Depuis un certains temps les prix de l’huile alimentaire et du ciment connaissent une légère évolution sur le marché national. Et cette tendance n’est pas irréversible. Pour ce faire, la Direction générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence (Dgcc) a rencontré les acteurs des secteurs pour comprendre les causes de cette inflation et a proposé des solutions palliatives à court, moyen et long terme.
L’huile, victime d’une conjoncture
La faible production de coton lors de campagne dernière et une conjoncture internationale expliquent la légère augmentation du prix de l’huile alimentaire constatée ces temps-ci.
Selon les données de la Dgcc, les besoins nationaux de consommation d’huile alimentaire sont estimés à 10.056 tonnes par mois soit 120.672 tonnes par an.
Ces besoins sont satisfaits à 84% par la production nationale et 16% à partir des importations.
La Côte d’Ivoire est le principal pays partenaire en matière d’importation d’huile alimentaire (94%). Elle est suivie par le Royaume Uni (3%) et la Malaisie (2%).
Actuellement, le marché national connaît une pression de la demande sur l’offre en raison de la baisse des stocks détenus par les commerçants importateurs grossistes. Les stocks communiqués hebdomadairement aux structures de la DGCC ont connu une baisse de 26% au cours du quatrième trimestre 2020.
Sans pour autant atteindre le niveau du seuil d’alerte, cette tendance à la baisse des stocks disponibles sur le territoire a provoqué une augmentation sensible des prix à la consommation de l’huile importée par endroits, certaines localités du pays n’ayant pas connu ce phénomène grâce au commerce transfrontalier.
Ainsi, au cours de la période indiquée les prix de l’huile importée est passé d’environ 14.000 FCFA le bidon de 20 litres à 17.500 FCFA à Bamako chez les principaux grossistes. Quant au prix du litre au détail, il est resté en hausse de 16% à Koulikoro et de 10% à Kayes.
Concomitamment, la production de l’huile locale dont la compagne de production et de commercialisation s’étale d’octobre à juin connaît des difficultés compte tenu du démarrage tardif et timide des activités des unités industrielles en raison d’un déficit de matière première consécutif dû à l’effondrement de la production de graine de coton au niveau de la CMDT.
Une inflation justifiée
De l’analyse de la Dgcc, les informations recueillies sur le marché intérieur et international et les conclusions de la réunion présidée par le Directeur Général du Commerce de la Consommation et de la Concurrence le mercredi, le 06 janvier 2012 dans ses locaux avec les distributeurs grossistes font ressortir que la situation actuelle est liée à la combinaison de plusieurs facteurs. Il s’agit notamment : de la baisse des importations d’huile de palme raffinée en provenance de la Côte d’Ivoire en raison de l’ arrêt momentané pour des besoins de maintenance technique des installations du principal fournisseur des distributeurs maliens en Côte d’Ivoire à savoir la société SANIA Cie ; du démarrage tardif et timide de la campagne de production des unités industrielles locales de production d’huile alimentaire ; de la hausse du cours de l’huile de palme sur le marché international qui constitue la principale matière première de l’huile de palme raffinée produite en Côte d’Ivoire. Ainsi en début janvier 2020, le cours de l’huile de palme a atteint son plus haut niveau depuis 2014. Il s’est situé à 1.007 dollars la tonne contre 961 dollars en décembre 2020, 918 dollars en novembre et 819 dollars en octobre. Suite à la hausse en début janvier, le fournisseur ivoirien a augmenté son prix de 2.000 FCFA. Selon les analystes, cette hausse tendancielle du cours de l’huile de palme est soutenue par une forte demande, notamment dans le secteur des biocarburants et par l’inquiétude face à la contraction des approvisionnements.
Une tendance maitrisable
Sans pour autant jouer aux alarmistes, la Dgcc annonce que la hausse du cours de l’huile de palme devrait se poursuivre durant le premier semestre de l’année 2021 en raison de la faiblesse de l’offre par rapport à la demande mondiale.
Dans cette perspective, le prix fournisseur de l’huile raffinée importée connaîtra une hausse durant la période de janvier à mai 2021 qui coïncide, par ailleurs, avec le mois de Ramadan, période de consommation des denrées alimentaires par excellence dans notre pays.
Cependant, la Dgcc pense que la production nationale, étant la principale source d’approvisionnement du pays, peut dans les conditions normales de production amoindrir les effets du choc exogène.
Pour cela, les unités industrielles ont besoin de disposer à temps des 145.000 tonnes de graines de coton issues de la campagne cotonnière 2020/2021 et la CMDT réparties par ses soins aux unités industrielles.
Aussi que les besoins des unités évalués à 458 360 tonnes et non couverts par la quantité de graines disponibles auprès de la CMDT doivent être importés dans le cadre de la mise en œuvre du Décret N° 2019-0032 /P-RM du 28 janvier 2019 portant suspension de la perception de la TVA applicable à l’importation et aux achats locaux de graines de coton destinées aux unités industrielles de production d’huile alimentaires, au titre de l’exercice 2021.
