«Ce qui vous déplaît dans vos prédécesseurs, évitez-le, pour n’en donner pas l’exemple vous-mêmes à ceux qui viendront après vous. Et s’il arrivait que vous vinssiez à leur donner un tel exemple, vous devriez souhaiter qu’ils ne le suivent point; aussi vous-mêmes ne suivez point les mauvais exemples de ceux qui vous ont précédé…» (Confucius, Livre Premier, p 38).
Comme on le dit souvent; la répétition est pédagogique. Pour ainsi dire, l’on ne se lassera jamais de rappeler que l’un des goulots d’étranglement qui assassine tout espoir de développement, d’équité sociale et de justice équitable c’est bien ce fléau rongeur à double tête de notre économie, à savoir la corruption et la délinquance financière.
Il n’est plus un secret pour personne de bonne volonté et doté d’un minimum de crédit que les maux dont le régime Moussa Traoré a semé les graines sont aujourd’hui à la parade de tout développement socio-économique durable. Il s’agit, entre autres, des détournements de deniers publics, de la surfacturation, des faux en écriture, des marchés de gré à gré avec en dessous des pourboires, l’escroquerie, la gabegie, la vente illicite des terres de l’État, toutes choses que l’on met sous le chapeau à double ombrage de la corruption et de la délinquance financière.
Ainsi, si sous Moussa Traoré, les serviteurs de l’État se sont donné à cœur joie à la privatisation des sociétés et entreprises d’État érigées comme joyaux économiques par le régime nationaliste de Modibo Keïta, si sous Moussa Traoré le détournement de la somme de dix millions de francs malien entraînait de facto la condamnation à mort de celui qui se rendait coupable, aujourd’hui, les serviteurs de l’État n’ont trouvé qu’un seul créneau pour se construire des paradis terrestres au Mali et à travers le monde.
L’assurance de toutes les assurances est donnée par le régime «démocratiste» d’Alpha Oumar Konaré aux bandits et délinquants financiers qui opèrent sans vergogne dans les caisses de l’État malien qu’ils n’ont pas besoin de s’inquiéter pour leurs forfaitures: la peine de mort est désormais classée dans les calendes grecques, quelque soit le crime.
À l’ère de la démocratie, la corruption et la délinquance financière sont devenues la règle de tous les jeux en République du Mali. Pour ainsi dire, celui qui ne corrompt pas ne devait plus s’attendre à être servi avec respect. Cette règle pour le moins satanique et infâme, a fini par ronger même de bons cadres, intègres et travailleurs.
Cette règle se résume en cette cynique leçon: ‘‘Celui qui veut bien servir le peuple malien est un avatar de l’histoire et un maudit de l’ère démocratique’’. La suite logique à laquelle il fallait s’attendre ne fut autre que l’érection de la corruption et de la délinquance financière comme mode de vie national. Cette école bien construite par les «démocrates» insatiables forme aujourd’hui encore les rapaces de la scène politique nationale.
La fondation du Mali nouveau relève aujourd’hui du devoir impérieux de tous ceux qui ont encore le moindre souci du devenir du peuple travailleur du Mali. Cet impérieux devoir incombe avant tout aux responsables civiles et militaires de la transition que les citoyens ont saluée de tous leurs vœux.
Pour ainsi dire, il leur incombe de travailler à éviter tous les actes des «démocrates» ayant conduit le pays dans le labyrinthe de l’histoire universelle. Il y va de la crédibilité des acteurs de cette transition et de la refondation du Mali. C’est en cela qu’ils doivent totalement se démarquer dans leurs actes de leurs prédécesseurs (religieux, hommes d’affaires, politiciens) rompus à la politique politicienne avec comme seul gage de s’enrichir aux dépens de l’économie nationale et sur le dos du contribuable malien.
Pour ce faire, ces hommes et ces femmes qui ont en charge de gérer la transition au Mali ne doivent pas perpétrer les actes des politiciens qui ont souillé l’honneur et la dignité de notre peuple travailleur. Il y va de l’avenir de toute une nation. Ces hommes et ces hommes de la transition doivent donc faire de cette leçon de probité morale la leur: «Ce qui vous déplait dans vos prédécesseurs, évitez-le, pour n’en donner pas l’exemple vous-mêmes à ceux qui viendront après vous. Et s’il arrivait que vous vinssiez à leur donner un tel exemple, vous devriez souhaiter qu’ils ne le suivent point; aussi vous-mêmes ne suivez point les mauvais exemples de ceux qui vous ont précédé…» (Confucius, Livre Premier, p 38).
