La mort de trois soldats engagés dans l’opération « Barkhane » au Sahel endeuille à nouveau la Grande muette. Les sénateurs de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées pressent le gouvernement pour trouver les moyens politiques de sortir de cette opération.
« C’est toujours un choc considérable », réagi l’ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, suite aux décès de trois soldats français au Mali, lundi 28 décembre. Le brigadier-chef Tanerii Mauri et les chasseurs de 1re classe Quentin Pauchet et Dorian Issakhanian, qui appartenaient au 1er régiment de chasseurs de Thierville-sur-Meuse (Meuse), ont été victimes d’une bombe artisanale.
Ces trois soldats âgés de 21, 23 et 28 ans étaient déployés pour la première fois au Sahel depuis la mi-novembre. Leur décès porte le bilan des soldats morts dans cette opération à huit en 2020, et à 47 depuis le début de l’engagement des armées françaises au Mali en 2013.
Un débat public au Sénat le 9 février
Christian Cambon, président de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, condamne un acte « lâche ». Au-delà de l’émotion, le sénateur (LR), annonce qu’il a obtenu du président du Sénat l’organisation d’un débat public qui se tiendra le 9 février au Sénat « pour aborder le fond du sujet concernant le bilan de l’opération, la stratégie militaire et la solution politique ».
« On ne peut continuer à exposer la vie de nos soldats. Il faut trouver une solution politique de réconciliation nationale et trouver les moyens de sortir de cette opération », tance Christian Cambon. « Je ne pense pas que l’armée française ait vocation à se substituer à un État failli », abonde de façon plus directe le sénateur LR de la Meuse, Gérard Longuet.
Le coût est réel et élevé mais il est à la hauteur d’une grande armée et de ses objectifs : empêcher l’émergence d’un État islamique au Sahel
« Force est de constater que depuis 2013 on tourne en rond et on n’a pas le sentiment qu’il y ait des perspectives politiques », renchérit Gérard Longuet. Le coup d’État conduisant à la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 a détérioré un peu plus la situation politique au Mali. Depuis septembre, c’est le président par intérim Bah N’Daw qui assure la présidence de la République.
Si les sénateurs appellent à sortir au plus vite de cette opération, ils pointent aussi les dangers d’un retrait mal préparé. « Que se passerait-il si la France se retirait ? On retournerait au scénario de 2013 », soutient Gérard Longuet regrettant le manque d’implication « de grands partenaires », comme l’Algérie.
Pour rappel, la France avait lancé l’opération Serval destinée à enrayer l’avancée de groupes djihadistes vers la capitale, Bamako. « Le coût est réel et élevé mais il est à la hauteur d’une grande armée et de ses objectifs : empêcher l’émergence d’un État islamique au Sahel », conclut l’ancien ministre.