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L’entrepreneuriat et croissance économique : les recettes de Modibo Mao Makalou
Publié le mardi 2 fevrier 2021  |  Azalaï-Express
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C’est à cette question cruciale que répond, Modibo Mao Makalou, économiste et ancien conseiller économique à la Présidence de la République. Dans cet article, il pense que la crise mondiale actuelle devrait ainsi entraîner la première récession en Afrique subsaharienne depuis 25 ans. Cela à causes des petites et moyennes entreprises en difficultés faute de financement. Il propose que les investissements publics doivent impérativement servir de levier à la croissance inclusive, la création d’emplois décents et au développement durable. Lisez !

Le Robert stipule que le mot entrepreneuriat est recommandé par l’office de la langue française. Selon la définition, il définit » la fonction d’une personne qui mobilise et gère des ressources humaines et matérielles, pour créer, développer et implanter des entreprises. » Cependant, les entreprises grandes ou petites, formelles ou informelles font face à un environnement précaire et néfaste pour la survie des entreprises, notamment des infrastructures peu performantes, une règlementation très complexe et des difficultés d’accès aux financements des activités.

Toutefois, une pandémie comme la Covid-19 est un choc exogène qui a un impact important sur l’activité économique mondiale en mettant en péril les équilibres interne et externe qui figurent au premier rang des objectifs fondamentaux économiques des pays. Les politiques de prévention et de précaution (distanciation sociale) induisent délibérément un ralentissement de l’activité économique afin de contenir la pandémie. Mais ces politiques d’endiguement et de confinement peuvent provoquer aussi des récessions économiques amenant ainsi les dirigeants des pays du monde entier à mettre en place des politiques économiques et des mesures de relance économique afin de juguler la récession économique et minimiser les effets dévastateurs causés par ce choc exogène sur les économies et affectant de manière disproportionnée les populations les plus démunies.

Dans une économie circulaire, sous une forme simplifiée, les ménages possèdent les deux (2) plus importants moyens de production, le capital et le travail qu’ils fournissent aux entreprises, qui l’utilisent pour fabriquer des produits et vendre des services que les ménages achètent ensuite avec les salaires que les entreprises leur ont payé, complétant ainsi le circuit et permettant à l’économie de continuer à croître. En fait, une interruption des flux dans une partie quelconque du circuit économique provoque un goulet d’étranglement et donc un ralentissement partout dans le circuit économique. Ainsi quand les entreprises ont des difficultés de trésorerie, les employés et donc les ménages qui ne reçoivent pas de salaires connaissent des difficultés financières et ralentissent ainsi leurs dépenses de consommation réduisant ainsi la demande globale.

Un récent rapport de la Banque des règlements internationaux (BRI) a souligné l’ampleur de la menace, estimant que 50 % des entreprises n’auront pas les liquidités nécessaires pour supporter le coût de leur dette au cours de l’année à venir. Les faillites d’entreprises constituent un autre point d’achoppement pour l’activité économique. Les entreprises surtout les petites et moyennes entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPE) qui ont beaucoup de difficultés pour accéder aux financements bancaires sont particulièrement vulnérables à la baisse de leur trésorerie. Lorsque les créanciers et les travailleurs ne sont pas payés, ils dépensent et investissent moins. En effet, la faillite d’une entreprise peut mettre d’autres entreprises en danger. Ce type de faillite en chaînes a été observé, par exemple, dans le secteur des services, de l’industrie et du bâtiment lors de crises économiques précédentes. Il y a donc lieu également de revoir et ajuster le cadre juridique de l’insolvabilité pour tenir compte des circonstances exceptionnelles de la crise, et faciliter l’accès aux financements bancaires ce qui pourrait permettre de sauver davantage d’entreprises et de renforcer les conditions générales de la reprise économique.

Les effets de la Covid-19 sont la résultante d’une combinaison de facteurs, parmi lesquels la désorganisation des échanges et des chaînes de valeur mondiales, qui pénalise les exportations de produits de base et la réduction des flux financiers (investissements directs étrangers, transferts de la diaspora, aides extérieures, recettes touristiques, fuites des capitaux…). Bien que l’Afrique soit relativement moins touchée que les autres continents, elle reste fortement exposée aux impacts sociaux et économiques de la Covid-19. La crise devrait ainsi entraîner la première récession en Afrique subsaharienne depuis 25 ans et annuler les progrès de réduction de l’extrême pauvreté obtenus après tant d’efforts durant de nombreuses années pour réduire les inégalités et la pauvreté.

Le think tank Brookings des Etats-Unis d’Amérique estime qu’un tiers (1/3) des Africains vit actuellement en dessous du seuil de pauvreté. Il incombe donc aux gouvernements africains d’élaborer des plans stratégiques nationaux et sous-régionaux de développement durable intégrant la gestion axée sur les résultats pour stimuler la croissance, la création d’emplois, et l’éradication de la pauvreté et des inégalités. Les plans doivent contenir des objectifs clairs, des indicateurs de résultats simples, des délais raisonnables et être adossés à des plans de financement.

Aussi, les dépenses publiques devraient cibler les secteurs clés et les services de base essentiels, comme l’agriculture, l’éducation, la santé, la protection sociale, l’eau potable, l’industrie, les logements, le développement urbain et l’assainissement, de même que des infrastructures de base de qualité qui ont une forte incidence sur la réduction des inégalités, surtout parmi les couches les plus vulnérables notamment le secteur informel, les femmes, les filles et les jeunes.

En réalité, un changement profond de paradigme s’impose en matière d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques qui, non seulement soutiennent la croissance économique, en l’occurrence les investissements et la création de valeur ajoutée, mais s’attaquent aussi aux sources et causes de la pauvreté et des inégalités. Dorénavant, la stratégie de croissance de l’Afrique devrait se fonder également sur le renforcement de l’innovation et la recherche pour développer l’économie numérique et l’agro-industrie, qui stimulerait la productivité du pays en s’appuyant sur les entreprises locales. Les investissements publics doivent impérativement servir de levier à la croissance inclusive, la création d’emplois décents et au développement durable.

Bamako, le 31 janvier 2021

Modibo Mao MAKALOU

MBA
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