Au Mali, plus précisément dans la troisième région administrative (Sikasso), il ya un phénomène que tout voyageur par Car connaît. Il s’agit des vendeurs et vendeuses ambulant(e)s, circonstanciel(le)s dans les Cars de transport. A chaque arrêt du Car pour remplir des formalités de contrôle d’identité, de sécurité ou douanier, ces vendeurs et vendeuses, généralement de la couche juvénile, se précipitent, accourent dans les Cars pour la recherche des clients potentiels et par ricochet, pour se faire de l’argent en un laps de temps. Mais si ce phénomène satisfait certains, par contre, d’autres ne cachent pas leur dérangement voire leur mécontentement, y compris les chauffeurs de Car dépassés par la situation.
Nous sommes dans un Car d’une société de transport de la place dont le sérieux et la ponctualité ne font l’objet d’aucun doute. Le départ est pris à Bamako, le 16 décembre 2020, à la Gare de ladite société de transport aux environs de 9heures. Quelques minutes plus tard, nous sommes au poste de contrôle de Sénou (sortie de Bamako). Le chauffeur et son apprenti prennent les dispositions pour remplir les formalités de sécurité avec les agents de sécurité. Pendant ce temps, une dizaine de vendeurs ambulants s’engouffre dans le Car.
Elle se fraye un chemin de passage dans l’allée du Car. « Il y a de l’eau et de la boisson glacées » ; « il y a du biscuit, des gâteaux moins chers, vous en voulez ? » ; « Il y a l’œuf, du bonbon, du chewing-gum, des mouchoirs clinex, qui en veut ? » ; « il y a des médicaments » ; « il y a pomme et orange, qui veut acheter ? ». Ils ont des clients bien sûr. Mais, d’autres passagers n’ont pas caché leur mécontentement. Très courroucé par l’attitude de ces vendeurs, un voyageur s’en prend à l’un d’entre eux. « Hé ne me piétine plus encore hein. Est-ce que l’intérieur d’un Car est un lieu de vente ? Tu ne connais pas où se trouve le marché ? », s’alarme-t-il.
Après une dizaine de minutes, le chauffeur et son apprenti sont de retour à l’intérieur du Car. Certains vendeurs et vendeuses ont réussi à s’éclipser rapidement du Car. Le peu de vendeurs qui y restaient dans le Car ont subi tout le calvaire. Le Car étant hermétiquement fermé, le chauffeur a fait sciemment de conduire jusqu’à plus de 35 km de Bamako (devant le péage de Sanankoroba) avant de les faire descendre au bord du goudron en pleine forêt et cela après moult tractations, des suppliants de certains passagers.
Ce phénomène de vendeurs ambulants existe tout au long de ce même trajet, de Bamako à Zégoua, Kadiolo à la frontière ivoirienne, en passant par Bougouni, Nièna, Sikasso, Loulouni. « Pourtant, ils ne me gênent pas, parce qu’on a la possibilité d’acheter facilement ce qu’on veut sans faire de déplacement », indique une femme qui était dans le même Car. Il n’en fallait pas plus pour faire réagir un quinquagénaire. « Je trouve anormal qu’il y ait vente dans un Car de transport. Le marché est fait pour ça.
Ces vendeurs et vendeuses te piétinent sans même se rendre compte, pourvu qu’il y ait des clients et de l’argent. N’oublie pas qu’en cette période de Covid-19, on doit respecter aussi les mesures de distanciation sociale », a-t-il dit. « Nous vendons des marchandises à l’intérieur des Car dans l’intérêt des passagers eux-mêmes. Parce qu’il y a certains parmi eux qui ne peuvent pas se déplacer facilement dû à leur âge ou à leur poids. Comme nous sommes des jeunes, avec notre présence dans le Car, cela les arrange et cela les soulage. Ils peuvent effectuer facilement leur achat en toute tranquillité sans se précipiter et sans se déplacer. Sinon, même étant hors du Car, nous avons des clients », précise la vendeuse de marchandise Safiatou.