En solidarité avec les paysans des zones ayant vécu l’occupation, l’Etat avec l’aide de la coopération néerlandaise a offert gratuitement les semences et les engrais.
Dans l’exécution du plan de campagne agricole 2013-2014, le gouvernement met un accent particulier sur l’appui et la solidarité avec les paysans des régions du nord qui étaient occupées. Dans le cadre de cet accompagnement, il a offert gratuitement une quantité importante de semences et d’intrants agricoles aux paysans des régions de Gao, Tombouctou et Mopti par l’entremise de la Direction nationale de l’agriculture (DNA). Le coût total d’acquisition de ces produits se chiffre à 2,6 milliards de Fcfa, dont 1,3 milliard mis à disposition pour la saison d’hivernage et l’autre moitié pour la culture de contresaison.
L’achat des semences et des engrais a été subventionné par les Pays-Bas à travers leur ambassade dans notre pays. Les produits ont été acquis sur le Fonds de stabilisation économique et social. L’Allemagne a fait acheter du carburant afin de faire fonctionner les motopompes.
La visite de terrain que le ministre de l’Agriculture, Baba Berthé, a effectué vendredi et samedi à Tombouctou, Gao et Mopti, visait non seulement à lui permettre de s’assurer de la bonne destination de ces semences et intrants, mais aussi de suivre leur mise en place. Il s’agissait également pour lui de mesurer l’état d’avancement de la campagne agricole dans ces régions confrontées à une insécurité alimentaire récurrente.
Le ministre était, pour la circonstance, accompagné d’une représentante de l’ambassade du Royaume des Pays-Bas dans notre pays, Mme Caro Pleysier, du directeur national de l’Agriculture, Daniel Siméon Kéléma. Sur place, les autorités régionales administratives, politiques et les responsables des services techniques agricoles des trois régions concernées s’étaient joints à la délégation ministérielle.
C’est par Tombouctou que Baba Berthé a entamé sa tournée, débarquant dans la cité légendaire à bord d’un avion humanitaire des Nations unies. Dès son arrivée, le ministre mit aussitôt le cap sur le magasin de stockage d’engrais et de semences de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM). Il se rendra ensuite dans la plaine de Koriomé pour y visiter les installations de la station de pompage d’eau et se faire expliquer son fonctionnement.
Située à 10 kilomètres de la ville de Tombouctou, la plaine de Koriomé est la deuxième plus grande plaine de la 6ème région administrative après celle de Hamadia. Le périmètre irrigué dispose d’une potentialité de terre cultivable de 600 hectares. On y cultive principalement du riz (90% de la production) et du haricot (10%) avec une production annuelle de 1528 tonnes. La période où il pleut beaucoup, comme ce mois d’août, est essentiellement celle du riz. Quant au haricot, il est cultivé de juin à décembre.
Après Tombouctou, Baba Berthé a poursuivi son voyage sur Gao. Au cours de cette deuxième étape, il a visité plusieurs structures : les magasins de stockage de semences et d’engrais, la direction régionale de l’Agriculture, la direction régionale du Génie rural, l’Assemblée permanente de la chambre d’agriculture régionale, l’Office de protection des végétaux (OPV) et le Centre régional de recherche agronomique (CRRA). Toutes ces structures ont été pillées ou saccagées à des degrés divers par les bandits armées qui avaient occupé la région. A Gao, le ministre n’a cependant pas pu se rendre dans des champs sur recommandation des services de sécurité.
C’est de la Cité des Askia que le ministre de l’Agriculture a mis le cap sur Mopti toujours à bord de l’avion humanitaire des Nations unies. A Sévaré, il a visité les magasins de stockage d’intrants agricoles des sociétés « Toguna » et « Faso Djigui », avant de se rendre à Bargondaga, une localité située à deux kilomètres de la ville de Mopti. Bargondaga est un grand site de production de riz. Ici est aménagé un périmètre irrigué de plus de 2000 hectares. Le périmètre est essentiellement exploité par les femmes. Actuellement, le riz est au stage du semi.
La mise à boue des pépinières bat son plein. Ce travail est effectué par les femmes dont certaines viennent des localités environnantes de Bargondaga.
Expliquant le sens de l’accompagnement spécifique du gouvernement aux paysans des trois régions, Baba Berthé a évoqué la compassion vis-à-vis des souffrances des paysans victimes des pires atrocités des djihadistes et autres occupants du nord. « Le département de l’Agriculture ne pouvait pas oublier les producteurs victimes des atrocités, des exactions des terroristes et victimes de la crise politique, économique, sécuritaire et alimentaire », a-t-il indiqué.
Le ministre admet que les 2,6 milliards ne peuvent pas couvrir tous les besoins des paysans des trois régions. Mais, souligne-t-il, cette aide constitue un premier appui de l’Etat pour le démarrage des activités agricoles.
S’adressant aux paysans à Tombouctou, Gao et Mopti, Baba Berthé a mis en garde contre d’éventuelles spéculations sur les semences et les engrais. « Les semences et intrants ne doivent pas être l’objet de spéculation sur le marché, une source de revenu ou d’enrichissement pour des gens. Ils doivent être utilisés dans les champs, car c’est là leur place. Il n’y aura aucune complaisance avec les spéculateurs. Toute personne prise en flagrant délit d’achat ou de revente au marché des semences et intrants offerts sera punie sévèrement conformément à la loi », a averti le ministre Berthé.
Le président des producteurs de riz de Gao, Tégnaboria Touré, a remercié le gouvernement pour avoir pensé à assister les paysans de la région de Gao et d’avoir dépêché le ministre de l’Agriculture afin de les écouter et recenser leurs préoccupations.
A Bargondaga, Daouda Sougoulé, le président du groupement des jeunes agriculteurs de Mopti a confirmé que l’Etat a subventionné l’engrais à hauteur de 12 500 Fcfa le sac. Il a par ailleurs prôné un plus grand accès des jeunes à la terre, allant jusqu’à souhaiter que 60% des terres leur soient attribués.
« Les Pays-Bas continueront de subventionner les intrants agricoles pour les producteurs des zones frappées par l’insécurité alimentaire au Mali. Outre la restauration de la sécurité, nous joignons nos efforts à la lutte contre la crise alimentaire dans le nord du Mali», a assuré de son côté Mme Caro Pleysier.