des croyants doivent garder à l'esprit qu'il y aura une réaction», répond le président russe. «Quelle est notre attitude en Russie et que faisons-nous pour éviter une telle situation ? La Russie dans son origine est pluri-confessionnelle. Il y a une culture de dialogue et de respect entre les différentes religions.», poursuit-il.
Interrogé sur les sanctions américaines visant le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, Vladimir Poutine a rappelé que «c'est l'ensemble de la Russie qui est visée et pas seulement lui». Il a estimé que Kadyrov ne défendait pas seulement les intérêts de la Tchétchénie mais de la Russie. «C'est la raison pour laquelle il figure parmi les cibles de nos adversaires à l'étranger», a ajouté le président russe.
Interrogé sur la position de la Russie concernant l'affaire Navalny, Vladimir Poutine répond : «J'ai déjà parlé de la tentative d'assassinat de notre célèbre blogueur. Je ne peux qu'ajouter ce qui a été répété à maintes reprises : nous sommes prêts à enquêter, si quelqu'un a des informations selon lesquelles des armes chimiques ont été utilisées, nous vous demandons de nous donner ces informations, s'il vous plaît. Nous avons proposé à nos spécialistes de se rendre sur site et en Allemagne, en Suède et en France. Et, avec des collègues sur place, de traiter ce problème. Ou nous vous demandons de venir chez nous, d'apporter du matériel biologique et au moins de nous donner une conclusion officielle.»
Vladimir Poutine estime que la Tchétchénie «se développe malgré les blessures des années 1990». «Elle se développe rapidement sous l'autorité de la nouvelle et jeune équipe gouvernante. Je connais assez bien Ramzan Kadyrov et je sais qu'il est complètement dévoué à la Tchétchénie et à la Russie», a ajouté le président russe.
Concernant le traité de limitation des armes stratégiques (FNI), le président Vladimir Poutine a rappelé qu'il ne serait plus effectif à partir de février, mais a assuré que la Russie était prête à poursuivre le dialogue sur ce sujet. «J'ai cru comprendre que le président américain élu Joe Biden était prêt à poursuivre le dialogue pour maintenir ce document fondamental, mais faute de cela, il y aura une poursuite de la course aux armements qui a lieu actuellement», a développé Vladimir Poutine.
Le président russe affirme que «sans fonctionnement normal des médias, il n'y a pas de démocratie».
Vladimir Poutine soutient son initiative pour que les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU puissent se réunir pour discuter par exemple du désarmement – comme le souhaite Emmanuel Macron – d'écologie, de lutte contre le terrorisme, ou d'intolérance religieuse.
Alors que la conférence touche à sa fin, Vladimir Poutine affirme que le potentiel de la Russie est «incomparable» par rapport à celui qu'elle avait dans les années 90 et au début des années 2000.