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Transition politique mali 2020-2022 : Option délibérée pour le scénario du pire à nouveau ?
Publié le lundi 11 janvier 2021  |  Le Prétoire
Rencontre
© aBamako.com par A S
Rencontre sur les enjeux d’optimisation des réseaux de télécommunication au Mali
Bamako, le 03 Aout 2017 le ministre Konimba Sidibé a présidé avec son homologue de la communication une Rencontre sur les enjeux d’optimisation des réseaux de télécommunication au Mali au Radisson Blu de Bamako
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Les autorités de transition auraient-ils opté à nouveau pour le scénario du pire pour le pays qui est de focaliser la transition sur la seule mise en selle d’un président de la République et de députés « démocratiquement élus » quelle que soit la qualité du processus électoral et des hommes qui en sortiront « vainqueurs » ? Ce serait malheureusement une répétition des erreurs commises lors des transitions de 1990-91 et 2012-13 dont on connait la suite. Et c’est quoi cette suite ?


Cette suite, c’est le retour au pouvoir des acteurs clés du régime renversé par une insurrection populaire et/ou un coup d’état militaire à travers des processus électoraux qui n’ont de démocratiques et justes que son aspect formel, des élections à « l’africaine » pour reprendre ce terme méprisant et insultant pour l’Afrique utilisé par le Ministre français des affaires étrangères Jean Yves Le Drian pour justifier le volte-face des dirigeants français au sujet des dernières élections présidentielles en RDC.

La suite, c’est donc la garantie de la continuité du système de gouvernance décrié et la poursuite de la descente aux enfers du pays : un Mali encore plus dévasté à la population meurtrie par des attaques terroristes qui endeuillent nos familles et celles de soldats étrangers au chevet du Mali ; des armées étrangères qui finiront par plier bagages un jour sous la pression de l’opinion publique dans leurs pays pour nous laisser avec notre problème comme les grandes puissances du monde en ont l’habitude.

Les Etats Unis d’Amérique s’apprêtent à quitter l’Afghanistan après 20 ans de présence dans ce pays et cela est plus qu’une probabilité aujourd’hui en ce qui concerne Barkhane si l’on s’en tient à la tournure prise récemment par le débat sur le sujet en France.

Toute une propagande médiatique est orchestrée pour faire croire aux maliennes et aux maliens qu’une transition ne doit avoir comme unique objectif que l’organisation d’élections et que les nouvelles autorités issues de ces élections feront les réformes nécessaires. On fait fi du fait que cela n’a jamais marché nulle part en Afrique depuis son entrée dans l’ère démocratique il y’a maintenant une trentaine d’années.

Tout se passe comme si l’on voulait prendre coûte que coûte les peuples de vitesse pour une transition bâclée assurant la pérennisation du système de mauvaise gouvernance profitable aux réseaux qui nous gouvernent.

Dans le cas présent du Mali, cette suite est déjà là sous nos yeux.

Examiner à la loupe la composition du CNT et vous y trouverez en grand nombre et jusque dans son Bureau, ceux que le peuple malien, sous la direction M5-RFP, a chassé du pouvoir. Qui sont-ils ? Des sirènes dont les chants avaient rendu IBK sourds aux cris du peuple malien (les mêmes qui ont conduit le Président ATT sur la voie de la chute de son régime). Ceux sont aussi des députés auxquels le peuple a retiré le mandat de représentant dont ils s’étaient frauduleusement accaparés lors des élections législatives calamiteuses de 2020. Jetés dehors par les fenêtres de l’Assemblée nationale par le peuple, ils ont fait un retour triomphal au CNT qui fait office d’une nouvelle Assemblée nationale en narguant le peuple.

Ce sont enfin des hauts cadres de l’Administration publique si habiles en retournement de vestes et autres opportunistes en tout genre toujours prêts à se mettre au service du tenant du pouvoir du moment pour des raisons faciles à deviner.

Un simple coup d’œil sur les nominations faites par les autorités de transitions dans la haute administration publique et aux postes de commandement militaires et vous édifiera.

Certains de ces anciens députés et hauts cadres de l’Administration publique qui ont outrageusement pillé les caisses de l’Etat sont à la recherche d’un refuge solidement adossé à l’immunité de membre du CNT. Des membres d’un organe législatif tous nommés par le Chef du pouvoir exécutif !!! Une nomination qui casse l’un des piliers majeurs de tout régime démocratique : l’équilibre des pouvoirs, transformé de facto en complicité des pouvoirs.

