Des organisations de la société civile annoncent une manifestation ce mercredi 20 janvier pour demander le départ des soldats français du Mali. Elles accusent la France d’atiser la crise sécuritaire qui sévit dans le centre du pays. Pourtant des spécialistes des questions sécuritaires préviennent que l’armée malienne seule ne peut pas faire face aux groupes terroristes. Mais pour certains politologues, il faut revoir les accords militaires entre les deux pays.
Parmi les organisateurs de cette manifestation, figurent des membres du Conseil national de transition (CNT). Selon eux, le Mali est victime d’un complot ourdi par la France. Le Président du CNT a invité les organisateurs du mouvement à cesser de s’en prendre à la France et à son armée. Toutefois, les manifestants se disent déterminés à tenir leur rassemblement ce mercredi 20 janvier, date anniversaire du départ du dernier soldat français du territoire malien en 1961.
Pour le sociologue Aly Tounkara, le départ de l’armée française n’est pas une solution à la crise malienne. Au contraire, le directeur du Centre d’études stratégiques et de sécurité au Sahel pense que cela risque de détériorer la situation sécuritaire faute d’alternative. « Naturellement un tel départ prématuré pourrait avoir des conséquences fallacieuses. L’armée et l’élite politique malienne aujourd’hui n’ont pas une alternative à court terme qui peut compenser l’absence de l’armée française sur le territoire ». L‘unversitaire ajoute que « beaucoup de ces contestataires ne savent pas ou ignoreraient le mandat et les modalités d’intervention de l’armée française dans le sahel en général et au Mali en particulier ».
Cet appel à manifester pour le départ de la Force française du Mali n’est le premier du genre. Plusieurs mouvements contre la présece française au Mali ont déjà été organisés en 2019. Le politologue Boubacar Bocoum comprend cette demande insistante de certains Maliens en faveur du retrait des forces françaises du Mali. Selon lui, elle s’explique par «l’ambiguïté» de la position de la France dans le pays. « Les Maliens ont du mal à comprendre que malgré la présence des Nations-Unies, avec tous les soldats que nous avons et toute l’armada que nous voyons circuler tous les jours dans nos rues et dire qu’il n’y a pas de sécurité. Boubacar Boucoum estime qu’il faut revoir les accords bilatéraux entre la France et le Mali». « Aujourd’hui en réalité il s’agit d’amener l’État du Mali à aller vers la révision du chapitre 07 et du chapitre 09 des Nations-Unies. La mission de Barkhane doit changer de posture » soutient-il
En attendant les organisateurs de la manifestation de ce mercredi annoncent la participation de plusieurs organisations de la société civile, des partis politiques, des membres de la diaspora ainsi que des gilets jaunes de France. Reste à savoir si le rassemblement sera autorisé par les autorités.
La présence des forces françaises alimente aussi la polémique dans les régions. A Tombouctou certains habitants estiment que ces forces ont été incapables de rétablir la sécurité au Nord du pays depuis leur arrivée en 2013. D’autres, en revanche, affirment que sans leur présence, toute cette partie du pays serait toujours contrôlée par les groupes djihadistes .