‘’N’té KorolenFè, Fô Koura’’ (je n’aime pas l’ancien, je préfère le nouveau). C’était le célèbre slogan des démocrates maliens préparés pour instaurer la démocratie au Mali, après la chute de Moussa Traoré.
Le peuple était déterminé à découvrir ce qu’était un régime démocratique. Le régime de Moussa Traoré l’avait fait subir 23 années de dictature. Moussa Traoré était parti et tous les problèmes ont été oubliés. 29 ans après, les démocrates ont réussi à forger des groupes d’hommes et de femmes, qui avaient pour mission de s’enrichir et disloquer toutes les forces productives et les capacités de se réinventer en s’attaquant à l’armée, à l’école, à la santé, la formation professionnelle et techniques pour maintenir la production à un niveau lamentable et fabriquer des masses désœuvrées et désolées.
29 ans après, le Mali est devenu un terrain chaotique aux mille problèmes. L’histoire a semblé se répéter et encore avec plus de dégâts, au point de fissurer la nation à une organisation de délinquance financière et la fuite des capitaux par la multiplication de nouveaux riches sans compétence ni qualification. Ces mêmes organisations mafieuses qui chantent sur tous les toits qu’ils sont démocrates républicains, font et défont un système devenu obsolète et sans issue. Des années de tâtonnement, des erreurs et des fautes accumulées les unes sur les autres au nom du favoritisme, de l’opportunisme et du clientélisme dans toutes les sphères administratives.
Aujourd’hui, nous semblons chasser le dernier homme de l’histoire, sans savoir quoi faire. Les mêmes refrains ont été repris par les mêmes acteurs qui ont noyé l’État pour être scandés par les mêmes masses déboussolées et victimes d’une histoire tragique et de largage, le tout sous couvert de banditisme, de mensonges et de trahison. 29 ans après, nous parlons toujours de Mali koura, le Mali de demain, un nouveau Mali et croyant toujours qu’il est bien possible de faire du neuf avec du vieux. 29 ans après, nous croyons toujours qu’il est inutile de poser un vrai diagnostic des problèmes pour espérer s’ouvrir sur des solutions pérennes et s’acheminer vers une refondation réelle. Le Mali de demain peut-être rêvé, pensé ou même faire des conférences nationales 365 jours sur l’année sans aboutir à quoique ce soit. Les symptômes sont visibles, mais nous semblons être atteints d’une myopie collective et l’incapacité de faire face et assumer nos responsabilités. Tant que nous croyons que les solutions viendront de ces bandits chevronnés, les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Mais, nous pouvons toujours continuer à essayer et fermant nos yeux sur le mal. Peut-être que les prochaines générations diront que le problème se porte sur le nom même du Mali, parce que personne n’est responsable de tout ce chaos si ce n’est le Mali sans les maliens.