A la découverte de la monnaie comme instrument de justice dans la société
Dans un précédent article, nous avons rappelé à l’Assemblé nationale française l’existence d’un décret de première importance, signé en France le 7 avril 1795, mais dont le gouvernement s’est écarté de l’application en 1945 en créant le F CFA. Ce décret constitue, ainsi que nous l’avons déjà indiqué, comme de façon prémonitoire, une avancée scientifique qui aura permis de protéger la population française des mouvements sociaux violents que provoquaient des pratiques monétaires fréquemment appliquées au moyen âge dans le Royaume de France.
Dans le présent article, il s’agira ici d’analyser en profondeur ce décret, de façon à mieux expliquer son contenu scientifique et d’en assurer désormais la maîtrise, tout en permettant de comprendre la vraie nature de l’économie, non pas celle que les hommes auront appliquée par expérience, mais telle qu’en théorie elle devrait être.
L’économie, une méthode entièrement empirique
Nous allons comprendre qu’en réalité, l’économie, héritée de l’observation de l’exercice du pouvoir dans la société, aura considéré la monnaie comme le moyen d’exercice d’une souveraineté dont elle représenterait un symbole, sûrement parmi tant d’autres, et certainement un instrument parmi les plus importants, pour le Roi, qui, en toute liberté, pouvait l’utiliser pour gagner de l’argent, qui est par lui-même synonyme de puissance, y compris quand il est gagné au détriment de toute la population et au profit exclusif de cette autorité.
Ainsi, cette pratique de l’économie n’aura pas permis de réfléchir aux conséquences de cet usage de la monnaie ni de découvrir que cette monnaie présente au contraire un rôle exclusif et caractéristique, qui est celui d’être l’instrument de mesure de la discipline économique, en permettant d’établir, par la juste mesure qu’elle procure lors des transactions libres et volontaires, la justice entre les gens.
Nous avons dénommé cette science, dont l’instrument de mesure et d’équité représente la monnaie, l’Economie scientifique, pour faire la différence avec l’économie où la mesure est absente, ainsi que le confirme C. Schmidt, qui présente cette économie comme étant le domaine qui «est habité naturellement, par des quantités et des prix, et qu’il se prête d’emblée par conséquent au dénombrement sauvage et à la quantification naïve».
Nous comprenons donc pourquoi, à tort, les économistes ont été amenés à se passer de toute recherche sur la mesure, faisant alors de leur discipline une science empirique par ignorance, la privant ainsi des bienfaits d’une démarche scientifique moderne faite d’observation et de réflexion dans un aller-retour incessant entre expérimentation et conceptualisation.
Ainsi, l’économie scientifique, comme toute science bien constituée ; et à laquelle nous sommes habitués, est une vraie science dès lors qu’une méthode appropriée d’approche est mise en place, ainsi que nous avons procédé. Ce faisant, l’analyse permettra de délivrer le contenu théorique normatif des pratiques fonctionnelles. Ce faisant, il serait possible de comparer le résultat empirique observé avec le résultat normatif attendu, en permettant ainsi d’envisager une réflexion sur l’écart constaté, qui sera l’objet d’une nouvelle étape de réflexion, la recherche de la vérité scientifique se plaçant dans un éternel devenir.
C’est ainsi que nous avons établi que les pratiques des Rois, au moyen-âge, qui provoquaient des mouvements sociaux violents, résultaient en réalité de la déviation de l’utilisation de l’instrument monétaire de son usage normal d’instrument de mesure et de justice, la consacrant comme une discipline inégalitaire, engendrant des régressions sociales faites d’injustices et d’iniquité. C’est pourquoi le Roi, ne sachant pas qu’il utilisait cet instrument monétaire en violation de son utilisation efficace, faisait sombrer par l’injustice la population dans la violence, contre laquelle les autorités sévissaient comme de plein pouvoir, avec d’autant plus de férocité que ces répressions étaient censées être suffisamment dissuasives pour décourager les prochaines manifestations similaires.
