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Réajustement annoncé des troupes françaises au Sahel : Les Dirigeants du G5 Sahel doivent s’assumer
Publié le jeudi 4 fevrier 2021  |  Le Point
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© Autre presse par DR
Sommet de Pau - Déclaration conjointe des Chefs d`État
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L’annonce a été presqu’éclipsée par l’actualité liée à l’investiture du 46e Président des Etats-Unis d’Amérique, Joe Biden. En en fait, le Président français, Emmanuel Macron, a annoncé, lors de ses vœux aux Armées, le 19 janvier 2021, un réajustement des forces françaises au Sahel, laissant entrevoir la possibilité d’une réduction du nombre des soldats français engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel où sont déployés 5 100 militaires.

Implicitement, cette annonce était attendue, tant les signes avant-coureurs se sont multipliés avec les déclarations en demi-teinte de la Ministre des Armées, Mme Florence Parly, et du Ministre des Affaires Etrangères, Jean-Yves Le Drian, qui laissaient clairement se dessiner cette éventualité. Qu’est-ce qui peut expliquer ce tournant majeur dans la stratégie militaire française en Afrique de l’Ouest alors que Paris avait toujours annoncé qu’elle resterait au Sahel le temps qu’il faudrait ?
Les réponses à la question sont nombreuses. On pourrait d’abord avancer l’évidence que la France paie un lourd tribut en termes de vies humaines, à la guerre contre les groupes armés au Sahel.

Il fallait vite rectifier le tir
Les pertes militaires françaises au Sahel sont évaluées, selon les derniers chiffres, à 55 militaires dont 10 officiers, 18 Sous-officiers et 27 militaires du rang. Au fil des 9 ans de présence militaire au Sahel, le ballet des cercueils a lentement mais sûrement révulsé l’opinion nationale française qui se demande aujourd’hui ce que l’Hexagone est « allé chercher dans cette galère». Cette incompréhension s’est doublée de la montée d’un sentiment anti-français dans les pays du Sahel dont une partie des populations dénoncent non seulement une guerre d’occupation des Armées étrangères, mais aussi la duplicité de la politique française notamment au Mali. Il en résulte, selon certains sondages, un taux d’environ 51% de l’opinion française hostile à la présence des troupes françaises au Sahel. Ce fort taux a de quoi inquiéter assez sérieusement Emmanuel Macron, à l’approche de l’élection présidentielle prévue pour 2022, surtout que son bilan économique et social a été gâché par la crise des « Gilets jaunes » et la pandémie du coronavirus. Il fallait, donc, vite rectifier le tir pour tenter de rattraper ce qui l’est encore.
La seconde explication à la volonté de réduction des troupes françaises, est d’ordre économique. Emmanuel Macron n’a jamais cessé de se plaindre devant ses pairs de l’Union Européenne des coûts des opérations militaires françaises au Sahel au nom de la sécurité collective. Et il est certain que la récession de l’économie française consécutive à l’épidémie de la Covid-19 n’est pas venue arranger la situation, redéfinissant ainsi les priorités de l’Exécutif français.
Au-delà de ces raisons qui sont toutes dictées par des contraintes internes, l’on peut aussi penser que le réajustement des troupes au Sahel, annoncé par le Chef de l’Etat français, est le signe d’une embellie dans le ciel sahélien. La réduction des troupes françaises peut, en effet, être interprétée comme un signe des temps. Le réajustement annoncé par Emmanuel Macron suscite des interrogations.
L’on peut, à cet effet, croire que la force Barkhane a suffisamment porté des coups à l’adversaire et que l’ère des grandes opérations militaires est désormais révolue. Il faut, donc, désormais faire place à la pacification qui relève plus de manœuvres politiques à l’intérieur des Etats du Sahel comme cela semble s’annoncer au Mali ou au Burkina Faso avec l’ouverture probable des négociations avec certains groupes armés. L’autre signe d’espoir est que l’annonce de la diminution des effectifs militaires français au Sahel pourrait signifier que les partenaires militaires de la France ont progressivement gagné en puissance pour prendre une part active au combat contre l’insécurité dans la Région. C’est le cas notamment de l’opération Takuba et des forces du G5 Sahel. L’on peut, ainsi, penser que ce sont toutes ces raisons conjuguées qui justifient cette décision de l’Exécutif français dans un contexte où la stratégie militaire a elle-même évolué sur le terrain.
En effet, les besoins d’intervention sur les théâtres d’opérations font aujourd’hui la part belle aux drones qui suppléent largement les effectifs humains.
Cela dit, le réajustement annoncé par Emmanuel Macron suscite des interrogations quant aux modalités de sa mise œuvre, surtout qu’il n’a fourni aucune précision quant au volume des troupes à retirer des théâtres d’opérations ni d’informations quant au calendrier de ce retrait. L’on peut aussi nourrir des inquiétudes quant aux dispositifs du Service-après-vente que devrait nécessiter cette évolution de la situation.

La peur implicite
En attendant que les choses se précisent, l’on peut développer une certaine appréhension quant aux conséquences de cette réduction annoncée des troupes françaises au Sahel. Les groupes armés ne vont-ils pas profiter de l’occasion pour reprendre du poil de la bête ? La France, elle-même, ne va-t-elle pas s’en tirer avec une image écornée comme il en a été pour le retrait des Etats-Unis de l’Afghanistan, qui avait toutes les allures d’une débâcle ? L’avenir, sans nul doute, lèvera le voile sur toutes ces inquiétudes. Une chose est, cependant, certaine : l’occasion de la réduction des effectifs militaires français dans les pays du Sahel est fort belle pour les Dirigeants africains d’assumer enfin non seulement leurs responsabilités, mais aussi l’entièreté de leur souveraineté.
Paul N’GUESSAN
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