Aujourd’hui, les populations maliennes ont compris que les politiciens maliens les avaient embarqués, en 1991 dans leur mouvement dit ‘‘démocratique’’ pour faire chuter le général Moussa Traoré qui était tout sauf bon (il faut le dire).
Le 26 mars de cette année fut la consécration de ce combat de notre peuple travailleur. À l’époque, les gens se sont levés comme un seul homme pour libérer le Mali de la dictature militaro-udpmiste de Moussa Traoré et de la tyrannie de l’habitude. Comme pour dire que le mouvement ‘‘démocratique’’ était si hétéroclite qu’il avait fait un mélange de chats et de souris, de choux et de salade, de pétrole et de lait. Tout s’est passé comme si, tous ceux qui se sont mobilisés contre le régime de Moussa Traoré, avaient les mêmes pensées, les mêmes objectifs. Loin de là !
Le président Traoré qui connaissait bien ces hommes et ces femmes en ébullition dans le mouvement dit ‘‘démocratique’’ n’avait pas manqué d’avertir que ceux qui s’agitaient contre son pouvoir étaient pratiquement tous à la recherche de place à l’ombre aux dépens des masses travailleuses. Difficile de saisir cette vérité à l’époque ! Les patriotes ont été noyés et avalés par les requins de la politique politicienne.
Certainement par méconnaissance ou par inattention idéologique. En tout cas, le Professeur Kary Dembélé (paix à son âme !) avait dit dans les colonnes d’un journal que la démocratie malienne finira par manger ses propres enfants. Le temps a permis aux patriotes et au peuple malien de découvrir les faucons de la République. Aujourd’hui, l’on peut dire avec juste raison que les hommes et les femmes (dans leur écrasante majorité) qui animaient le mouvement dit ‘‘démocratique’’ poursuivaient des desseins inavouables. Les actes que ces «démocrates» au ventre mou avaient posés, de 1991 à 2020 prouvent à suffisance que ceux qu’ils disaient n’était pas ce qu’ils pensaient ou ce qu’ils ont fait après la chute de Moussa Traoré.
Cette amère expérience que notre peuple vit aujourd’hui prouve à suffisance et à juste titre la désillusion d’un jeune qui avait bien grandi par la suite. Il a écrit pour la postérité: «Il faut une longue expérience pour connaître le cœur de l’homme. Je m’imaginais, lorsque j’étais jeune, que tous les hommes étaient sincères, qu’ils mettaient en pratique tout ce qu’ils disaient : en un mot, que leur bouche était toujours d’accord avec leur cœur. Mais maintenant que je regarde les choses d’un autre œil, je suis convaincu que je me trompais. Aujourd’hui, j’écoute ce que les hommes disent, mais je ne m’en tiens jamais à ce qu’ils disent, je veux savoir si leurs paroles sont conformes à leurs actions.» (Confucius).
Comme pour dire que les hommes peuvent dire ce qu’ils ne pensent pas, penser ce qu’ils ne disent, dire ce qu’ils ne pensent pas ou ne font pas. C’est donc dire qu’il importe de juger les hommes et les femmes de la transition à la tâche. En ces temps qui courent, des religieux et des hommes d’affaires se remettent en selle sur la scène politique en lieu et place des politiciens qui ont conduit notre pays dans le précipice (quand bien même ils sont eux aussi largement comptables).
Face à la problématique de la refondation du Mali, il n’y a qu’à mémoriser ces mots d’avertissement de cet homme politique russe: «Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes.» (Lénine).
En tout état de cause, notre peuple doit s’aviser pendant qu’il est temps qu’i n’y a pas d’homme neutre par rapport à la chose politique, pas en tout cas le religieux ou l’homme d’affaires. Un écrivain et philosophe avait averti en ces termes: ‘‘Le prêtre est soit du côté du roi contre le peuple, ou du côté du peuple contre le roi.’’
L’expérience au Mali prouve à suffisance que les dirigeants religieux, dans l’essentiel des cas, ont toujours opté pour le corps politique aux dépens des masses travailleuses de notre pays. Pour tout dire, les hommes et les femmes en charge de la gestion de la transition ne doivent pas se laisser distraire un seul instant: ils n’ont pas de temps à perdre. Ils doivent procéder à la traque des déprédateurs de notre tissu économique national, y compris en se fondant sur les signes extérieurs de richesses.
En effet, la réussite de la transition passe nécessairement par le combat sans merci contre la corruption et la délinquance financière. Pour le bonheur du peuple malien !