Comme cadeau du nouvel an, nous proposons une série de quatre articles sous le grand chapeau de «Du F CFA à l’éco : la France ne répond qu’à une demande !!! ». Ainsi, dans un premier article intitulé : « Le F CFA : Le pari périlleux des députés venus au secours du gouvernement français dans son pré carré », nous analysons une partie de cette récente sortie médiatique des députés français venus au secours de leur gouvernement qui, selon le Sénat français, aurait déjà perdu la bataille de la communication sur le F CFA, suivi du deuxième portant sur « la découverte de la monnaie comme instrument de justice dans la société », qui établit les faiblesses du dispositif de cette coopération monétaire de la France avec les pays africains, puis du troisième sur l’analyse institutionnelle du dispositif de la coopération monétaire des pays africains qui, propose un renforcement du dispositif institutionnel de cette coopération avec la France et enfin le quatrième article « Un Parlement français qui travaille, face à une Afrique qui attend tout » qui passe en revue les derniers points médiatiques du Député LREM qui travaille alors que ses homologues en Afrique dorment.
1er article
F CFA : Le pari périlleux des députés venus au secours du gouvernement français dans son pré carré
Nous allons montrer que les députés français auront pris un pari périlleux en voulant venir au secours d’un gouvernement très peu défendable, quand on connait le mépris condescendant qu’il nourrit vis-à-vis des pays africains. Cependant, leurs interventions pourraient être une occasion qui leur permettra de mieux comprendre les agissements de leur gouvernement à l’étranger, afin d’envisager très sérieusement de mieux encadrer désormais ses agissements en conformité avec la défense d’une image que le peuple français serait en droit d’exiger d’un gouvernement admiratif des pratiques coloniales et racistes de leurs devanciers du moyen-âge.
I. Problématique
La France vient de ratifier l’accord de coopération monétaire conclu il y a un an, le 21 décembre 2019, par Paris et les États de l’Union monétaire ouest-africaine. Cet accord acte la transformation du franc CFA, qui deviendra l’éco en maintenant la parité fixe avec l’euro. Cela signifie-t-il que la France continue de garantir la parité fixe entre l’éco, la nouvelle monnaie ouest-africaine, et l’euro ?
La question mérite d’être posée quand, à cette réponse, le député LREM Jean-François Mbaye, rapporteur de ce projet de loi de ratification, annonce : « je dois dire que la France n’a fait que répondre à une demande qui lui est faite de garantir la convertibilité du franc CFA en euro, y compris même en cas de dépréciation de la devise européenne. Donc, c’est évidemment avec ce nouveau changement, une responsabilité financière énorme que la France va endosser, sachant encore une fois que le taux de réserve, entre les réserves ne sera plus sur le compte d’opérations du Trésor public français. »
Or, nous savons, selon le rapport récent du sénat paru en 2020, que « les accords de coopération monétaire trouvent leur pendant budgétaire en France dans un compte de concours financiers non doté en crédits » et que selon Victorin Lurel, rapporteur, « en 1994, la France avait une alternative : soit payer, soit dévaluer le F CFA. On a choisi de dévaluer, mais sans réformer l’ensemble, ce qui n’était pas une bonne chose ».
En considérant inchangés les dispositifs de l’avant et de l’après cette ratification, la même cause provoquant les mêmes effets, la garantie de la convertibilité du franc CFA en euro par la France ne reste-t-elle pas figée dans la stratégie habituelle du fait accompli ?
En effet, au lieu de faire valoir les termes d’un accord en bonne et due forme en activant son engagement de se substituer aux pays africains en cas de défaillance de leur part, la France évoque l’alternative, qui est, soit de payer, soit de dévaluer le F CFA ; un choix d’autant facile que la France s’attribue de fait un « bonus » au lieu de se voir imposer « un malus » du fait de son renoncement à respecter son engagement contractuel, et cela d’autant plus facilement quand on sait que désormais, elle ne devra plus bénéficier de ces pays africains le dépôt de plus de 50 % de leurs devises, qui, du point de vue du Sénat français, servait de contrepartie à la garantie octroyée par la France et non pas de taxes.
