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Diplomatie Kankou Moussa : Une politique extérieure moderne et pertinente
Publié le lundi 18 janvier 2021  |  Le 22 Septembre
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De nos jours, nous faisons face à la globalisation de l’économie mondiale. L’économie internationale est devenue en soi un objet de diplomatie, ce n’est plus l’accessoire de la diplomatie politique. Conséquemment, le Mali doit se doter d’une politique extérieure moderne et pertinente. Comme son nom l’indique, notre projet prend son nom de Mansa Kankou Moussa. Evidemment, pour nous, Mansa Moussa est le père de la diplomatie commerciale et économique.


Un siècle après la fondation de l’Empire du Mali, Mansa Moussa règne sur un vaste territoire auquel il insuffle un esprit de nouveauté. Le souverain s’entoure de lettrés et de commerçants nomades qui voyagent entre le Maghreb, le Soudan et le Moyen-Orient, et lui font découvrir d’autres horizons. L’islam a pénétré l’Occident Africain, les religions et les langues de divers pays se côtoient et les étrangers sont bien accueillis.

Kankou Moussa était le Mansa de l’empire du Mali de 1312 à 1337. Il porte l’Empire du Mali à son apogée. Il établit des relations diplomatiques suivies avec le Portugal, Fès, l’Égypte et l’Arabie. Mansa Moussa est considéré comme l’un des souverains les plus riches de son époque et son règne correspond à l’âge d’or de l’empire malien.

Le pèlerinage à la Mecque de Mansa Moussa le rendit célèbre en Afrique du Nord et dans le Proche-Orient. Il part pour l’Arabie en 1324, sa suite comprend 72 000 hommes, des hérauts vêtus de soie et porteurs de bâtons d’or s’occupent des chevaux et des sacs. Au sein de la caravane se trouvent aussi, selon certains récits, 80 dromadaires portant entre 50 et 300 livres d’or en poudre chacun. Dans chaque ville qu’il traverse, Moussa offre ses richesses. Il est aussi indiqué qu’il construit une nouvelle mosquée chaque vendredi, quelle que soit la localité où il s’arrête ce jour-là.

Lors de son long voyage de retour depuis la Mecque en 1325, Mansa Moussa apprend que son armée a repris Gao, en pays Songhaï. Cette ville constitue à cette époque un important centre commercial. Une autre ville, Tombouctou est située sur un site favorable, à proximité du fleuve Niger, l’axe de transport principal de la région. La ville devient un carrefour religieux, culturel et commercial, ses marchés attirent les commerçants de l’Afrique occidentale comme d’Égypte, une médersa est fondée dans la ville (ainsi qu’à Djenné et Ségou) ce qui contribue à la diffusion de l’islam. Tombouctou devient une ville renommée pour son enseignement islamique. Les informations concernant la prospérité nouvelle de la ville parviennent jusqu’en Europe, les commerçants de Venise, Gênes et Grenade rajoutent la cité à leurs circuits commerciaux, ils y échangent des produits manufacturés contre de l’or.

Le pèlerinage de Kankou Moussa fut un succès, il permit de développer les échanges entre l’Egypte et le Soudan occidental, et fit connaître le Mali au-delà des frontières de l’empire. L’écho en parvint même en Europe puisqu’un atlas catalan, daté de 1375, qui se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale de Paris, présente un dessin des caravanes royales et de leur souverain.

La crise profonde qui touche le Mali fait grandir les inquiétudes. Face à cette crise, notre obsession doit être de préparer et protéger l’avenir de la nation. Il s’agit d’ouvrir un nouveau chemin pour le Mali.

Nos politiques doivent désormais engager nos intérêts vitaux. Au milieu d’un monde bouleversé et troublé par l’éternel conflit des intérêts géostratégiques, notre pays doit unir toutes ses forces et toutes ses intelligences pour penser le rôle et la stratégie du Mali au 21ème siècle : renforcement de la défense nationale, préservation de nos intérêts, gouvernance, droits de l’homme, et développement durable. Aussi, quel que soit le degré de notre frustration à l’endroit de la Cédéao, nous devons reconnaître la nécessité des organisations régionales et les fondements d’un monde multipolaire qui permettent une coopération économique et politique. Nous devons travailler ensemble pour que la Cédéao soit une force politique au service des citoyens, une Cédéao qui défende de bonnes politiques de gouvernance.

Aujourd’hui, nous devons engendrer des méthodes diplomatiques nouvelles. Définir une politique de sécurité nationale sur laquelle s’articuleront les efforts de la diplomatie malienne. Établir des politiques bilatérales appropriées vis-à-vis des institutions de développement internationales et régionales, ainsi que des pays amis. La politique gouvernementale devrait aussi être axée sur/cibler le secteur privé pour attirer les investissements et accroître les relations commerciales. Il s’agira de mettre en place une diplomatie innovante adaptée aux réalités et à l’évolution du monde actuel.

Nous devons placer la diplomatie économique au même niveau que la coopération politique avec les États partenaires. Favoriser la promotion des investissements directs étrangers. Instaurer un lien fort entre le ministère des Affaires étrangères et les structures économiques et d’investissement qui sont au cœur de la promotion du Mali. Assurer la cohésion avec l’ensemble des partenaires nationaux et régionaux, et établir le lien avec l’intelligence économique.

Les activités diplomatiques doivent être diversifiées en les étendant au-delà du cercle des diplomates professionnels. Le Mali doit disposer de diplomates qui ont une maîtrise parfaite des enjeux économiques et financiers du pays. Ils doivent être à même de proposer au gouvernement des solutions aux problèmes auxquels il est confronté et pouvoir les défendre devant nos alliés, nos partenaires bilatéraux, les institutions de développement et les forums de réflexion privés et publics. Les diplomates doivent faire valoir les intérêts nationaux par un usage judicieux des rouages diplomatiques. Ils doivent être capables de promouvoir les atouts économiques du Mali.

Nous devons renforcer les capacités de nos diplomates en instaurant une formation continue pour leur permettre de mieux défendre les intérêts de notre pays avec des outils appropriés.

Pour consolider la paix le Mali doit se doter d’une politique extérieure moderne et pertinente. Il s’agira de mettre en place une diplomatie innovante adaptée aux réalités et à l’évolution du monde actuel. Nous devons mettre en place des politiques pour permettre de mieux défendre les intérêts de notre pays avec des arguments valables et des solutions concrètes, mais aussi, d’assurer la promotion de notre cher Mali. Dans ce cadre, le Mali doit engager une véritable offensive diplomatique en direction des partenaires du développement pour les informer et les mobiliser en faveur du renforcement de la paix dans les régions nord du Mali.

Nous devons agir pour le rayonnement du Mali dans le monde, pour la pérennité de la nation malienne, de son identité et de sa culture, pour une intégration totale de la Cédéao, pour la construction d’une Afrique libre et démocratique et pour le bien être des êtres partout dans le monde.



Cheick Boukadry Traoré

Source: Mali Tribune
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