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Mission de la CEDEAO à Bamako : Choguel révèle tout à Goodluck
Publié le lundi 18 janvier 2021  |  L’aube
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La semaine dernière, une forte Délégation de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), conduite par son Médiateur, l’ancien Président nigérian, Goodluck Jonathan, a séjourné à Bamako. Avec un agenda focalisé sur une supervision à mi-parcours de l’exécution de la teneur de la feuille de route confiée à l’équipe dirigeante de la période de transition politique de dix-huit (18) mois à compter de septembre 2020. Dans le cadre de cette mission, le Médiateur principal de la Communauté sous-régionale et sa suite ont rencontré, après les Autorités civils et militaires de la Transition, le M5-rfp. Une rencontre à la faveur de laquelle, le Comité stratégique du M5-rfp a passé au crible tout un chapelet de réserves sous fond de préoccupations sur la conduite de la transition.
Le lundi 11 janvier 2021, le Médiateur en chef de la CEDEAO dans la crise sociopolitique malienne ayant conduit à la mise en place du Gouvernement de Transition en place était en mission à Bamako. Après les Autorités gouvernementales, Goodluck Ebele Jonathan, accompagné de la Ministre des Affaires Etrangères du Ghana assurant la présidence de l’Exercice tournante de la CEDEAO, Mme Shirley Ayorkor Botchway et plusieurs autres membres de sa Délégation, était l’Hôte des Responsables du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin et du Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-rfp). L’objectif de cette mission était de s’enquérir effectivement de l’état du processus de mise en œuvre des points saillants des recommandations de la Communauté internationale prescrites dans la feuille de route du gouvernement de transition en place.

En effet, la classe politique, à travers les partis politiques siégeant au sein du M5-rfp, associée à cette rencontre, a eu le flair de parler d’une seule voix, celle portée par le Président du Comité stratégique, Dr Choguel Kokalla Maïga. Question d’exposer à leurs interlocuteurs ses observations sur l’évolution de la période de transition de septembre 2020 à nos jours avec, à l’appui des suggestions et contributions concrètes censées faciliter le processus de sortie de crise escompté et permettre à la Délégation de la CEDEAO de mieux comprendre les acquis (s’il y a acquis) et les facteurs de blocage (s’il y en a également) et les perspectives.

Le porte-parole du M5-rfp a, dans son intervention, a rappelé à l’attention du Médiateur que, le M5-rfp n’avait pas eu l’occasion d’exposer à la CEDEAO ses appréciations sur la conduite de la Transition en cours.

Ainsi, au stade actuel de la Transition, les observations des partis politiques membres du M5-rfp s’articulent sur quatre points essentiels.

En premier lieu, il s’agit de l’engagement partagé d’instaurer au Mali une Transition civile qui est violé. Selon Dr Choguel K. Maïga, le Président de la Transition qui est un Colonel-major à la retraite, en l’occurrence Bah N’Daw, ne détient toujours pas les réalités du pouvoir en place.

Deuxièment, il fait savoir ouvertement que les véritables leviers du pouvoir sont détenus par le Vice-président de la Transition, un militaire chef de la Junte.

Ensuite, il précise que les postes clés du Gouvernement de cette Transition sont tous détenus par les militaires membres de la Junte. Et que les 4/5 des Ministres ont été désignés par la Junte sur la base des seules affinités.

Le Président du Comité stratégique fait observer aussi que le Premier Ministre civil est manifestement dans l’impossibilité́ de remplir pleinement ses pouvoirs de Chef de Gouvernement afin d’accomplir effectivement la mission confiée à lui par la Communauté internationale.

Concernant l’organe tenant lieu d’un pouvoir législatif, le Président du Comité stratégique du M5-rfp révèle aussi que le Président du Conseil National de la Transition (CNT) est un militaire membre de la Junte. Et il y ajouta avec un air de regret implicite que tous les membres du CNT ont été nommés par le Vice-président de la Transition. Ce qui constituerait, à son avis, un acte de violation flagrante et preuve de mésestime total des textes édictant les conditions et principes conventionnels mise en place de l’organe et de la Charte de la Transition en cours.

Relatif à l’administration de l’Intérieur, le Porte-parole de la classe politique souligne qu’une majorité́ des Gouverneurs de Régions sont des militaires. Et il enfonce clou en ces termes précis : “L’essentiel des nominations au sein de l’Administration sont faites par les militaires et choisies parmi les proches de la Junte”.

En deuxième lieu, le M5-rfp soutient avec fortes convictions que les menaces très fortes pèsent sur la tenue effective et régulière des élections libres, transparentes et crédibles à l’issue de cette Transition. Et, pour cause, Dr Choguel soutient résolument que les Autorités de la Transition s’éloignent de plus en plus de la mise en place d’un organe unique et indépendant de gestion du processus électoral requis. Or, cet organe demeure une exigence quasi-unanime de la classe politique et des acteurs sociaux et un gage de la crédibilité́ des élections. Il annote qu’’n lieu et place de cet organe “le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, en charge de l’organisation des élections, a mis en place une cellule d’appui qui, si elle n’est pas contestée dans le principe, s’est, de façon inacceptable, accaparée de certaines prérogatives de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et de la Délégation Générale aux Elections (DGE)”.

Ainsi, il prévient que ce genre d’écartement de la loi ne saurait être accepté.

En troisième lieu, Dr Choguel K. Maïga dénonce qu’un processus non inclusif de révision de la Constitution est déjà en cours.

Sans ambages, il révèlera que l’opinion nationale en général et le M5-rfp ont la puce à l’oreille par la voix d’un Ministre de la République que le processus de révision de la Constitution a démarré́.

Cependant, pour le M5-rfp, ce processus ne saurait en aucun cas être ni technocratique ni secrète. Mais, en revanche, il doit être ouvert, inclusif et consensuel. En substance, il rappelle qu’au Mali trois tentatives de révision de la Constitution ont été vouées à l’échec à cause principalement du caractère non consensuel et non inclusif du processus.

En quatrième et dernier point, du côté du M5-rfp, on préviendra aussi qu’un inadmissible Régime autocratique est en gestation. Comme prémices de ce recul démocratique, il dénonce des cas de détentions extrajudiciaires qu’il trouve arbitraires dans un Etat de Droit malgré la présentation plus tard des personnes interpellées devant les juridictions compétentes.

En outre, suite aux tractations constatées lors de l’installation du CNT, Dr Choguel K. Maïga accuse les Hommes forts de Kati d’être à l’origine de mépris affiché pour l’Etat de Droit et l’imposition, par la force et la manipulation, des desideratas de la Junte militaire. Concrètement, il suggère auprès du Médiateur de la CEDEAO à ce qu’il y ait urgemment un acte officiel de dissolution du CNSP.

Djankourou
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