II. L’idée de garantir la convertibilité du franc CFA en euro est-elle toujours exacte ?
De plus, l’idée de garantir la convertibilité du franc CFA en euro est-elle toujours exacte, si, comme l’indique le Député, des correctifs devraient être envisagés en cas d’un affaiblissement de l’euro sur les marchés ? En effet, cela n’ôterait-il pas en même temps l’accord du caractère de fixité entre l’éco et l’euro, celui-ci cessant d’être en réalité le support de cet éco ?
En effet, comme l’annonce le député LREM Jean-François Mbaye, rapporteur de ce projet de loi de ratification «je dois dire que la France n’a fait que répondre à une demande qui est faite de garantir la convertibilité du franc CFA en euro, y compris même en cas de dépréciation de la devise européenne. Donc, c’est évidemment avec ce nouveau changement, une responsabilité financière énorme que la France va endosser, sachant encore une fois que le taux de réserve, entre les réserves ne sera plus sur le compte d’opérations du Trésor public français. »
Cependant, procédant ainsi, le Député croit trouver un moyen pour gonfler l’engagement financier que sa France n’aura jamais honoré par le passé, une autre façon de confirmer l’ambiguïté française par l’annonce tapageuse d’une promesse d’engagement financier toujours renforcée, mais jamais respectée, un peu comme pour dire que les africains ne vivent que de promesse, synonyme de naïveté…
Par ailleurs, si la France doit payer en cas d’affaiblissement de l’euro, qu’en serait-il en cas d’appréciation de l’euro ? Le Député semble muet sur cet aspect, tout comme son pays d’ailleurs qui préfère chaque fois minimiser la portée quand elle doit encaisser des ressources, ou carrément les dissimuler totalement, ainsi que nous allons l’établir clairement dans la suite des présents travaux.
III. Une tranquillité qui déroge avec les réalités historiques
Avec une telle déclaration tranquille derrière le micro d’une radio internationale de propagande, on est bien loin de ces moments historiques, lorsque les conséquences de la grave décision du 11 janvier 1994 étaient fraichement rapportées devant le Sénat par la question écrite n° 05183 paru dans le JO Sénat du 10/03/1994, page 520, quand «M. Roland Bernard attirait l’attention du ministre de la Coopération sur les affrontements de rue à Dakar qui ont coûté la vie à plusieurs personnes ; ces événements étant la conséquence directe de la dévaluation du franc CFA réalisée avec le soutien de la France. Ces troubles graves risquent de se répéter et de se multiplier dans l’ensemble des pays africains liés historiquement à la France».
Encore, ce micro semble bien loin de ces témoignages poignants de Géraldine Faes, journaliste, Jeune Afrique, Paris, ce 11 janvier 1994, lorsqu’il rapporte lorsque, qu’en bas, « dans le hall gigantesque du Palace sénégalais, les chefs d’Etat africains fuyaient une presse déchaînée qui, exaspérée par deux jours de vaine attente dans les couloirs, les assaille sans ménagements : “Alors, vous avez finalement cédé ? Que s’est-il passé ? Ne pouviez-vous pas éviter cette catastrophe ? ».
IV. Si le Trésor français n’est pas demandeur, qu’en est-il donc des pays africains ?
Oui, les esprits ont oublié, que ce jour du 11 janvier 1994, comme le décrit le journaliste qu’après «dix-sept heures d’un huis clos éprouvant, Paul Biya, Abdou Diouf, Omar Bongo et les autres n’ont visiblement [eu] aucune envie de commenter ce que les Africains de la Zone franc appelleront désormais, à tort ou à raison, “le lâchage français”». Ce témoignage, qui était prévisible, ne semblait être que la confirmation d’un scénario présenté par Stephen Smith, “Franc CFA : le scénario de la dévaluation», dans Libération, 25 septembre 1993, lorsqu’il montre que «[ ] depuis des mois, suit l’interminable feuilleton de cette dévaluation-arlésienne : celui d’une décision arrachée aux forceps, à grands coups de chantages et de menaces, par des institutions internationales décidées coûte que coûte à mettre en œuvre la dernière potion magique économique élaborée pour une Afrique en perdition, sans son accord et sans même que son avis soit requis».