Et on s’attend à ce qu’un tel régime de transition consolide la démocratie et l’Etat de droit au Mali !!! Un régime qui piétine chaque jour un peu plus les textes législatifs et règlementaires qu’il a lui-même pris !!! Il y a de quoi avoir de sérieux doutes et de légitimes inquiétudes. Notre gouvernance serait-elle irrémédiablement inscrite dans un cycle infernal de « on reprend les mêmes fossoyeurs du pays et on remet en selle les mêmes mauvaises pratiques de gouvernance pour aboutir aux mêmes résultats » ? Non, assurément non, les patriotes maliens n’accepteront jamais un tel sort. La jeunesse malienne en quête d’avenir non plus, le peuple malien non plus. Jamais au grand jamais !!! Ce serait faire preuve d’une lâcheté collective sans précédent dans l’histoire millénaire de cette grande nation, de l’empire de Wagadu (du 3ème au 8ème siècle) à ce jour. Il est de la responsabilité des maliennes et des maliens de remettre le Mali débout contre vents et marées car nous sommes les premiers responsables de la situation de notre pays.

Ils l’assumeront cette responsabilité conformément à notre engagement collectif inscrit dans notre hymne national en ces termes : « Débout sur les remparts, nous sommes résolus de mourir, pour l’Afrique et pour toi Mali ». Nous le ferons pour tous ceux qui se sont sacrifiés pour cette grande nation depuis des millénaires, nous le ferons par devoir de reconnaissance envers un pays qui a tout donné à ma génération, nous le ferons par devoir envers les générations futures. Le Mali ne disparaitra pas sous les coups de pioches de ses fossoyeurs regroupés en associations de malfaiteurs, nous les vaincrons, nous les mettrons hors d’état de nuire. Il y va de notre honneur !!! Nous nous battrons pour que notre transition soit une transition de rupture pour poser des bases solides à la refondation de notre pays.

Que doivent faire les autorités de la transition pour éviter une confrontation avec les forces patriotiques engagées pour une transition de rupture ? Les autorités de transitions doivent prendre des mesures convaincantes d’engagement du pays sur la voie de la gouvernance vertueuse, de la paix et de la sécurité, de la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit.

La première de ces mesures : nettoyer les écuries d’Augias de la gouvernance passée et présente du pays pour rendre simplement possible la rupture avec leurs mauvaises pratiques de gouvernance. Il s’agit très clairement de traquer tous les fossoyeurs du pays et leur faire rendre compte devant les tribunaux. Qui sont-ils ces fossoyeurs ? Ceux qui ont tué, blessé et embastillé des manifestants aux mains nues, les grands prédateurs de la république qui ont dévalisé nos caisses pour s’enrichir, convaincus que l’impunité dont ils ont bénéficié sera éternelle. Que tous ces gens se convainquent qu’ils finiront par rendre compte tôt ou tard car le peuple malien n’oubliera jamais les crimes qu’ils ont commis qui ont mis notre pays dans le chaos et privé notre jeunesse d’avenir.

Les jours de l’impunité des dirigeants du Mali sont comptés. Il importe donc que les patriotes s’opposent à la propagande visant à nous imposer le scénario du pire pour notre transition : la réduire à l’organisation d’élections qui ne feront que reproduire le système qui nous y a conduit et que nous combattons.

Encore une fois, c’est d’une transition de rupture avec ce système qu’il nous faut. Elle passe par la prise d’autres grandes mesures présentées dans mes publications suivantes :-Lettre ouverte à Monsieur Bah N’Daou, Président de la transition (journal Malikilé n°721);-Mali : Gagner la bataille de la transition (journal L’indépendant du 09 septembre 2020)-Les grands chantiers de la transition(journal L’indépendant du 10 septembre 2020);-Combattre l’argent sale dans les élections :l’un des enjeux majeurs du régime de transition(journal l’Essor N°19232 du 26 août 2020).Le scénario du pire pour notre transition, c’est aussi la décision de la junte militaire de faire cavalier seule pour conduire la transition en essayant de marginaliser les forces vives de la résistance malienne qui ont conduit à la chute du régime de IBK et en pactisant avec leurs adversaires qui ont été des soutiens inconditionnels de ce régime. Le scénario du pire c’est aussi la nouvelle doctrine de confrontation des syndicats de Monsieur Bah N’Daou : « an bè nyongona».

Il est encore dans la culture de « l’exécution des ordres sans murmures, ni hésitations » qui l’a façonnée dans une vie professionnelle précédente, mais qu’il se souvienne qu’il est maintenant le Chef

de l’Etat qui doit avoir un autre type de rapport avec toutes les composantes de la nation malienne. C’est l’une des exigences d’une transition réussie.

Le scénario du pire, c’est enfin l’autisme des autorités de la transition (« les chiens aboient, la caravane passe ») et les violations systématiques et délibérées de l’Etat de droit en gestion des affaires publiques (« la fin justifie tous les moyens »).Nous savons où tout cela nous a conduit par le passé, sachons en tirer les leçons avec lucidité. Si les autorités de transition continuent dans ces voies, elles conduiront à nouveau au pire pour elles-mêmes et pour le pays.

Il est plus qu’urgent qu’elles rectifient la trajectoire de la transition, sinon ce sera trop tard.

Konimba Sidibé,

Président du parti Modec

Membre du Comité Stratégique du M5-RFP

Source: Le Prétoire
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