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Baco-Djicoroni-ACI : Deux ex-amis se battent sur les décombres d’une maison estimée à 400 millions FCFA
Publié le samedi 6 fevrier 2021  |  Aujourd`hui
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Yaya Dramé, commerçant et cultivateur à Baco-Djicoroni-ACI, invite les autorités de la Transition de l’aider à retrouver son immeuble d’une valeur de 400 millions F CFA non loin du lycée Massa Makan Diabaté qui lui a été spolié selon lui par un certain Kola Cissé Barry et démoli la semaine dernière au mépris des règles élémentaires du droit. Des accusations rejetées par le nommé Barry qui reproche à son ex-ami Yaya Dramé son manque de sincérité et de transparence dans les affaires.
L‘immeuble litigieux est un R+1 construit au bord du goudron à Baco-Djicoroni-ACI sur une superficie de 500 m2. Ce bâtiment n’est qu’un tas de gravats ; le propriétaire des lieux à savoir Yaya Dramé, commerçant de son état, a été dépossédé à la suite d’une longue action en justice débutée en 2017. Cependant le sieur Dramé n’entend point baisser les bras, car il se sent lésé à plusieurs titres.

“J’ai été injustement sorti de cette maison par Monsieur Kola Cissé Barry auprès de qui j’ai contracté en 2017 un prêt de 100 millions de F CFA. Aussitôt après l’opération il a demandé une garantie. J’ai déposé le titre foncier de mon bâtiment en question. Le tout a été fait chez un notaire, sauf que le protocole d’accord a été falsifié après mon départ avec comme exigence que je devais rembourser l’argent en deux semaines”, regrette Yaya Dramé. A le croire, en deux mois, il a remboursé 70 millions F CFA auprès du notaire qui a déduit ses frais de dossier pour un montant de 4 millions F CFA.

“C’est au moment de payer le reste de la trentaine de millions F CFA que Kola Cissé Barry a disparu car il voulait qu’entre-temps que le délai expire pour que la concession lui soit vendue. J’ai apporté le reliquat à quatre reprises, il a refusé de prendre. Même le procureur de la Commune V est intervenu, mais il n’a pas obtempéré”, déplore M. Dramé, soutenant qu’avec la complicité de certaines personnes, il est parvenu à ses fins : à savoir mettre son plan d’expropriation en exécution. “Ainsi, en 2019, le Tribunal a rendu un arrêt à mon insu disant que l’immeuble a été vendu à Kola Cissé Barry au motif que je n’ai pas pu le rembourser.

Après avoir obtenu notre expulsion, il a commencé à démolir l’endroit il y a une dizaine de jours. J’ai informé le procureur qui n’en revenait pas et automatiquement le Tribunal a établi un soit-transmis contre lui, il s’est caché durant trois jours, mais à ma grande surprise le troisième jour, celui-là même qui établit le soit-transmis, l’a retiré avec comme seul motif que c’est Kola Cissé Barry qui avait plutôt raison sur lui qu’il n’avait pas compris le dossier”, explique Yaya Dramé.

Et de s’insurger : “Ces faits m’ont donné le sentiment que c’est Kola Cissé Barry qui a des droits au Mali mais pas moi. Et tous qui sont au parfum de cette affaire savent que l’endroit lui a été vendu sur du faux, transféré en son nom avec la même pratique. Dans cette maison, il y avait 9 appartements, 7 magasins et plus de 60 personnes y compris mes trois femmes, mes enfants. La valeur marchande aussi après expertise a été évaluée à plus de 400 millions F CFA. Doit-on déposséder une personne d’un bien de 400 millions F CFA à cause d’un reliquat de 30 millions F CFA ?”, s’interroge M. Dramé. Il révèle que la maison a été démolie sous la garde de 5 pick-up remplis de gendarmes en raison de 14 éléments par véhicule.

Ce n’est pas tout : Yaya Dramé dit ne pas toujours comprendre comment il a été expulsé sans que la procédure judiciaire ne soit complètement vidée.

“D’ailleurs sur le papier de l’huissier qui nous a été remis, c’était bien écrit expulsion mais pas démolition”, précise-t-il, sollicitant les autorités de la Transition et toutes les personnes de bonne volonté à l’aider à le remettre dans ses droits : “Je m’adresse au président de la Transition Bah N’Daw à son vice-président Assimi Goïta, au ministre de la Justice et à tous les Maliens de bonne volonté de faire en sorte que je puisse avoir ma maison car je ne sais pas là où aller, ma famille est dans la rue”.

“Je suis victime d’un abus de confiance de la part de Yaya Dramé”

Pour les besoins du recoupement, nous avons pu avoir la version de Kola Cissé Barry, joint par téléphone depuis une capitale africaine où il est en déplacement.

“Je suis mal à l’aise en parlant de cette affaire car je considérais Yaya Dramé comme un ami sincère, voir un frère et je lui faisais confiance les yeux fermés”, introduit M. Barry, un homme d’affaires. Cependant, il s’étonne que Yaya Dramé tente dans une vidéo de travestir les faits dans ce dossier.

“Il dit que je lui ai prêté 100 millions F CFA contre son titre foncier et que lorsqu’il n’a pas été capable de rembourser sa maison a été saisie. D’abord de toute ma vie, je n’ai jamais prêté de l’argent à Yaya Dramé. En termes clairs, j’ai été plutôt victime d’un abus de confiance de sa part”, se défend Kola Cissé Barry.