V. Un double langage dans lequel se plait bien Paris !!
Oui le «lâchage français», le mot est lâché, ce double jeu dans lequel excelle la France ; ce jeu où promesse et volte-face semblent synonymes, un peu comme la lutte contre le terrorisme qui produit une extension de ce mal, s’il en était bien un, comme actuellement au Mali, ou encore lorsque l’appui à la sécurisation de ce pays se traduit par le regroupement, l’organisation et le renforcement des terroristes amis de la France à Kidal à l’exclusion de l’armée malienne.
La liste des doubles jeux de la France est infinie, quand on en juge avec la protection d’un pré carré qui aura été assurée à coup d’assassinats, dont le plus spectaculaire reste celui de Kadhafi en Libye, qui se seraient déroulés, en suivant le Député LREM, en dehors de toute initiative française et tout simplement comme la réponse que ma France aura donnée à une demande de services émanant des pays du pré carré, tout comme cette France n’aura remplacé le F CFA par l’éco lié à l’euro par une parité fixe, qu’à la demande de ces pays.
De plus, les populations de ces pays n’auront certainement pas oublié ce récent anniversaire douloureux de la tuerie de Thiaroye (au Sénégal), une de ces pratiques méprisantes de la France vis-à-vis de ces populations de son pré carré, un autre fait historique de haute portée qui n’aura apparu au Député LREM qu’une simple réponse de la France, elle qui n’aura jamais rien demandé à ces pays, quand elle n’aura d’ailleurs fait que répondre simplement à leur demande, croyant pourvoir ainsi mettre le cosmétique au service du faux. Le sentiment anti-français en Afrique, fustigé récemment par les autorités françaises, n’est pas simplement un mouvement d’humeur, mais des griefs réels sur lesquels la France doit s’interroger, pour savoir si vraiment elle a commencé à comprendre que ces Africains sont des êtres humains comme tous les autres ou encore si elle doit continuer son déni de la réalité.
VI. Un changement de l’écu au F CFA puis du F CFA à l’éco qui ne changent rien
Aujourd’hui, personne n’est sans savoir que l’écu, la seconde monnaie du Roi de France qui a fonctionné au moyen-âge sur plus de 400 ans, était manipulé à la baisse par le Roi pour exproprier ses sujets en encaissant un butin dénommé droits de seigneuriage, que la révolution française aura bien fait d’abolir par le décret du 18 Germinal An III (7 avril 1795). Ce décret aura permis ainsi à la France de se doter, pour la première fois, et la seule, d’un système économique doté d’une monnaie unique, en remplacement d’un système monétaire fondé sur deux monnaies, que constituaient la Livre Tournois et l’Ecu.
En effet, en créant en 1945 le F CFA sur le même modèle que l’Ecu, la France est revenue dans le jeu favori auquel s’adonnaient les Rois, la diminution de l’écu pour exproprier les populations qui en sont utilisatrices. Les souvenirs de cette dernière pratique monétaire, largement en vigueur au moyen-âge français, sont encore présents dans les livres d’histoire en termes de bouleversements des prix et de révoltes populaires sévèrement réprimées. Ainsi, il faudrait donc s’attendre à retrouver dans les pays utilisateurs du F CFA la reproduction de ces mêmes bouleversements des prix et la répression sévère des révoltes populaires, les mêmes causes provoquant les mêmes effets. Ce n’est donc pas un fait du hasard, qu’à la suite de cette dévaluation du F CFA en 1994, les évènements douloureux de la période médiévale se sont trouvés reproduits exactement dans les rues dans les grandes villes des pays utilisateurs du F CFA et qui auront coûté la vie à plusieurs personnes.