L’analyse de la manipulation opérée sur l’instrument monétaire par le Roi montre, qu’en réalité, les autorités procédaient à des abus en procédant à une pratique, qui a désormais un nom, celui de la diminution des poids et mesures, et qui présente comme conséquence le transfert d’une bonne partie des ressources des populations au profit exclusif de l’autorité monétaire. De plus, la pratique induisait des conséquences économiques sur le marché en y provoquant des perturbations de prix dans un mouvement généralisé de hausse qui entretenait les mouvements de violence de la part des populations et contre ces populations en représailles de la part des autorités monétaires.
Cependant, en l’absence d’un code d’éthique pour fustiger l’injustice et les coûts économiques et sociaux que cela représentait, cette pratique néfaste trouvait, par l’apport qu’elle représentait dans le financement du Trésor du Roi, une place de choix en étant érigée au rang de politique publique par ignorance. Une telle ignorance, que ne saurait rien justifier, ne peut servir à dédouaner cette pratique dangereuse, non pas pour des raisons de morale ou d’éthique, mais simplement pour des raisons d’optimalité.
III. Bien comprendre le système monétaire français en vigueur avant le décret du 7 avril 1795
Nous avons déjà compris, à travers l’article précédent le bien-fondé de ce décret qui désigne désormais la Livre Tournois, la monnaie invisible ou imaginaire, sous l’appellation de franc, une pièce sonnante, bien réelle et visible dotée deux sous-unités, le décime et le centime. Cependant, la monnaie qui était visible, sonnante et trébuchante que tout le monde connait de cette époque, l’écu, n’apparaît visiblement nulle part dans ce décret qui semble n’en dire aucun mot.
Désormais dotés du sens de la mesure, nous comprenons que l’écu, qui était défini comme une quantité de Livre Tournois, est tout simplement une unité de mesure, multiple ou sous multiple de l’étalon. Ainsi, nous comprenons, avec une telle définition des unités monétaires dans le décret, qu’un tel écu ne saurait plus exister. Par conséquent, le décret aura tout simplement aboli l’écu, cette unité fictive qui était manipulée à la baisse avec pour conséquences des violences qui étaient engendrées par les populations, qui a leur tour, étaient violemment réprimées.
Nous chercherons, par la suite à étudier le mécanisme de cette manipulation qui faisait passer la définition de l’écu = au décime, à la définition de l’écu = centime. Il convient cependant de rappeler que le Roi n’aura jamais procédé à une modification dans le sens inverse, en décidant d’abord que l’écu = centime pour par la suite, décider que l’écu = décime. Nous allons chercher à comprendre pourquoi.
Nous allons chercher concrètement à comprendre la nature exacte de l’échange que traduit l’égalité mathématique de l’écu = au décime, puis le mécanisme de l’acquisition des écus dans les portefeuilles des citoyens, puis l’usage réel des écus sur le marché des biens et services. Nous resterons attentifs, en cas de changement de la définition de l’écu, aux liens entre les différentes pièces circulantes d’écus avec les prix des biens services sur le marché lors de l’achat de ces biens.
Par la suite, nous tirerons les leçons de ces pratiques pour découvrir le véritable rôle, un rôle irremplaçable des écus dans l’économie en tant qu’unités de mesure de la valeur des objets dans l’économie, ainsi son mécanisme d’étalonnage qui permet de déterminer la mesure de la valeur des biens et services.
3.1.
3.2. L’égalité mathématique 1 écu = décime et le mécanisme des échanges qu’elle traduit
Lorsque le Roi décide que : l’écu = décime (1), cette écriture n’est pas à proprement une égalité, mais elle traduit une promesse ferme, qui porte donc exclusivement sur l’avenir, et qui signifie que pour avoir 1 écu, c’est-à-dire la monnaie qui va circuler dans le Royaume, le Roi exige de lui délivrer 0,1 franc. Ainsi, l’écu va représenter le signe, la preuve que son détenteur a déposé auprès de lui, une valeur de 0,1 franc. Il est donc clair, que loin de constituer une égalité, cette relation traduit plutôt une équivalence.
