Depuis hier, le pain n’est plus disponible chez les boutiquiers. Pour obtenir sa baguette, le consommateur doit directement se rendre à la boulangerie. Cette décision est la conséquence de l’envolée des cours du blé sur le marché international avec comme conséquence la répercussion sur le prix du sac de farine au Mali. Même si pour l’heure le prix de la baguette reste inchangé, une flambée dans les jours à venir n’est pas à écarter si aucune mesure d’accompagnement n’est immédiatement prise.
Le pain est l’une des denrées les plus consommées au Mali. Il est rentré dans les habitudes alimentaires dans notre pays. Hier, dans beaucoup de quartiers de la capitale, les Bamakois se sont réveillés avec une absence de pain chez le boutiquier du coin, «les Koroboro boutiques ». Des informations qui ont subitement circulé de bouches à oreilles ont fait état de grève de boulangers avec comme motivation l’augmentation du prix de la baguette.
Des échos font déjà état d’une hausse du coût de la baguette de pain, mais « ce que je puis dire pour l’heure, cette augmentation annoncée n’est pas réelle. (Et) il n’y aura pas de changement de prix », a déclaré Mohamed Lamine Haïdara, président de la filière pain au Mali. Joint par téléphone, il regrette la décision des boulangers de rompre avec la chaine de transmission du pain au plus proche des populations. Cela, dit-il, n’est pas une décision « prise de gaité de cœur» et ne cache pas d’autres objectifs de « pénaliser les livreurs de pain » ; mais c’est pour sauver toute une filière.
Selon M. Haïdara, à la suite de l’envolée des cours du blé sur le marché international, avec comme conséquence une augmentation de 500 F CFA sur le prix de la farine au Mali, les boulangers ont voulu procéder à une hausse du prix de pain. Mais, affirme-t-il, son organisation, soucieuse du bien-être et de la sécurité alimentaire au Mali, a fait cette proposition.
« Ils ont d’abord cessé de livrer le pain aux intermédiaires pour deux jours, lundi et mardi. Les clients peuvent directement s’approvisionner dans les boulangeries pour maintenir le prix actuel et permettre aux boulangers de survivre en attendant une solution pérenne », explique M. Haïdara, promettant de tout mettre en œuvre pour sauver la filière, aujourd’hui essentielle pour la sécurité alimentaire dans le pays.
Selon lui, la filière fait actuellement face à des difficultés financières sans précèdent. «Beaucoup d’entre nous sont déjà endettés, or nous ne pouvons pas tous fermer au risque de pénaliser toute une nation et mettre des milliers d’employés au chômage. Si en plus de la crise sanitaire et sécuritaire, il y a une crise alimentaire, le pays ne s’en sortirait pas », prévient M. Haïdara.
Selon nos informations, le gouvernement à travers la Direction générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence (DGCCC) veut trouver une solution pour soulager les acteurs du secteur. Des discussions auraient été entamées avec les acteurs de la filière blé/farine/pain meuniers.