Nous avons expliqué, à cet égard, l’importance du décret du 18 Germinal An III (7 avril 1795) qui aura permis à la République française de nouer avec le système de monnaie unique dans l’économie, et d’être épargnée de ces révoltes populaires, en ayant supprimé la diminution de l’écu, la rendant tout simplement impossible en bannissant l’écu, la monnaie qui était régulièrement amputée de sa valeur, comme l’est désormais le F CFA, sa reproduction exacte dans les colonies, puis dans les pays africains qui en sont utilisateurs.
Ainsi, par ce décret, la monnaie qui servait de référence à l’écu, une monnaie invisible dénommée Livre Tournois a été remplacée par le franc, une pièce d’or qui existait, mais sans jouer aucun rôle monétaire. Ce franc, qui a été doté de son dixième, appelé décime, et de son centième, appelé centime, a été la seule unité monétaire de la France à l’exclusion de toute autre unité, jusqu’à la création en 1945 du F CFA, qui aura désormais mis fin à l’expérience de la monnaie unique française, sa seconde monnaie, à l’image des Rois, étant le F CFA, créé en violation du décret de indiqué ci-dessus, mais intentionnellement placées dans les colonies et utilisé dans les pays indépendants qui seront issus de ces colonies.
Aussi, était-il devenu désormais possible pour la France de pratiquer la diminution du F CFA, comme au temps des Rois, dans les colonies et plus tard dans les territoires où cette monnaie aurait cours après les indépendances, continuant ainsi à exproprier à leur insu leurs populations de leurs ressources monétaires, ainsi que ces pays africains en ont subi la pire expérience en 1994 et tel qu’ils sont prédisposés à subir cette humiliation avec l’éco, cette situation d’expropriation ne changeant pas, quel que soit le nom donné à la seconde monnaie, FCFA ou Eco, et quel que soit le support cette monnaie, FF ou euro.
VII. Du F CFA à l’éco : un changement de cosmétique
L’expérience de l’écu aurait pu convaincre la France de ne pas reproduire cette expérience dangereuse avec le F CFA. Malgré cela, après soixante-quinze ans d’utilisation du F CFA, avec les premières difficultés auxquelles la France, qui ne pouvait que s’y attendre, certes sans jamais l’avouer, aura choisi de ne pas être convaincue de l’impossibilité de continuer avec le piège du F CFA.
En effet, contrairement à la Révolution française qui avait procédé à la disparition du piège monétaire de l’écu, la France aura préféré une réforme qui ne change rien, en choisissant de changer le mot F CFA par le mot Eco qui jouera le même rôle que le F CFA jouait.
Cette nouvelle appellation pour désigner la même chose que le F CFA, devrait selon sa stratégie, constituer le changement, maintenant l’essentiel du mécanisme de fraude, un legs des ancêtres gaulois aux autorités de la République française qui les ont suivis. En effet, nous savons désormais, qu’en matière de monnaie, la dénomination ne présente aucun intérêt notable pour caractériser une monnaie. Il est donc inopérant de consacrer une quelconque énergie ou ressource pour changer le nom d’une monnaie, à moins de laisser croire faussement avoir procédé à un changement.
VIII. Le décret du 18 germinal an III (7 avril 1795) : ignoré de l’Assemblée nationale française
Il nous est revenu utile de rappeler, à l’attention de cette illustre Assemblée venue au secours de son gouvernement qui aura perdu la bataille de la communication sur le F CFA, selon le Sénat du même pays, le contenu de ce décret du 18 Germinal an III (7 avril 1795). Ce décret qui constitue, à ne pas douter, un excellent travail des devanciers Députés dans l’hémicycle, par la fécondité d’une contribution de qualité, d’autant plus digne d’éloges, que plus de deux siècles et quart plus tard, ce travail garde toute sa pertinence, comme si le monde s’était trouvé plongé dans une grosse obscurité, qui l’aura maintenu en hibernation dans une énorme ignorance sans jamais avoir pu s’en échapper, l’empêchant ainsi de se hisser au niveau de connaissance des premiers représentants de votre illustre Assemblée en 1795.