Ainsi, l’écu est une dette sur le Roi, un signe fabriqué d’autorité par lui, en toute souveraineté, pour dire à toute personne sous son autorité, qu’elle est tenue d’accepter, au cours de tout échange, l’écu comme représentant une valeur de 0,1 franc, une valeur que le Roi garantit sur toute l’étendue de son royaume.
3.3.
3.4. Comment entrer en possession de la monnaie circulante écu
Imaginons que la population a pu apporter au Roi une valeur de 1000 francs. Elle aura donc reçu des signes monétaires pour 10 000 écus avec lesquels elle pourra se présenter au marché pour acheter des biens et services, c’est-dire pour échanger ces signes contre des valeurs.
A y réfléchir, ces 10 000 écus sont donc la marque des 1 000 francs de vraie richesse, déposée auprès du Roi. Donc ces 10 000 écus, en circulation, sont en réalité une dette sur le Roi, un signe de richesse délivré par le Roi et garanti par lui. Il s’agit d’une garantie qui n’est pas demandée par quelqu’un, mais qui est offerte d’autorité par le Roi, et qui résulte des conditions de la délivrance de l’écu, une décision souveraine. C’est ainsi que dans le Royaume, la richesse du Roi est établie en Francs, mais la dette sur le Roi est comptée en écu. C’est ainsi que vous pouvez vérifier dans l’histoire que les comptes du Roi sont tenus en francs, (ou livre tournois), qu’on appelle aussi unité de compte, et non pas en écu.
Ainsi, pour avoir accès aux biens et services dans le Royaume, il devient important pour la population d’avoir des écus dans son portefeuille, parce que, tout le monde reconnaissant sa valeur, est tenu d’accepter les écus au cours de toutes transactions dans le Royaume. .
3.5.
3.6. La monnaie écu par opposition aux autres biens dans l’économie du Royaume
En comparaison avec les biens ou services dans le marché, seul, l’écu représente une valeur connue de tous par consensus.
C’est pourquoi, lorsque les personnes en échange se mettent d’accord pour dire que le prix d’un bien est de 100 écus, cela signifie qu’à partir de la valeur de l’écu, on est arrivé à comprendre que la valeur de ce bien est de 100 fois la valeur de l’écu.
Ainsi, pour un prix du bien de 100 en écu, la valeur du bien est de 100 fois la valeur de l’écu, soit donc de : 100*0,1 franc = 10 francs. C’est pourquoi, dans le Royaume, la comptabilité du Roi est établie en Francs, mais la dette sur le Roi est comptée en écu. C’est ainsi que vous pouvez vérifier dans l’histoire de France, que les comptes du Roi sont tenus en francs, (ou livre tournois), qu’on appelle aussi unité de compte, et non pas en écu.
3.7.
3.8. Monnaie-papier et monnaie marchandise
La présentation faite ci-dessus de l’écu tient compte de notre habitude dans l’utilisation de la monnaie signe, la monnaie papier. Cependant, il faudrait reconnaître, qu’au moyen-âge, l’écu n’était pas simplement un signe, mais il contenait de la richesse, du métal précieux. C’est pourquoi un tel écu est appelé monnaie-marchandise. Nous verrons l’importance de distinguer l’aspect signe et l’aspect valeur en ce qui concerne la monnaie, notamment en cas de modification de la définition de l’écu.
3.9.
3.10. La modification à la baisse de l’écu après un temps de fonctionnement
Examinons la décision du Roi de ramener l’écu de 0,1 Franc à 0,01 franc, donc du décime au centime.
Nous avons vu cette écriture désigne en réalité une promesse, et qu’elle est censée, par conséquent, valoir pour l’avenir. Cependant, le Roi va l’appliquer immédiatement sur le passé, en prenant la cible des 10 000 écus précédemment accumulés au cours du temps.
