L'année a commencé par des attentats terroristes ciblant des soldats et des civils maliens, notamment dans le nord du pays, mais aussi par des affrontements intercommunautaires, en plus de l'apparition du covid-19, en mars.
Malgré tout, les élections législatives, retardées plusieurs fois au cours des années précédentes, ont été organisées au mois de mars. Elle seront, toutefois, perturbées par l'enlèvement de Soumaïla Cissé, président du parti d'opposition, Union pour la République et la démocratie. Plusieurs chef de bureaux de vote seront également enlevés.
Au mois de mai, lorsque les résultats du deuxième tour des élections sont annoncés des manifestations éclatent à Bamako, capitale du pays.
Des électeurs s'étaient insurgés contre l'attribution de sièges supplémentaires au parti au pouvoir, le Rassemblement pour le Mali (RPM), par rapport aux résultats provisoires. Une dizaine de sièges en tout ont été raflés par le RPM.
A Sikasso, grande ville du sud du pays, un important rassemblement a été tenu par des Maliens en colère. Des marches de protestation sont signalées dans les villes de Kati, à 15 kilomètres au nord de Bamako, à Sévaré (centre du pays) et à Kayes (ouest).
Les manifestations contestant les résultats des élections se transforment en mouvement réclamant le départ du président malien également chef de file du parti au pouvoir, RPM.
Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le pouvoir a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012.
Face à cette situation de crise, les membres de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) proposent, le 27 juillet, une solution consistant à la mise en place rapide d'un gouvernement d'union nationale et à la tenue d'élections législatives partielles.
Quinze chef d'Etats membres de la Cédéao ont décidé de mettre au point un régime de sanctions contre ceux qui feront obstacle à cette solution. Le président malien a annoncé, quelques heures plus tard, qu'il acceptait cette proposition, faisant part de son intention de mettre en place un gouvernement de six membres autour du Premier ministre, Boubou Cissé et de lui confier la mission de négocier la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Le 10 août dernier, Boubacar Keïta supervise l’installation de neuf nouveaux membres de la Cour constitutionnelle, entité en charge de valider les élections, un geste à travers lequel, le président malien souhaitait calmer les contestataires.
Une semaine plus tard, le 18 août, des officiers de l’armée renversent Keïta. Le coup d’Etat démarre du camp militaire Soundiata-Keïta, dans la région de Kati. Le jour même, les militaires arrêtent le président après 7 années passées au pouvoir. Il sera libéré une dizaine de jours plus tard et placé en résidence surveillée.
L'accord d'Alger toujours d'actualité
Au lendemain de ces événements, l'Algérie a réagi officiellement exprimant son refus de tout changement en dehors du cadre constitutionnel.
"L'Algérie suit de près la situation délicate au Mali et aspire à un retour rapide à l'ordre constitutionnel à travers une période de transition consensuelle consacrant la volonté du peuple malien", avait indiqué le président, Abdelmadjid Tebboune quelques semaines plus tard.
"Mon pays reste convaincu que l'Accord de paix et de réconciliation nationale, issu du processus d'Alger, demeure le cadre idoine pour relever les défis de la gouvernance politique et du développement économique dans ce pays frère, avec un accompagnement sage et sincère de la communauté internationale", avait-il également soutenu.
L'accord en question a été signé, après une médiation algérienne, par la République du Mali et la Coordination du mouvement Azawad, une alliance de groupes rebelles maliens.
Les acteurs politiques et militaires au Mali ont décidé dans leur charte de transition, adoptée en septembre, de respecter les termes de l'accord d'Alger qui conserve sa place centrale dans le dénouement de la crise malienne . La Transition s’est engagé à renouveler la dynamique de sa mise en œuvre afin de soutenir la paix ce pays sahélien et dans la sous-région.
La Cédéao a décidé d'imposer des sanctions économiques et commerciales au Mali (fermeture des frontières, embargo sur les échanges financiers et commerciaux) exigeant la désignation d'un président civil de transition au plus tard au 15 septembre sous peine de maintenir le blocus.
Début octobre, un gouvernement de transition composé de 25 membres est mis en place avec comme Premier ministre, le diplomate Moctar Ouane.
Les membres du gouvernement disposent d'un délai de 18 mois pour assurer la transition. Après cette annonce, la Cédéao fait part, le 6 octobre, de sa décision de lever les sanctions décidées contre le Mali.
Au mois de novembre de nouvelles manifestations éclatent, menées principalement par le Mouvement dit du 5-Juin (formé d'activistes politiques, de leaders religieux et d'acteurs de la société civile), le même mouvement qui a coordonné les actions de contestation engagées contre le président déchu.
Les participants aux manifestations de novembre ont dénoncé "l'ascendant des militaires" sur la transition, exigeant de remettre le pouvoir à de vrais civils.
Le 5 décembre courant, un Conseil national de transition est mis en place. Composé de 121 membres, cet organe aux fonctions législatives devra s’assurer de créer les conditions d’un retour à la normale au Mali.
La lutte contre les groupes terroristes au nord, une présence de plus en plus décriée des troupes françaises, présentes au Mali, sont d’autres préoccupations qui accompagneront les Maliens au cours des mois à venir.