En effet, ce travail, qui présente un caractère universel et atemporel, semble être resté un legs ignoré de la postérité, alors qu’il est non seulement d’actualité, mais qu’en plus, il aura apporté à la population française d’importants avantages jusqu’ici méconnus et non reconnus. Il nous parait donc essentiel de reconnaître un tel travail, qu’il faudrait nécessairement réhabiliter, pour lui donner toute son ampleur et le rayonnement qu’il mérite dans un monde, qui, aujourd’hui, en perte de repère, se recherche, sans trop savoir quelle direction prendre, surtout en économie.
Ainsi que nous le confirmerons ci-après, ce travail pionnier aura permis à la France de se protéger contre les violences populaires. De plus, ce décret, comme de manière prémonitoire, a fait preuve d’un génie extraordinaire, en traitant, comme de façon prémonitoire, dans le même texte, des unités de mesure du système métrique et les unités monétaires, que sont le franc doté de ses sous unités du décime et du centime.
Cependant, le texte, pour n’avoir pas laissé présager que ces unités monétaires sont en réalité des unités de mesure en économie, nul ne saurait l’affirmer ouvertement, sans en avoir posé au préalable les conditions nécessaires pour fonder une telle théorie de la mesure, ce que nous avons fait dans le cadre de l’économie scientifique.
Malgré cette limitation, les principes posés par ce décret permettent de comprendre sa portée par la protection la population contre les abus que le Roi commettait contre elle, à travers les manipulations de l’écu toujours à la baisse ; ce qui n’était pas fortuit. En effet, il n’aura jamais essayé de le manipuler à la hausse !!!
8.1. Protection de la population française contre les violences sociales
Le décret aura permis à la France de passer d’un système fondé sur deux monnaies, la Livre Tournois et l’écu, à un système fondé uniquement sur une seule monnaie, conforme à une pratique en vigueur dans les pays anglo-saxon.
Ainsi, pour la première fois la seconde monnaie du Roi, l’écu, aura disparu des pratiques en France, et, avec lui la diminution de l’écu, le moyen frauduleux de financement du Trésor Royal, qui aura été toujours accompagné des bouleversements des prix et des révoltes populaires sévèrement réprimées, ainsi que toute l’histoire du moyen-âge en Europe nous en aura offert le spectacle.
8.2. Le système métrique et le système de mesure en économie seraient-ils liés ?
Le décret présente les unités du système métrique. Ainsi, le mètre désigne l’étalon de mesure de longueur, quand, par exemple le décimètre et le centimètre des exemples de sous-unités de mesures de longueur. Aussi, comme à l’identique des unités du système métrique, le décret présente-t-il également des unités monétaires que sont le franc, jouant le rôle d’étalon de valeur, le décime et le centime qui sont des sous-unités de l’étalon utilisées pour les menues dépenses. Cependant, compte tenu du fait que le décret n’est pas explicite sur la définition des concepts, nous allons, à partir des résultats de nos travaux dans le cadre de l’Economie scientifique, donner clairement la signification précise des propositions contenues dans ce décret relativement aux unités monétaires, la théorie expliquant les faits et actions et non l’inverse.
Ainsi, le franc est l’unité de mesure de la valeur des biens et services au cours des échanges. Les sous-unités du décime et du centime sont utilisées pour mesurer la valeur des menus dépenses. Le décret montre en réalité la nécessité pour la théorie économique de se doter d’une théorie explicite de la mesure, comme à l’identique du système métrique, afin de comprendre le caractère dangereux et contreproductif de la pratique des Rois sur la diminution de l’écu constituant la diminution des mesures et des poids.
