Le lancement de la monnaie unique des 15 pays regroupés au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest ((CEDEAO) était prévu pour la première fois en 2003, mais il a été reporté à plusieurs reprises ; 2005, 2010, 2014, 2020 et maintenant 2021. En effet selon le communiqué final de la cinquante-huitième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui s’est tenue le 23 Janvier 2021 par visioconférence, sous la présidence de S. E. M. Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana, Président en exercice de la Conférence concernant la création monétaire : « La Conférence a pris note de la dégradation de l’état de convergence macroéconomique au sein de la CEDEAO en 2020, sous l’effet des mesures prises par les Etats membres pour lutter contre la Covid-19 et relancer leurs économies. Au regard de l’impact prévisible de la deuxième vague de la pandémie sur l’état de convergence macroéconomique en 2021, le Sommet décide d’exempter les Etats membres du respect des critères de convergence macroéconomique au cours de l’année 2021. »
Notons que les quatre premiers critères de 1er rang concernent : 1) Un déficit budgétaire n’excédant pas 3%. 2) Un taux d’inflation annuel moyen inférieur à 10%,. 3) Le financement des déficits budgétaires par la Banque centrale ne devrait pas dépasser 10 % des recettes fiscales de l’année précédente, 4) La disponibilité des réserves extérieures brutes représentant au moins trois mois d’importations. Une véritable union monétaire nécessite des une discipline budgétaire sans faille permettant d’amoindrir les chocs extérieurs pour ses membres. La création de la monnaie unique de la CEDEAO, est un des objectifs fondamentaux de cette institution d’intégration sous-régionale créée le 28 mai 1975 à Lagos (Nigéria) qui compte environ 400 millions d’habitants et qui s’étend presque sur 5 millions km2. Son objectif d’intégration économique est double : favoriser le commerce, les échanges et la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux entre les différents pays membres, ainsi qu’impulser une croissance économique forte, durable et inclusive au niveau de la sous-région.
Par ailleurs, toujours selon le communiqué final : « la Conférence félicite le Comité ministériel sur le Programme de la monnaie unique pour les diligences accomplies dans la mise en oeuvre des décisions prises lors de sa 57ème Session ordinaire tenue le 7 septembre
2020, à Niamey, au Niger. Elle instruit la Commission, en collaboration avec l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO), l’Institut Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (IMAO), la Commission de l’UEMOA et les Banques centrales de la Communauté de lui soumettre lors de sa prochaine session ordinaire : i. le projet du nouveau Pacte de convergence et de stabilité macroéconomique entre les Etats membres de la CEDEAO, avec le 1er janvier 2022 comme date de début de la phase de convergence ; et ii. la nouvelle Feuille de route pour le Programme de la Monnaie Unique de la CEDEAO. Les Chefs d’Etats ont d’autre part, pris note de l’état de mise en oeuvre du système des paiements et règlements de la CEDEAO, visant l’établissement d’un mécanisme multilatéral qui permettra l’utilisation des monnaies nationales pour le paiement et règlement des transactions intra-Communautaires. Ils instruisent la Commission, en collaboration avec les Banques centrales de la Communauté et l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest d’accélérer les travaux en vue de l’interconnexion urgente des systèmes de paiements de la CEDEAO, et leur soumettre un rapport lors de leur session ordinaire du mois de juin 2021. »
Bamako, le 31 janvier 2021
Modibo Mao MAKALOU
MBA/Finance internationale.