A titre de rappel en 2018, les unités industrielles ont pu importer pour 129 904 tonnes de graines de coton à partir de la Côte d’Ivoire (70%), du Burkina Faso (29%) et du Benin (1%).
Selon plusieurs simulations des services de la Dgcc, il ressort que le prix de l’huile produite par les unités industrielles locales à partir de la graine importée ne peut atteindre le niveau actuel du prix de l’huile importée que lorsque le prix fournisseur de la graine de coton importée dépasse 130.000 FCFA la tonne.
Les proposition palliatives de la Dgcc
Pour atténuer les effets du choc actuel, la Direction générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence suggère entre autres :
A court terme, elle propose de mettre rapidement à la disposition des unités de production les quantités de graine de coton issues de la campagne 2020/2021 de la CMDT pour le démarrage et la continuité de la production industrielle locale avant le début du mois de ramadan, période de grande consommation par excellence de cette denrée ;
A moyen terme, la Dgcc préconise d’enclencher rapidement le processus d’application de l’arrêté déterminant les modalités d’application du Décret N° 2019-0032 /P-RM du 28 janvier 2019 portant suspension de la perception de la TVA applicable à l’importation et aux achats locaux de graines de coton destinées aux unités industrielles de production d’huile alimentaires d’importation.
Dans cette perspective, les représentants des unités industrielles sont convoqués en réunion, ce matin, à la DGCC pour soumettre les factures d’achat de la CDMT et procéder à la levée des intentions d’importation sur la base desquelles des cahiers de charges seront signés et transmis dans le circuit d’octroi des avantages fiscaux conformément à la réglementation en vigueur.
Evolution sensible du prix du ciment
La Dgcc annonce une perturbation du secteur et une spéculation injustifiée
Une légère évolution sur le prix de la tonne du ciment est constatée sur le marché national. Les investigations des services compétents de la Dgcc ont décelé une perturbation au niveau des transporteurs et un réseau de spéculateurs qui seraient à la base de cette augmentation injustifiée du prix du ciment.
Si l’augmentation sensible du prix de la tonne de ciment peut s’expliquer par les trois semaines de grève des transporteurs sénégalais qui a beaucoup perturbé l’approvisionnement du Mali à partir de ce pays où transitent près de 70% des marchandises destinées à notre pays.
Cette perturbation du marché du ciment consécutive à la baisse des importations sénégalaises a entrainé la hausse du prix au consommateur passant de 90.000 FCFA/tonne à 100.000 FCFA/tonne voire 110.000 FCFA/tonne.
Le prix moyen se situe aujourd’hui à 105.000 Fcfa/tonnes.
La Dgcc rassure que la situation devrait se normaliser dans les jours à venir avec la reprise normale du trafic entre le Sénégal et notre pays et la fin du confinement au niveau de la principale cimenterie de notre pays.
La chasse aux spéculateurs
En vue de contribuer à l’atténuation des effets de la hausse du prix du ciment des missions des services déconcentrés de la DGCC ont été déployées sur le terrain pour constater et sanctionner d’éventuelles pratiques spéculatives sur les prix.
En effet, cette situation a été dénoncée auprès des structures de la DGCC que pour maximiser leur marge commerciale réalisée sur le ciment malgré la baisse des chiffres d’affaires, des revendeurs s’adonneraient à de la spéculation sur les prix pour rattraper le manque à gagner à la baisse des activités.
Pour vérifier ses allégations, les équipes de la Dgcc déployées sur le terrain ont procédé à l’analyse des structures de prix, des pièces comptables comme les factures des fournisseurs avant et pendant la crise et procédé à des interpellations.
Des procès verbaux ont été dressés pour lesquels certains distributeurs sont convoqués à justifier les marges commerciales appliquées durant cette période de crise.
Faut-il rappeler que la production des trois cimenteries maliennes (C.M.M, DIAMOND CEMENT et CIMAF) couvre à peine le 1/3 de nos besoins nationaux estimés à environ 4.000.000 tonnes par an.
Aussi, la dépendance de notre pays à une seule source d’approvisionnement engendre des crises cycliques et conjoncturelles chaque fois que le secteur connaît des chocs internes au Sénégal.
A titre illustratif en mars 2020, le même phénomène s’est produit lorsque la principale usine sénégalaise est tombée en panne technique. Les autorités du Sénégal ont alors joué la préférence nationale en fixant des quotas à l’exportation et priorisant ainsi l’approvisionnement de leur marché intérieur
Cette année malgré la reprise du trafic, les importations de ciment sont restées timides, les transporteurs privilégient le chargement d’autres produits économiquement plus avantageux.
La proposition de la Dgcc
Pour résoudre ce problème de façon structurelle et mettre fin définitivement à ces perturbations devenues cycliques et atténuer la dépendance du Mali vis-à-vis des importations, la Dgcc suggère la promotion et l’augmentation rapide de la capacité productive de nos cimenteries confrontées aux délestages et manque d’électricité, aux charges de production et aux effets économiques de la crise sanitaire.
Pour sûr, la DGCC veille au grain quant à l’évolution des prix, au respect de la réglementation commerciale en vigueur et à la protection des consommateurs.