Ainsi, la seule prémonition ne saurait suffire pour bâtir; ne serait-ce que de façon implicite, une théorie de la mesure, quand on sait de surcroît que les économistes sont bercés dans un flou général qui les maintient dans l’idée absurde que le prix est donné par la nature, une idée dont l’absurde éloquence est décrite par C. SCHMIDT[1] , qui écrit : « le domaine de l’économie est habité naturellement, par des quantités et des prix, et qu’il se prête d’emblée par conséquent au dénombrement sauvage et à la quantification naïve».
Une telle hypothèse n’est-elle pas l’aveu le plus clair d’une faiblesse méthodologique, qui n’aura laissé jusqu’ici aucune chance aux économistes de s’interroger sur la nécessité ni de définir exactement l’objet de leur discipline, ni l’instrument de mesure de la discipline, ni le résultat de la mesure, un peu comme si les physiciens s’étaient fixé un objectif de fonder une discipline de la thermodynamique enfoncés dans l’ignorance de son objet, (la chaleur), de son instrument de mesure, (le thermomètre) et de la température (résultat de la mesure prise par le thermomètre). Il en est ainsi à ce jour en économie, quand les notions comme la valeur, la monnaie et de prix, trois mots des plus simples, sont à présent l’objet de toutes les discussions interminables, sans être susceptibles d’aucune définition cohérente par aucun économiste.
IX. Une prémonition dont nous donnons la preuve claire dans l’Economie scientifique
Ainsi, prenant en compte nos résultats obtenus dans le cadre de l’Economie scientifique, c’est-à-dire l’économie dotée de la théorie de la mesure, nous établissons facilement une définition claire de ces trois mots, valeur, monnaie et prix sont des concepts dont les équivalents respectifs en thermodynamique des concepts de chaleur, thermomètre et de température.
Certes, tout comme la difficulté de définir clairement ce qu’est la chaleur, n’aura point conduit à nier son existence concrète, ni à constituer un motif de conflit ou d’éclatement de la discipline de la thermodynamique, de même, la difficulté de trouver une définition consensuelle de la valeur ne devrait point constituer des difficultés dans la discipline économique. En effet, tout individu, du fait qu’il a une connaissance claire et concrète de la valeur, sait pertinemment en faire usage pour effectuer un choix pertinent entre deux biens quelconques en fonction de la valeur qui les caractérise, même si cette personne n’éprouve aucun besoin à utiliser ces biens.
Ainsi, de la même manière que tout individu sait utiliser le thermomètre pour relever une température, les personnes impliquées dans les échanges de biens et services sauront en établir les prix qui ne sont que le résultat de l’étalonnage de la valeur de ce bien au moyen de la monnaie, l’instrument de mesure, doté conventionnellement d’une quantité de valeur, et représentant un signe accepté et adopté par tous pour ce qu’il est censé représenter comme valeur dans la collectivité d’échange et dont la mesure produite est appelée prix.
Par conséquent, dès que la monnaie est reconnue comme étant l’instrument de mesure permettant d’assurer la justice et l’équité entre les gens, son utilisation trouve naturellement sa justification dans les pratiques sociales connues, où le vol et la tromperie sont des actes réprimés dans la société, laissant entendre qu’aucun individu ne saurait fonder une quelconque notoriété dans l’ignorance de ces deux références morales négatives. Ainsi, la pratique du Roi, consistant à s’attribuer les droits de seigneuriage et qui apparait désormais comme étant fondée sur la diminution des mesures et des poids, ne saurait relever des bonnes pratiques sociales, mais de celles qui sont interdites ; d’où la pertinence du décret qui, par la décision qu’il a suscitée, aura révélé avec une rare prémonition, la nécessité de la mise en place de la théorie de la mesure en économie. Ce que nous avons réalisé.
Dr. Lamine KEITA, laminemacina@yahoo.fr
Auteur de l’Economie scientifique
[1] C. Schmidt, “La sémantique économique en question ” Calmann Lévy, 1985, p. 11.