Le Mali, pays de forte tradition migratoire est de par sa situation géopolitique et stratégique, un pays de départ, de transit par excellence et de destination. Cette trilogie place notre pays au cœur de la question migratoire et fait de son territoire, un espace exposé aux effets pervers de la migration. Le pays reste fortement attaché aux principes légendaires d’hospitalité et d’adhésion aux idéaux et aux dispositions définis dans le cadre de l’unité africaine, de la solidarité et de la coopération sous régionale. Malgré les conditions parfois pénibles, la diaspora malienne contribue au développement local à travers les transferts de fonds à hauteur de 300 milliards de FCFA. Cela représente 80% de l’aide publique au développement et 11% du produit intérieur brute.
Les flux de la migration se caractérisent par une forte tendance au départ des jeunes. Ainsi, il a été dénombré au CIGEM sur les 8000 candidats reçus que plus de 76 % souhaite émigrer, avec une proposition reste de 80% au niveau des ressortissants de Bamako et de Ségou. Les principales raisons ou motivations de ce phénomène s’expliquent par une combinaison de plusieurs facteurs dont : les contraintes d’ordre consécutives aux actions anthropiques (dégradation des ressources naturelles, aux aléas climatiques, démographique..), la baisse de productivité expliquent en partie le niveau de pauvreté persistant et surtout l’insuffisance des opportunités d’insertion, de développement local, du faible niveau d’efficience et la globalisation des systèmes financiers et commerciaux mondiaux à laquelle le continent n’a pas été préparé.
Elle a contribué à dégrader les initiatives entreprises et à assombrir l’horizon et l’espoir d’une jeunesse qui est de plus en plus obstinée par le rêve et le dessein de migrer pour réussir. Ce tableau synoptique marqué par des conditions de vie de plus en plus difficiles est malheureusement identique à la plupart des pays africains en voie de développement et singulièrement ceux d’Afrique centrale, jadis terres d’accueil ou de forte immigration. Avec le durcissement des conditions de transit, les ressortissants de ces pays ont choisi le territoire malien comme couloire de migration vers les pays maghrébins situés aux portes de l’Europe, de l’Amérique… Ces flux grossis par les courants nationaux et ouest-africains ont considérablement modifié les trajectoires migratoires et entamé la coopération migratoire, les relations politiques avec les pays maghrébins. Ils sont également à l’origine de nombreux refoulements à destination de notre pays avec à la solde de nombreux problèmes et enjeux en termes de prise en charge.
A cela, s’ajoutent l’austérité des politiques d’immigration, les difficiles conditions d’entrée dans les pays de destination fortement tributaires de politiques nationales et généralement de souveraineté. En effet, au niveau des pays de destination, la réalité est au durcissement des conditions d’entrée et de séjour au regard de l’ampleur des flux et de la crise financière. Les marchés représentent de nos jours le principal cadre de migration légale de main d’œuvre et dont les seules clés d’accès restent le meilleur profil. Les conséquences des situations précédentes sont à la base des flux clandestins et des drames qu’elles engendrent lors des traversées du Sahara et de l’océan atlantique. Il faut également noter l’ampleur des expulsions, des rapatriements, des refoulements et tout récemment des déplacements forcés suite à la crise du nord.
En marge de cette situation très complexe, les effets et impacts positifs engendrés par la migration au Mali sont très importants et ont permis d’assurer l’équilibre de nombreuses familles, de promouvoir le développement local à travers les transferts de fonds (300 milliards de F CFA, 80% de l’aide publique au développement, 11% du PIB), la réalisation de nombreuses infrastructures sociales, éducatives, etc. Pour la bonne gestion de la migration, en plus d’un fonds de 10 millions d’euros donné à la Cedeao par l’Espagne, le gouvernement malien est aussi à pied œuvre pour adopter une politique nationale de la migration. Raison pour laquelle un atelier d’élaboration de la stratégie de mise en œuvre de cette politique s’est déroulé du 15 au 17 août dernier à Sélingué.