En janvier, une centaine de djihadistes sont morts au cours d’offensives conjointes de l’opération française Barkhane et de l’armée malienne. Cette opération « Éclipse » met en évidence l’importance de la présence française au Sahel, tandis que les missions de combat sont progressivement confiées aux forces locales.
Émilien Roy, le 28/01/2021 à 11:02 Modifié le 28/01/2021 à 11:37
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L’opération « Éclipse » au Mali : un argument en faveur de la présence française
Un soldat français à Gao, en février 2013.
TANYA BINDRA/EPA
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Du 2 au 20 janvier, les soldats maliens et la force française Barkhane ont mené conjointement une opération d’envergure contre les djihadistes présents dans la région des « trois frontières ». L’opération, nommée « Éclipse », aurait fait une centaine de victimes côté djihadistes.
La zone où ont eu lieu les interventions militaires se situe au nord du Burkina Faso, au centre du Mali et au sud du Niger. La région est un lieu de base arrière et de repli pour les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affiliés à Al-Qaida, et pour ceux de l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS).
→ LES FAITS. Mali : les armées française et malienne ont tué une centaine de djihadistes
« Les forces maliennes et françaises ont travaillé main dans la main, appuyées par des moyens aériens de surveillance, de reconnaissance et d’attaque. Il s’agissait d’une opération de ratissage de la zone, pour détruire du matériel, déloger les djihadistes et montrer que les troupes militaires étaient présentes dans la zone », souligne Gaspard Schnitzler, chercheur sur les questions de défense à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
À la mi-janvier, déjà, le gouvernement français avait annoncé la mort d’une vingtaine de combattants ennemis lors d’une opération. La dernière en date visait à « bouter l’ennemi hors de ses zones de refuge ». L’armée malienne s’est félicitée d’avoir neutralisé « une centaine de terroristes », d’en avoir capturé « une vingtaine » et d’avoir saisi plusieurs motos et matériels de guerre.
► Dans quel contexte s’inscrit-elle ?
La France combat les djihadistes au Sahel depuis 2013, avec l’opération Serval devenue Barkhane en 2014 après son intégration dans un dispositif régional. La France a déployé 5 100 hommes aux côtés des armées du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger) pour lutter contre les groupes armés djihadistes dans la région.
Barkhane mène régulièrement des opérations, à l’instar d’« Éclipse » dans la zone des « trois frontières ». Fin décembre et début janvier, cinq soldats français y ont trouvé la mort. « Ce n’est pas un hasard que des soldats soient morts à cet endroit, devenu le centre de gravité » des affrontements dans la région, rappelle Michel Galy, colonel (ER) des troupes de marine et ancien titulaire de la chaire d’histoire militaire à l’École de guerre.
Le succès affirmé de l’opération « Éclipse » tombe bien pour la France au moment où sa présence dans la région « est remise en question dans l’opinion publique en France, dans les pays du Sahel et à l’international », relève Gaspard Schnitzler. En particulier, elle « prouve l’importance du maintien d’une présence militaire sur le terrain avant le sommet de N’Djamena le 15 février ». Lors de ce sommet régional, la question des priorités et du déploiement du dispositif Barkhane sera discutée.
L’opération « Éclipse » permet à la France de mettre l’accent sur un succès militaire de ses alliés, en l’occurrence les forces maliennes, avec en ligne de mire, un possible repli des troupes françaises à venir. « Il y avait eu dans le passé l’opération Bourrasque avec l’armée nigérienne, explique Michel Galy. Cette fois, l’accent est mis sur les forces armées maliennes, qui étaient, à la fin 2019, au bord de l’effondrement ».
La France pousse en effet pour que les opérations soient de plus en plus le fait d’armées locales, offrant son aide en moyens aériens et conseillers notamment. « La mise en place de la force Takuba, groupe de forces spéciales européennes, va aussi dans cette direction », met en avant Gaspard Schnitzler. Cette initiative française a déjà suscité l’intérêt de plusieurs pays, l’objectif étant d’atteindre « 400 à 500 soldats ».