Peu de progrès a été enregistré en 2020 dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Les raisons : le manque d’engagement des parties signataires, la crise sociopolitique, le coup d’Etat, la Transition et la pandémie de la Covid-19. La 41ème session du comité de suivi de l’accord (CSA), tente un nouveau départ.
A travers son rapport de fin d’année publié le 16 décembre 2020, le Centre Carter, Observateur indépendant, détaille les progrès réalisés et les retards dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.
L’Observation indépendante de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, est un rôle assuré par le Centre Carter qui est une organisation non gouvernementale. Le Centre Carter contribue à l’amélioration de la vie des personnes dans plus de 80 pays en résolvant des conflits, en promouvant la démocratie, les droits de l’homme et le développement, en prévenant les maladies et en améliorant les soins de santé mentale. Il a été fondé en 1982 par Jimmy Carter, ancien président des Etats-Unis, et Rosalynn Carter, ancienne première dame, afin de promouvoir la paix et la santé dans le monde.
Selon son bilan, le gouvernement et les deux parties signataires, à savoir la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la plateforme, ont marqué des résistances à l’avancement de sa mise en œuvre. Cela a entraîné des obstacles détériorant la situation sécuritaire et entrainant des problèmes de gouvernance.
Le Centre Carter cite en 2020, la crise politique et la pandémie de la Covid-19 qui ont paralysé l’action gouvernementale et la mise en œuvre de l’accord. Trois conséquences majeures sont liées à l’absence d’un cadre cohérent de mise en œuvre : le retard, le manque de confiance entre les parties et la grande dépendance de l’avancement du processus vis-à-vis des réunions mensuelles du CSA.
Les contestations lors des prises de décisions ont beaucoup retardé la réalisation des points. Les blocages persistent autour de la réforme du secteur de la sécurité (RSS), du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR).
Au cours de la 41ème session du comité de suivi de l’accord (CSA) du 24 au 27 novembre 2020, le gouvernement de la transition, a élaboré une nouvelle feuille. Cette feuille de route vise à clôturer rapidement, les actions prioritaires prévues par les 4 volets de l’accord : l’opérationnalisation des nouvelles entités administratives, le parachèvement du processus DDR et son extension à 3000 ex-combattants.
La feuille de route a également pour objectif le retour des services sociaux de base en matière d’éducation et la réalisation des auditions publiques de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). La reprise et l’accélération de la mise en œuvre s’effectueront pendant la période de la transition, sous l’égide du ministère de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale.
«Depuis sa signature le 15 mai et 20 juin 2015, plusieurs actions ont été réalisées, d’autres en cours d’exécution et des actions restantes. Les structures et mécanismes indispensables à la réalisation de l’accord ont été mis en place et opérationnalisés tels que la commission technique de sécurité (CTS), le mécanisme opérationnel de coordination (Moc), la Commission nationale pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion (CNDDR), la Commission nationale-intégration (CN-I), le Conseil national pour la Réforme du Secteur de la Sécurité (CN-RSS), la Mission d’évaluation conjointe des besoins dans le nord (Miec), les Agences de développement régional (ADR) et la Commission Vérité justice et Réconciliation (CVJR) », souligne le rapport du Centre Carter.
L’Observateur indépendant recommande dans son rapport, deux solutions essentielles ; le découpage administratif indispensable à l’établissement des circonscriptions et des listes électorales dans les nouvelles régions, cercles et communes, et l’opérationnalisation complète des premières unités de l’armée reconstituée déployées au nord.
Le quatrième pilier de l’accord concerne des actions à mener en matière de justice et de réconciliation d’où la création des commissions telles que la Commission d’enquête internationale, l’Office central de Lutte contre la délinquance financière (Oclei) et la CVJR. Le 5 décembre 2020, la CVJR a organisé la deuxième session d’audience publique. Treize victimes ont témoigné des violations graves de droits humains au Mali. La création du Conseil consultatif interrégional (CCI) et du Secrétariat permanent reste attendue pour opérationnaliser la stratégie spécifique de développement des régions du nord.