A l’en croire, pour bien comprendre ce bras de fer, un flash-back s’impose. En 2017, dit-il, il est approché par Yaya Dramé afin qu’ils montent ensemble une opération d’achat de champs à Kabala pour 400 millions FCFA, pour les morceler et les revendre.

“Dans cette opération, chacun devait contribuer financièrement. Il a tout fait auprès de moi j’ai refusé avec pour argument que je n’ai pas d’argent. Comme il ne cessait de me harceler tous les jours avec des appels téléphoniques, j’ai été obligé de voir un ami européen qui a accepté d’investir à hauteur de 200 millions FCFA.

Sur les 200 millions qui m’ont été remis je lui ai remis 110 millions FCFA devant notaire chose dont il ne voulait pas car son souhait était qu’on se fasse mutuellement et j’étais aussi dans cette logique. Mais ce sont les témoins, qui sont toujours en vie, qui ont insisté pour qu’on fasse un acte notarié”, rappelle Kola Cissé Barry. Six mois après le versement de son apport de 110 millions de F CFA, le projet est tombé aux oubliettes. Et comme Dramé, selon notre interlocuteur, n’était pas solvable, il a utilisé l’argent à d’autres fins.

“Il ne me parlait plus du projet de Kabala, il a fallu que je fasse un tour au champ convoité en question pour savoir que sur les 110 millions F CFA que je lui ai donnés non seulement il n’a remis que 70 millions F CFA et même ce montant lui a été restitué sans qu’il me fasse le compte rendu”, fait savoir M. Barry, avant de faire cette remarque : “Si Yaya Dramé était sincère avec moi, il devrait me dire cela, car il sait pertinemment que c’est un ami européen qui s’est engagé à travers ma modeste personne, mais il ne l’a pas fait. C’est lorsque je lui ai demandé de me rembourser les 110 millions FCFA que je me suis rendu compte qu’il a utilisé ces sous. Il m’a fait tourner en rond pendant plusieurs mois”.

“Il a insisté pour que je puisse prendre le titre foncier”

Pour Kola Cissé Barry, Yaya Dramé au lieu de payer les 110 millions F CFA, n’a trouvé d’autre solution que de lui apporter le titre foncier de sa maison de résidence à Baco-Djicoroni-ACI.

“Il m’a fait appeler par mon beau-père pour me remettre le titre foncier de sa maison en guise de garantie. Au départ, j’ai refusé, car je n’avais pas besoin de papier mais d’argent liquide pour la simple raison que je devais rembourser le partenaire européen, il a insisté devant notaire qu’il va me rembourser la totalité de l’argent en trois semaines, faute de quoi de transférer le titre en mon nom, ajoutant que le remboursement de cette somme n’est pas la mer à boire pour lui, parce qu’il a un compte bancaire alimenté à plus d’un milliard de F CFA, qu’il ne peut faire d’opération à cause de la grèves des banques à cette période”, révèle M. Barry. Il ajoute qu’avant l’expiration du délai de trois semaines, le notaire se rendant compte que Dramé n’était solvable a demandé de rallonger la date ; ce qui fut fait.

“C’est avant cette échéance que Yaya Dramé a commis un avocat pour demander au tribunal un délai de grâce de 6 mois. De ce fait, d’une promesse de trois semaines, il a fait 2 ans jusqu’en 2019 sans pouvoir me rembourser”, déplore Kola Cissé Barry. C’est partant de cela, selon lui que le Tribunal de la Commune V a procédé à la vente de l’endroit qui lui est revenu au terme de la procédure d’achat.

Pourquoi avez-vous refusé de prendre le complément de l’argent que Yaya versait chez le notaire pour que la maison puisse le revenir ? M. Barry répond : “Je n’ai jamais été dans la logique de le faire sortir, j’ai approché tous ceux qui lui sont chers, sa mère, ses amis pour l’inviter à payer mais il faisait semblant comme si de rien n’était”, regrette Barry. Pour lui, les versements dont Yaya fait cas ont été opérés après le transfert de l’endroit en son nom.

“D’ailleurs, pour cela, il versait entre-temps des sommes comme 2 millions F CFA, 5 millions FCFA jusqu’à une soixantaine de millions de FCFA. Cependant, il a été incapable de payer la totalité de l’argent. Même après avoir transféré en mon nom le papier de propriété, je l’ai invité à restituer la totalité de l’argent qui s’est retrouvé à plus de 150 millions FCFA avec les frais de notaires, d’avocat et de transfert en mon nom. Donc j’étais obligé de vendre pour pouvoir rembourser également mon partenaire”, soutient M. Barry.

Ce n’est pas tout, il rappelle également que le mois dernier avant qu’il ne vende la maison au nouvel acquéreur, un certain Traoré, il invitait Dramé de nouveau à venir s’acquitter du reste de l’argent pour que la maison puisse le revenir, chose qu’il n’a pas pu faire selon lui. Pour Barry, le nouveau propriétaire des lieux a démoli l’endroit avec l’intention de le construire.

“Tous les témoins de cette affaire sont vivants, la justice, le notaire aussi”, dit-il. En tout cas pour Kola Cissé Barry, il est plutôt la victime dans cette affaire et non le bourreau comme Yaya Dramé souhaite le faire présenter.“Car j’ai mis plus de 4 ans pour pouvoir récupérer un montant censé me procurer des bénéfices. Ce n’est pas tout, bien avant même cette affaire, il m’a vendu une parcelle soutenant que c’était un titre foncier et après vérification ça n’était pas un”, conclut Kola Cissé Barry.

Kassoum Théra
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