Or, en matière de droit, les décisions ne sont jamais rétroactives. Ainsi, en violant cette disposition générale et évidente du droit, il apparaît, immédiatement, que la valeur des 10 000 écus en circulation n’est plus de 1 000 francs, mais de 10 000 * 0,01 franc = 100 francs.
Donc le Roi aura réussi à diviser par 10 la valeur de sa dette, gagnant ainsi la valeur de 900 francs sur le dépôt initial de richesse de 1000 francs, placés auprès de lui, même s’il reste vrai que dans la circulation il y a toujours 10 000 écus.
D’où l’importance de faire la différence entre le signe de valeur et la valeur, dans le cadre d’une économie fondée sur deux monnaies dépendant de la même autorité. Le signe monétaire, que l’on voit et qu’on veut posséder pour acheter ce qu’on veut, n’est pas en réalité la richesse, mais un signe de richesse, une dette sur le Roi.
Ainsi, ce signe est trompeur, car, le Roi, en décidant de le déprécier, fait en réalité un abus d’autorité, en violant une disposition générale des droits, quand des droits existent, ce dont il profite en renonçant à payer une bonne partie de sa dette.
Cette technique a été largement utilisée au moyen-âge français avec l’Ecu, le Gros. C’est également cette technique du moyen-âge qui a été reproduite dans les pays africains utilisateurs du FCFA. Vous constatez qu’en remplaçant l’Ecu par le mot F CFA, le raisonnement ne change pas quand on sait que la Livre Tournois a été confondue avec le Franc par le décret analysé ci-dessus.
En effet, le F CFA, créé de la même façon que l’écu, est également défini comme une quantité de Franc, le franc ayant remplacé la Livre Tournois.
Vous comprenez, que sans connaitre l’histoire de la France, nul n’aurait su, à travers ce décret, que l’écu aura existé quelque part en France et que sa pratique y serait interdite. Très certainement, cette omission, par ce décret, n’est pas fortuite, mais bien par calcul, pour cacher une réalité certes honteuse parmi les pratiques des Rois, dont les autorités françaises ont pleinement conscience, mais pas la population, encore moins les populations africaines.
Ce faisant, en maintenant cette population dans l’ignorance, les autorités françaises, se sont réservé la possibilité, de recourir à cette pratique autrement inhumaine, qu’elle venait d’abolir de chez elles. Cela peut bien justifier ainsi qu’elles aient pu y avoir recours contre les populations africaines, trop éloignées d’une pratique moyenâgeuse obscure, lorsque le Général De Gaulle a institué le F CFA contre elles en 1945.
Donc, comme l’écu, le F CFA ne peut être diminué, ni dévalué, car il s’agirait là d’une tromperie pour l’autorité monétaire française, avec conséquence de renoncer à payer sa dette, tout en mettant la main sur une bonne partie des richesses monétaires qu’elle a préalablement encaissées sous garantie de la part des populations qu’elle décide désormais de spolier. Il lui suffit, pour ce faire, de refuser tout simplement de respecter les conditions précédemment en vigueur, décidant ainsi, contre toute logique, d’appliquer de façon rétrospective une nouvelle décision unilatérale, qui n’a pour objectif que de renoncer illégalement à payer la dette qu’elle a contractée auprès de la population utilisatrice de la monnaie.
3.11.
3.12. Modification à la baisse de l’écu en tant que monnaie marchandise
Au moyen-âge, la diminution de l’écu, monnaie-marchandise, donnait l’occasion au Roi de décider de retirer tous les écus de la circulation pour la refrapper en conformité avec la nouvelle définition de l’écu.
Ce faisant, le Roi retirait de chaque écu, lors de la refrappe, une quantité de métal correspondant à la diminution décidée et qui lui revenait au titre des droits de seigneuriage. Cette refrappe n’est plus nécessaire avec la monnaie signe, la monnaie papier, comme l’est le F CFA.
3.13.
