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Kéniéba : L’orpaillage clandestin menace la Falémé, dans le Sud-Ouest du Mali
Publié le lundi 11 janvier 2021  |  L’Essor
L`orpaillage
© Autre presse par DR
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Bamako, 11 Janv (AMAP) Depuis plusieurs décennies, on assiste à une ruée vers l’or dans le Cercle de Kéniéba, (Sud-Ouest) du Mali, dans la Région de Kayes très convoitée par les compagnies minières et des orpailleurs de plusieurs nationalités pour la richesse de son sous-sol et de son climat.

Les zones aurifères du Cercle de Kéniéba sont ainsi envahies non seulement par les autochtones et les ressortissants d’autres régions du Mali mais, aussi, par les citoyens d’autres pays dont le Burkina Faso.

Les placers de Tabadoula ou Tabakoto, de Kofing, Golea, parmi tant d’autres, sont devenus de véritables pôles d’attraction pour ceux qui sont à la recherche du précieux métal jaune. A longueur de journée, on entend des coups de pilon dans des foyers où des hommes et des femmes écrasent ces roches ou pierres afin d’obtenir de l’or

La première chose que l’on aperçoit, dès l’entrée de ces villages, ce sont des habitations de fortune : des huttes faites de paille, de bâches ou de banco. Mais, le visiteur doit livrer une épique bataille contre la poussière soulevée par des engins lourds et légers (voitures, camions, motos et tricycles). Des gens, couverts de banco jaune ou rouge, s’adonnent à l’orpaillage. Certains sortent des puits ou mines d’or, tout couverts de poussière. Ces individus exercent leur activité dans l’illégalité, sans se soucier de l’impact environnemental. Certains se rendent même dans des cours d’eau pour chercher la fameuse pierre.

Lorsqu’on avance vers la Falémé, servant de frontière naturelle entre le Mali et le Sénégal, on ne peut que s’étonner devant un spectacle désolant : des dragues sont installés dans le lit de cet affluent du fleuve Sénégal. A bord, on voit des individus qui extraient l’or à l’aide d’une machine. Mais, leur action souille l’eau et contribue à la dégradation de l’environnement, d’où des tensions dans la zone.

Depuis quelques temps, l’orpaillage clandestin commence à devenir un problème majeur sur le fleuve Falémé. C’est face à ce constat que la population a réagi à travers des posts de vidéos et images sur les réseaux sociaux.

Le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré, accompagné de ses collègues en charge de l’Environnement et de la Sécurité, ont visité, jeudi dernier, le site d’orpaillage de B2Gold, dans le Cercle de Kéniéba. A la délégation, les populations de la zone ont exprimé leur mécontentement face à la destruction de l’environnement par les sites d’orpaillage illégaux et de dragage.

Le ministre et ses collègues se sont rendus sur ces sites incriminés dont les installations menacent, désormais, toute la Falémé. Mesurant la gravité de la situation, ils ont décidé de lancer l’opération dénommée «Falémé dambé ani sanouko dambé».

C’est vers 11h 20 minutes que l’avion transportant le ministre et sa délégation s’immobilisa sur la piste de l’aéroport de Kéniéba. Après de brèves salutations et entrevues avec les élus de Kéniéba, la délégation ministérielle a aussitôt pris la direction du site d’orpaillage de B2Gold pour des visites de terrain.

Sur ce site, le directeur de la sécurité des biens, Lassiné Coulibaly, a montré au ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, un champ solaire de plus 37MW qui a pris feu, récemment, et qui alimentait l’usine ainsi que toute la ville.

Il a indiqué que des enquêtes sont en cours pour connaître les raisons et situer les responsabilités de ce drame.

Après la visite du champ solaire, alimenté par plus de 30.000 panneaux, tous partis en fumée, la délégation s’est rendue sur deux autres sites d’orpailleurs clandestins opérant dans le lit de la Falémé. Ces sites ont aussi été détruits par des individus qui ont pris la fuite, quand ils ont appris l’arrivée du ministre.

Le ministre Traoré a ordonné de saisir tous les matériels abandonnés sur le terrain. Son collègue de la Sécurité et de la Protection civile, le colonel Modibo Koné, a, de son côté, donné des instructions pour la protection de ces lieux.

Selon le patron du département des Mines, Lamine Seydou Traoré, ce qui se passe en termes de dragage est très inquiétant socialement et économiquement pour notre pays. « Nous avons voulu porter ce signal fort en venant à trois pour mener à bien cette nouvelle opération afin de lutter contre le dragage et l’orpaillage illégal. C’est une lutte de longue haleine que nous comptons mener jusqu’au bout », a assuré le ministre Traoré.

Pour cela, il a invité la population de Kéniéba à une mobilisation pour le bien de tous. Selon lui, pour que l’or brille davantage pour le Mali et surtout pour le Cercle de Kéniéba, il faut des actions de ce genre. Pour M. Traoré, la production illégale d’or n’est pas soumise à une étude environnementale, personne ne voit les retombées.

Au-delà de cette lutte, il a expliqué qu’il faut que les populations travaillent légalement dans les mines, notamment dans les couloirs dédiés à l’orpaillage traditionnel. « Nous avons entrepris d’organiser ce type d’orpaillage pour le ramener dans le formel. Cela est important et des mesures sont prises qui seront matérialisées par l’adoption du nouveau code minier qui accorde une place de choix aux exploitants locaux », a-t-il dit.

De son côté, la ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Mme Bernadette Keïta, a invité toute la population de Kéniéba à se donner la main face à la dégradation de la nature. « C’est bon de chercher de l’or mais, ce serait bien de le faire dans les normes. Or, malheureusement, aucune norme n’est respectée avec des équipements qui ne sont pas adaptés et on voit aujourd’hui le fleuve Falémé qui se meurt de jour en jour », a dit la ministre.

Elle a tiré la sonnette d’alarme, en constatant : « L’heure est grave et il faut vraiment agir ». « C’est triste, ces images que nous voyons devant nous. Il est grand temps que la population nous aide. Si on veut un Mali nouveau, l’on cherche aussi un Malien nouveau. Il faut que cet environnement soit vite restauré », a-t-elle soutenu.

FC (AMAP)
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