La problématique des armes légères et de petits calibres est au cœur du travail de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères (CNLPAL). C’est dans ce cadre qu’elle a dépêché la semaine dernière une mission dans les régions de Koulikoro, Sikasso, Tombouctou et Gao. Présidée par le général Coulibaly Kani Diabaté, cette commission est placée sous l’autorité du président de la République.
Les quatre équipes envoyées sur le terrain se sont employées à sensibiliser les populations sur les dangers que présentent ces armes et à inviter les détenteurs et fabricants d’armes à se mettre en règle vis-à-vis de la législation nationale.
L’équipe dirigée par le colonel Abdoulaye Ag Hamado, secrétaire permanent de la CNLPAL, était dans la région de Koulikoro du 19 au 24 août. La délégation comprenait Mamadou Camara, chargé de la communication à la commission, et Djibril Dembélé de la section des comptes à la Cour suprême.
Dans tous les chefs-lieux de cercles visités (Banamba, Dioïla, Kangaba et Koulikoro), les membres de la délégation ont animé des conférences en présence des autorités administratives et politiques, des élus communaux, des chefs de services, des responsables des forces armées et de sécurité, de la douane, des eaux et forêts, des chasseurs traditionnels, des communautés religieuses et traditionnelles.
Le colonel Abdoulaye Ag Hamado a fait l’historique de la CNLPAL qui, a-t-il précisé, n’a pas de rôle de répression. Il a rappelé que notre pays est à la base de l’élaboration des conventions et autres textes sur les armes légères à travers le monde.
Durant la dernière décennie, les autorités ont constaté la pertinence des questions de sécurité et de prolifération des armes. Ces questions touchent toutes les couches sociales, d’où la nécessité pour la CNLPAL d’entreprendre des campagnes de sensibilisation et de formation à travers le pays pour réduire la prolifération illicite de ces armes légères, sinon pour réaliser l’idéal « Zéro arme fabriquée, zéro arme portée ».
Notre pays compte au moins 347 fabricants d’armes légères et 7 200 armes légères « vendues comme des morceaux de pain », a indiqué Abdoulaye Ag Hamado. Il a invité les utilisateurs et les fabricants à se procurer des autorisations pour le port, la fabrication et la vente des armes. « La bonne gouvernance constitue la seule façon de régler les conflits », a-t-il indiqué.
L’officier a rappelé que la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères a été créée le 14 novembre 1996 et a réalisé plusieurs projets, notamment dans les régions du nord. Dix années plus tard, notre pays ratifiait la Convention de la CEDEAO sur les armes légères. Plus de 90 pays ont signé les conventions et autres textes régissant la question de la prolifération des armes légères et de petits calibres.
A Banamba, les habitants ont attiré l’attention de la délégation sur l’existence d’une brigade de veille qui peut alerter le préfet ou le commandant de Brigade de la gendarmerie sur la présence des malfrats et d’individus suspects dans la ville.
A Koulikoro, le problème de la sécurité et de l’utilisation des armes blanches (couteau, coupe-coupe, sabre) préoccupe les habitants. Des jeunes utilisent souvent ces armes pour commettre des viols et des vols.
Partout, les interventions ont porté sur la nécessité d’associer les populations locales aux campagnes de sensibilisation de la commission. Elles ont aussi souhaité la décentralisation de la commission dans les régions, cercles et communes.
Dans les cercles de Dioïla et Kangaba, les débats ont surtout porté sur l’application des textes régissant les armes. Dans ces localités, des habitants sont parfois victimes d’actes de banditisme et de crimes mortels perpétrés par des individus armés.
Quelques intervenants ont déploré le cas des porteurs d’uniforme qui viennent à Kangaba avec leurs armes, sans être en mission commandée.
Les responsables des forces de sécurité ont invité les populations à la compréhension et à la coopération vis-à-vis des forces armées et de sécurité en charge de la sécurisation. Les responsables des eaux et Forêts ont rappelé l’obligation pour les chasseurs de se procurer des permis de chasse pour ne pas évoluer dans l’illégalité.
A ce propos, les intervenants se sont plaints de la lenteur dans la délivrance des permis et autorisation dans les gouvernorats. Les autorités ont justifié ces lenteurs par la longueur de la procédure qui exige une enquête approfondie. « Il ne faut pas mettre les armes à la disposition de n’importe qui », a souligné Abdoulaye Ag Hamado.
Djibril Dembélé s’est appesanti sur la nécessité pour les détenteurs, les fabricants et les vendeurs d’armes légères de s’acquitter du paiement de la TDL (taxe de développement local).