Depuis le 20 août dernier, la plainte introduite auprès de la justice par la société BèeSago se trouve au niveau du Pôle Economique et Financier de Bamako. Cette » plainte pour délit de favoritisme » vise d’anciens et d’actuels responsables du département de la santé, au premier rang desquels l’ex-ministre de la santé sous ATT, Oumar Ibrahima Touré, à la tête depuis d’un parti soutenant le président élu IBK. Avec d’autres cadres de la santé, il pourrait être entendu, dans les prochains jours, au niveau de cette structure chargée de traquer les délinquants à col blanc.
C’est à la suite d’une plainte introduite auprès du chef d’Etat-major de la Gendarmerie Nationale par le P-DG de la société BèeSago, en octobre 2012, que de hauts responsables du ministère de la santé risquent de se retrouver, dans les prochains jours, devant le juge anticorruption du Pôle Economique et Financier de Bamako. Tout commença en mars 2009 quand, à la suite d’une consultation restreinte de graves irrégularités ont été relevées dans l’attribution du marché de fourniture de 500 000 moustiquaires imprégnées d’insecticide.
Selon le P-DG de la société BèeSago, Amady Gassama Diaby, »suite à un processus de dépouillement nébuleux, piégé en amont, les lots de moustiquaires imprégnées d’insecticide ont été attribués anormalement à des soumissionnaires qui ne réunissent pas toutes les conditions légales et réglementaires requises dans le cahier de charges. Ce processus d’attribution malsain des marchés, en violation des dispositions des données particulières de l’Appel d’offres (DPAO), a concouru à l’exécution dudit marché, dans le non respect de la loi et par une répartition frauduleuse des lots, pour un montant de 1.162.733.000 F CFA « .
Saisi du dossier, le Camp I de la Gendarmerie Nationale, après avoir entendu les cadres concernés de la Direction des Finances et Matériels (DFM) du ministère de la Santé, a transmis le dossier au Tribunal de la commune III du District de Bamako qui vient, à son tour, de le passer, le mardi dernier, au Pôle Economique. Après donc l’affaire de détournement de 2 milliards F CFA du Fonds mondial qui a défrayé la chronique durant les derniers mois du règne d’ATT, voilà que le début du mandat d’IBK commence par le » scandale des moustiquaires imprégnées « .
A moins que cette énième affaire ne soit étouffée dans l’œuf comme celle qui l’a précédée a été jugée et classée à la surprise générale d’une opinion médusée. Alors que dans cette dernière affaire, l’Etat du Mali demeure toujours redevable de la somme de 2 milliards F CFA à l’institution onusienne. Sans pour autant qu’on ne sache (toujours pas) qui a détourné cette somme au détriment du Fonds mondial de lutte contre la tuberculose, le paludisme et le sida. Certainement que ce dossier n’a toujours pas fini de livrer tous ses secrets.
Présumé candidat à un poste juteux auprès du président IBK pour lequel il a battu campagne dans les fiefs de l’URD au nord du Mali, l’ex-ministre de la santé, Oumar Ibrahima Touré, signataire de ces marchés controversés, risque de se voir convoquer chez le juge du Pôle Economique dans les prochains jours. Il devra être précédé par des cadres concernés en activité ou non à la DFM ou dans d’autres structures du département de la santé. Cela dans le cadre de la recherche de la vérité pouvant déboucher par une remise de BèeSago dans ses droits.Affaire à suivre.