L’ancien président de la République du Mali, Alpha Oumar Konaré, non moins ancien président de la commission de l’Union Africaine, aujourd’hui bombardé médiateur dans la crise égyptienne, est un homme bizarre. Curieusement, durant toute la crise malienne, personne n’a entendu cet historien « peureux » parler ni du coup d’Etat du 22 mars 2012 ni de l’intervention française. La seule fois qu’on l’a entendu parler, c’était en faveur de la campagne présidentielle de juillet 2013 pour dire son soutien à Dramane Dembélé et suite à sa nomination comme médiateur de l’UA dans la crise Egyptienne.
Une manière pour l’historien « peureux » de quitter le pays sur la pointe des pieds. Pas parce qu’il n’aime pas le pays, mais par peur de rester à Bamako pour être emporté par la déferlante IBK qui commençait à balayer tout sur son passage. Avec l’arrivée d’IBK au pouvoir, celui-là même qui a sauvé ses deux mandats à Koulouba (1994-2001) en tant que premier ministre, devenu depuis son ennemi à abattre coûte que coûte, les coups bas d’hier d’AOK deviennent lourds de conséquences aujourd’hui. Personne ne peut préjuger de ce qui adviendra demain, mais la prudence est mère de sûreté.
Le grand sauveur du monde, bien qu’incapable de sauver la case paternelle, prétend avoir les compétences requises pour réconcilier les enfants des pharaons visiblement plongés dans une guerre civile aux lendemains incertains.
Muet sur l’essentiel, cet homme qui nous a « imposé » un militaire autodidacte qui s’est sauvé en confiant le destin des maliens à des terroristes et autres narcotrafiquants de classe mondiale, a préféré s’éloigner de la mère-patrie pour voir venir de loin ce qui s’annonce comme un mandat présidentiel de nettoyage général des écuries, trop longtemps souillées par des pratiques d’un autre âge. Pourtant quand il s’agit de ses intérêts ou de ceux de son beau-fils, il ne manque jamais d’imagination. C’est ainsi qu’il s’était arrangé pour imposer aux malgaches, Tiébilé Dramé (beau fils d’AOK) comme médiateur. Ce dernier n’ayant visiblement aucune connaissance ni du dossier ni des réalités de ce pays, fut remercié et la crise perdure jusqu’à ce jour. Ensuite, il l’imposa aux maliens comme négociateur de la crise à Ouagadougou, où il s’est planté et nous est revenu avec un document plein d’incohérences, de sous-entendus et de non-dits qui font perdre leur latin aux diplomates les plus aguerris. C’est ainsi, par exemple, que le MNLA demanda la libération de tous leurs prisonniers, une requête qui ne figure nulle part dans le document officiel qu’il nous a présenté.
Cet excellent orateur, constructeur de belles phrases creuses, selon certaines indiscrétions, n’a jamais été à la hauteur des dossiers qu’il a eu à gérer. Il a toujours fait preuve de tâtonnement au sommet de l’UA et aujourd’hui dans la crise égyptienne. C’est pour cette raison que, depuis sa nomination à ce poste à nos jours, il n’a pris aucune initiative visant à réconcilier les frères ennemis de ce pays. Personne ne l’a entendu sur ce dossier depuis, aucune communication autour d’une proposition crédible de sortie de crise, malgré le massacre des milliers de personnes dans ce pays par le nouveau regime. Rien et absolument rien ! C’est dire que ce fameux médiateur est plus qu’aphone.