3.14. Que se passe-t-il sur le marché des biens et services avec les écus en portefeuille
3.14.1. Utilisation de l’écu au marché, avec 1 écu = 0,1 franc
Sur les marchés, munis des écus, leurs détenteurs d’écus cherchent à entrer en possession des biens. Ainsi, un poulet va être échangé contre 100 écus par exemple, après entente entre le vendeur et l’acheteur. Qu’est-ce que cela signifie-t-il ?
Cette quantité de 100 écus est appelée prix du poulet, c’est-à-dire la quantité d’écu, c’est-à-dire le signe de la valeur du poulet. Ainsi, la valeur du poulet, désignant une quantité de francs, s’établit à : 100*0,1 franc = 10 francs. Donc le prix et la valeur ne sont pas les mêmes. On vérifie que le prix est le rapport de deux valeurs : la valeur du bien et la valeur attachée au signe monétaire. Ainsi : 100 = 10/0,1 soit encore : Prix du poulet = valeur du poulet / valeur de l’écu = 10/0,1 = 100
Le prix du poulet est donc une grandeur neutre qui est d’autant plus élevée que le signe monétaire est petit. Il représente la quantité de fois que la valeur du signe est contenue dans la valeur du bien. Ainsi, le prix apparait comme la mesure de la valeur du bien au moyen de l’unité monétaire appelé numéraire. L’écu aura donc servi à étalonné la valeur du poulet.
3.14.2. Que se passe-t-il sur le marché après la décision du Roi de diminuer l’écu (ou le F CFA) ?
Nous avons déjà vu que si le Roi décide que l’écu n’est plus égal à 0,1 franc mais 0,01 franc, alors immédiatement, la valeur des 10 000 écus en circulation se réduit à 100 francs. Donc la population appauvrie se présente au marché avec une valeur de 100 francs, que représentent ses 10 000 écus qui, auparavant, avaient une valeur 1000 francs.
Nous savons, par étalonnage, que le prix du poulet est le rapport entre la valeur du poulet et la valeur attribuée à l’unité monétaire. Ainsi, avec une valeur de 10 francs pour le poulet et un signe monétaire de valeur 0,01 franc, alors le prix du poulet devrait être de 1000, résultat du nouvel étalonnage.
Ainsi : Valeur du poulet/ valeur de la monnaie = 10/ 0,01 = 1000, ce qui montre que sur le marché, les prix, après la nouvelle décision, vont être orientés fortement à la hausse, traduisant la valeur du bien qui se trouve exprimée avec une unité monétaire de plus faible valeur, en raison d’une simple question de conversion ou encore d’équivalence, qui ne traduit, malgré l’effet visuel de hausse des prix, une quelconque augmentation des prix.
En effet, la population, appauvrie par cette pratique de renoncement du Roi à honorer ses engagements, ne dispose plus que d’une valeur de 100 francs, quand auparavant elle disposait de 1000 francs au marché. Donc, appauvrie, elle présentera une demande plus faible sur le marché. Elle ne pourra pas donner autant de valeur pour respecter la valeur d’avant la mesure. Donc le prix, avec cette nouvelle monnaie ne pourra pas atteindre le niveau 1 000 qui établit l’équivalence avec le prix d’avant la mesure.
Cependant, même si le prix se situe à 800, il apparaitra à la population comme une augmentation pour être passé, de son souvenir, de 100, avant la mesure, à 800 après la mesure. Il convient de bien comprendre la logique de cette baisse qui se présente à nos yeux comme une hausse.
3.15. Du bon calcul des prix après la mesure de diminution de l’écu (F CFA)
Sans aucune théorie, la pratique laissera apparaître aux sens un souvenir de hausse des prix. Mais, aussi paradoxal, que cela puisse paraître, seule la baisse des prix constitue la seule réalité possible, même si cela semble contraire à ce que nous laissent apparaître nos sens et nos souvenirs douloureux.
C’est ainsi que l’histoire économique du moyen-âge européen nous le rappelle, à travers les bouleversements des prix et la forte inflation qui y apparaissaient après la diminution de l’écu ou du Gros[1], ou tel que nous en gardons le souvenir après la dévaluation du F CFA en 1994 dans les pays utilisateurs du F CFA.
