Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Tentative de déstabilisation des institutions : Boubou : Cerveau ou bouc émissaire ?
Publié le lundi 11 janvier 2021  |  L’aube
Lancement
© aBamako.com par A S
Lancement de la nouvelle version du système intégré de gestion des impôts et taxes assimilés
La cérémonie de lancement de la nouvelle version du système intégré de gestion des impôts et taxes assimilés a eu lieu le 7 Août 2017. Photo Boubou CISSE
Comment


Sept personnalités civiles ont été inculpées, le jeudi 31 décembre 2020, par le Procureur Général, Mamadou Kassogué, pour « complot contre le Gouvernement » : l’ancien Premier Ministre, Dr Boubou Cissé ; le Secrétaire Général de la Présidence, Sékou Traoré et le Chroniqueur radio, Mohamed Youssouf Bathily (Ras Bath). Cinq d’entre elles ont été écrouées. Elles avaient été interpellées une semaine auparavant par la Direction Générale de la sécurité d’État (DGSE). Mais, pour le moment, l’ancien Premier Ministre, Dr Boubou Cissé, reste introuvable. Aujourd’hui, Boubou Cissé est considéré comme le personnage clé de cette affaire. Et certains se posent la question suivante : est-il le cerveau d’un complot ou un bouc émissaire idéal à abattre ?
Cette affaire, révélée en décembre avec une série d’interpellations menées par la Direction Générale des Services de l’État (DGSE), demeure entourée de mystère.

Elle a suscité une grande perplexité, vu la personnalité des mis en cause et le caractère étonnant d’une éventuelle tentative de déstabilisation et que les militaires ont la mainmise sur le pouvoir depuis le 18 août 2020.

Le Parquet de la Commune III a annoncé, jeudi 31 décembre 2020, dans un communiqué, l’ouverture d’une information judiciaire contre sept personnalités dont le tout dernier Premier Ministre de Ibrahim Boubacar Kéïta, Dr Boubou Cissé, pour complot contre le Gouvernement, association de malfaiteurs, offense à la personne du Chef de l’État et complicité.

Le Juge a ordonné leur placement sous mandat de dépôt, à l’exception de Boubou Cissé, qui est, pour le moment, resté introuvable, selon le parquet.

Le parquet évoque des faits présumés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État, des indices graves et concordants de l’existence d’une entreprise criminelle et des actions de sabotage contre des initiatives prises par les Autorités de la transition mises en place par les militaires après leur putsch.

« Le Parquet se garde de parler de coup d’État, mais c’est bien pour des faits (présumés) de tentative de coup d’État que les mis en cause ont été inculpés», a souligné dans un communiqué le Collectif d’Avocats qui les défend.

En dehors de Dr Boubou Cissé, la justice a écroué Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, militant, polémiste et animateur radio aux nombreux sympathisants ; Vital Robert Diop, Directeur Général du Pari mutuel urbain (PMU, organisation de paris sur les courses de chevaux et de jeux de hasard) ; Aguibou Tall, un Responsable d’une Agence œuvrant à l’accès aux télécommunications, demi-frère de Boubou Cissé ; et deux Hauts cadres du Trésor public (Finances de l’État), Mamadou Koné et Souleymane Kansaye.

Autre personnage dans le collimateur des militaires, Sékou Traoré, Secrétaire Général de la Présidence de la République (limogé depuis). Interpellé lui aussi, il avait été relâché, mais n’est pas tiré d’affaire. «Compte tenu de son statut de Magistrat et d’un rang équivalant à celui de Ministre, les éléments le concernant ont été transmis au Procureur Général près la Cour Suprême », dit le Parquet.

Aucun détail précis n’a été divulgué sur les faits reprochés à lui. Le Parquet invoque en termes vagues des contacts suspects entre certains mis en cause, des déplacements également suspects dans le pays ou la possibilité de liens avec des organisations et personnalités influentes du monde médiatique […] pour les besoins de l’entreprise criminelle projetée.

Dr Boubou Cissé avait formellement démenti, le 23 décembre, toute implication dans un projet de déstabilisation.

Boubou introuvable

« Tous les inculpés sont des personnalités civiles sans aucun lien établi avec un militaire quelconque », a relevé le Collectif d’Avocats. Il a dénoncé les pratiques observées depuis un certain temps de la part de la DGSE.

Selon ses Avocats, l’ancien Premier Ministre n’est pas en fuite comme l’affirme le Procureur Général, Mamadou Kassogué. Boubou Cissé «est à Bamako et en lieu sûr », a dit à la presse l’un de ses Avocats, Me Marcel Ceccaldi. « Boubou Cissé n’est pas en fuite », a renchéri un autre Avocat, Me Kassoum Tapo. Ce dernier a évoqué une intrusion, fin décembre, de plusieurs Hommes présumés appartenir à la Sécurité d’Etat chez M. Cissé en son absence, signifiant qu’il n’avait pas de garantie quant à sa sécurité.

En outre, Me Cercaldi a indiqué que Boubou Cissé se mettrait à la disposition de la justice « s’il y avait une vraie justice au Mali ». Selon Maître Céccaldi, la justice malienne est incapable de tirer les conséquences d’un tel dossier. C’est pourquoi il prévoit de saisir la Cour de justice de la CEDEAO.

Cissé a rapporté cette semaine dans un entretien avec Deutsche Welle que ces Hommes armés avaient « violenté » des personnes se trouvant chez lui.

« Si on m’avait simplement convoqué en bonne et due forme, évidemment, je me serais présenté pour répondre aux questions (…) ; mais, compte tenu du fait qu’on était face à l’arbitraire, je me suis mis à l’abri en attendant que je sois convoqué en bonne et due forme », a-t-il dit. Il indiquait se trouver sur le territoire malien, sans plus autres précisions.

Cette affaire survient dans une période de profonde d’incertitudes ; où le pays est toujours plongé, depuis des années dans la crise sécuritaire et politique et confronté à la propagation du phénomène de jihadistes, parmi tant d’autres défis majeurs. Après les évènements d’août 2020 ayant abouti à la démission d’Ibrahim Boubacar Kéïta, les militaires ont mis en place des organes de transition qu’ils contrôlent étroitement mais qui sont censés céder le pas à des civils élus au bout de 18 mois.

L’accueil initialement favorable fait aux militaires après des mois d’exaspération et de contestations fait progressivement place au désenchantement devant la militarisation ressentie de la transition et la lenteur des résultats.

Mémé Sanogo
Commentaires