Au moment où les autorités de la transition montrent leur détermination à accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix la réconciliation (APR), la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a repris son jeu favori : la provocation ! Ainsi, en se basant sur sa charte et son règlement intérieur, son Comité Directeur vient de décider unilatéralement de créer une zone de défense et de sécurité dans le Gourma (une aire aride située à cheval entre le centre et le nord de notre pays).
Participer à «la sécurité dans le Gourma» ! C’est le fallacieux prétexte avancé par le Comité directeur de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) pour justifier sa décision de créer dans cette région une «zone de défense et de sécurité». Et de quel droit peut-elle se permettre une telle initiative ? Sans doute parce qu’elle est toujours dans cette logique de scission de la République du Mali. Un acte de provocation à quelques jours de la tenue de la réunion du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation à Kidal.
Le Comité directeur de la CMA a ainsi décidé de défier la République quelques jours après la visite de 48 heures effectuées par une forte délégation gouvernementale (six ministres) à Kidal. Un déplacement que de nombreux observateurs ont analysé comme la volonté des autorités de la transition d’avoir désormais «des relations décomplexées avec les groupes armés impliqués dans le processus de paix», notamment la CMA qui n’a pourtant jamais caché sa détermination de faire de son imaginaire Azawad un Etat indépendant dans la République Mali.
Cette décision de créer «une zone de défense et de sécurité» dans le Gourma est illégale et inopportune parce qu’elle n’est prévue par aucune disposition de l’Accord qui prévoit plutôt le déploiement rapide de la nouvelle armée malienne reconstituée partout où cela est nécessaire. Mais, les leaders de la CMA ne sont pas favorables à ce déploiement qui gêne sans doute leur lucratif business lié au terrorisme et au trafic (drogues, armes…). La preuve est qu’ils font tout pour que le bataillon déployé depuis un an dans la ‘’Citadelle interdite’’ à la République (Kidal) ne puisse pas être opérationnel.
Cette nouvelle décision est une épine de plus dans le pied des autorités de la Transition déjà en mal avec une grande partie de l’opinion nationale qui les accuse d’avoir cédé à la pression de la France et de sa protégée (CMA) pour s’engager dans une mise en œuvre intégrale de l’APR. Et cela contrairement aux recommandations du Dialogue national inclusif (DNI, 14-22 décembre 2019) favorables à une relecture de certaines disposition.
Quand la complaisance de la communauté internationale encourage la CMA à entraver le processus de paix
Tout comme elles avaient préconisé le dialogue avec les terroristes maliens, notamment Iyad Ag Ghali et son lieutenant Amadou Kouffa. Des négociations qui avaient été fortement recommandées par les participants à la Conférence d’entente nationale (CEN, du 27 mars au 2 avril 2017). Si elles y étaient favorables au départ, les autorités de la Transition ne parlent aujourd’hui ni de relecture de l’accord ni de négociations avec Iyad et Kouffa. La pression (politique, économique et diplomatique) de la France est sans doute passée par là. N’empêche que cette volonté malienne de discuter avec les mouvements terroristes a visiblement produit soudainement son effet sur la performance de la force française Barkhane qui «a changé de fusil d’épaule sur le terrain» avec plus de considération pour nos FAMa.
En continuant de défier la République, les ex-rebelles (devenus des soutiens indiscutables et inconditionnels d’Iyad Ag Ghali) apportent du coup de l’eau au moulin de ceux qui défendent mordicus que «l’accord de paix est une entente secrète entre le gouvernement malien (de l’époque) et la France en vue d’une scission du pays».
Notre constat est que chaque fois que les dirigeants maliens s’engagent dans la voie d’une mise en œuvre diligente de l’APR, la CMA trouve les moyens de les contrarier par des actes de provocation. Et pourtant, ses responsables continuent de réclamer de façon hypocrite cette mise en œuvre. La Coordination se positionne ainsi comme le premier obstacle à l’application de l’APR. Mais ça, il ne faut pas compter sur la médiation internationale (la France et ses alliés) pour le condamner avec la fermeté requise pour y mettre fin.
En tout cas, sur cette énième provocation concernant la création de cette fameuse «zone de sécurité et de défense» dans le Gourma, les Maliens attendent une ferme opposition des responsables de la transition ainsi qu’une ferme condamnation de ceux qui ont résumé l’avenir du Mali à la mise en œuvre intégrale de l’APR, notamment les Nations unies et la France.