Il est, en effet, inopérant de vouloir comparer des grandeurs mesurées avec des unités de mesure différentes sans choisir une référence commune pour assurer une comparaison logique. Ainsi, en choisissant la grande unité de mesure, la première, alors, une mesure de 800 dans la petite unité de mesure, dix fois plus petit que la première, est établie à 800 / 10 = 80 dans la grande unité de mesure, une simple question de conversion, comme du type du passage du centimètre en décimètre.
On vérifie bien que le prix du poulet qui était de 100 écus, avec 1 écu = 0,1 Franc est donc passé à 80. Donc effectivement, le prix du poulet a baissé, passant de 100 à 80 dans une même unité de mesure. Le même raisonnement peut être conduit en choisissant la petite unité de mesure, la seconde. Ainsi, la mesure de 100 dans la grande unité de mesure est établie 1 000 dans la petite unité de mesure. Donc le prix serait passé de 1000 à 800 dans la même petite unité de mesure.
Dans un cas comme dans l’autre, la baisse est de (80-100)/100 = – 20 % et qui donne le même résultat qui s’écrit : (800 – 1000)/1000 = – 20%. Cette baisse des prix est le seul résultat possible, car en appauvrissant la population par cette méthode d’expropriation, les prix ne peuvent pas augmenter.
3.16.
3.17. Baisse des prix, seule conséquence après les manipulations monétaires
Munis de cette théorie de la mesure, nous comprenons très logiquement et très simplement, que les bouleversements des prix à la hausse lors des manipulations du Gros ou de l’Ecu au moyen-âge ne résultent que de la seule perception des sens, ce qui confirme cette approche empirique erronée et trompeuse des historiens et économistes de cette époque, une perception qui garde encore la vie dure quand ces bouleversements sont analysés en termes d’inflation au moyen-âge à la suite des manipulations monétaires qui étaient tous destinées à financer le trésor royal. Il ne pouvait donc en être autrement, en l’absence d’une théorie de la mesure des prix, qui ne saurait être donnée par la nature.
Par conséquent, il devient logique, suite à toute opération d’expropriation des populations, que la déflation soit la seule alternative.
3.18.
3.19. Découvrir le rôle spécifique et exclusif des monnaies avant de procéder à leur comparaison
Dans tout l’exposé qui précède, il n’est apparu nulle part, entre le franc et l’écu, des notions de parité, ou de taux de change, de flexibilité ou fixité de change, d’optimalité du taux de change ou Mundell, ou d’arrimage, puisqu’il ne s’agit que d’un étalon de mesure et de ses unités usuelles de mesures appelées numéraires, ainsi que nous en avons l’habitude avec le mètre et ses sous-unités ou multiples.
Il est donc totalement inapproprié de parler de ces notions qui concernent en réalité la comparaison des monnaies différentes pour deux pays différents. Cependant, quand on ne sait pas exactement le rôle précis qui caractérise les monnaies, notamment leur rôle d’instrument de mesure, par ignorance on pourrait être amené à faire des comparaisons inappropriées sans s’en rendre aucunement compte.
Avec ce système monétaire du Roi fondé sur ces deux monnaies, l’usage des notions de parité ou de taux de change relève tout simplement de la confusion d’une économie avec deux monnaies avec les économies de deux pays dotés chacun de sa monnaie distincte de celle de l’autre. Il s’agit donc d’une ignorance interne à la théorie économique ambiante, qui n’aura jamais compris, depuis toujours, que les instruments monétaires sont des instruments de mesure.
Il y a d’autant plus une urgence à corriger cette ignorance, que ces économistes sont loin de savoir que les prix ne sont pas donnés par la nature, comme ils continuent à le croire, ainsi que l’affirme C. Schmidt, cité ci-dessus.
C’est ainsi que pris dans leur élan oratoire, ces nouveaux débatteurs contre le F CFA, en mal de notoriété, auront ajouté l’idée d’arrimage du F CFA avec l’euro, une idée qui est encore plus vide de sens, s’ils pouvaient s’imaginer que l’arrimage fait référence à deux entités distinctes, comme un bateau chargé de marchandise, de telle sorte que la marchandise fasse corps avec le bateau et ne bouge pas avec les mouvements de roulis et de tangage, sans utilisation de cordages ou filets ou de construction en bois.
En ce qui concerne le franc et l’écu, ou encore le franc ou l’euro avec le F CFA, il n’y a qu’une seule entité avec ses sous-unités, ce qui est loin de constituer des entités distinctes à part entière qu’il faut arrimer. Ainsi, le centimètre n’est pas arrimé au mètre, mais c’est le mètre considéré en sa centième partie. Le F CFA, non plus, n’est pas arrimé au FF ni à l’euro. Il constitue le FF considéré en sa centième partie, ou encore l’euro, considéré en sa millième partie, (0,00152 euro). Malheureusement, il n’y a pas de bon vent pour qui ne sait où aller.
Il apparaît donc clairement que lorsqu’on ne sait pas mesurer, on ne comprend pas, qu’en réalité, le rôle des monnaies dans l’économie, et encore moins les économies des pays utilisateurs du FCFA. Nous comprenons ainsi la mise en garde de M. Allais formulée dans son cours polycopié du Cours d’économie politique Tome I à l’Eole des Mines de Paris en 1959, quand il écrit que l’économie qu’il enseigne est une économie particulière dans laquelle la monnaie qui circule apparait comme la réalisation matérielle de l’étalon, et dans laquelle le prix et la valeur coïncident.
Cependant, a-t-il fait constater, qu’il n’en a pas toujours été ainsi, quand, au moyen-âge, il y avait la monnaie circulante, représentée par l’écu et qui était différente de l’étalon, représentée par la Livre Tournois, une monnaie fictive, une monnaie fantôme. Nous comprenons également que cette situation du moyen-âge correspond exactement aujourd’hui à celle des économies des pays utilisateurs du F CFA, qui auront été calquées sur l’économie du moyen-âge français, dès l’instant que le Général De Gaulle, par cupidité, a conçu et mis en place son piège du F CFA en 1945 contre les populations des colonies et leurs descendances.
Conclusion
En guise de conclusion, il nous parait important que les Députés français puissent aujourd’hui remettre à table et saluer ce travail pionnier de toute première qualité, qui caractérise ce décret qui aura permis de protéger la population française libre contre des manipulations frauduleuses de la monnaie, ainsi qu’elle a dû en souffrir tout le moyen-âge, sur plus de 400 ans.
Cependant, faute de suivi de l’action gouvernementale française, ou par cupidité ou malveillance, cet excellent décret aura été violé en 1945 avec la création du F CFA, soit 150 ans après son adoption, livrant ainsi les populations africaines utilisatrices du F CFA aux manifestations violentes consécutives aux pratiques d’expropriation initiées à l’image des Rois fainéants et que les autorités de la République française ont récupérées pour les appliquer contre les populations des pays utilisateurs du F CFA.
Dans un prochain article, s’il plaît à Dieu, nous procèderons à l’analyse institutionnelle du dispositif de la coopération monétaire de la zone franc avec la France, un des quatre cadeaux du nouvel an que nous envisageons d’offrir aux plus hautes autorités de la zone franc et de la France, pour qu’elles prennent publiquement enfin conscience du mal qu’elles font subir par méchanceté doublée d’ignorance aux populations africaines, qui n’auront que trop souffert de ces pratiques d’extorsion tirées d’une autre époque, celle de la barbarie et de l’obscurantisme du moyen-âge européen. Nous expliquerons ce qu’il conviendrait de faire, avec des preuves scientifiques claires, vérifiables et mesurables, comme à nos habitudes.
Dr. Lamine KEITA
Economiste, laminemacina@yahoo.fr, Auteur de l’Economie scientifique