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Présidentielle de 2013 : Le phénoménal geste d’auto-dribble de Soumi le Champion
Publié le mardi 27 aout 2013  |  Le Reporter


© aBamako.com par DR
Activité des partis politiques : Réaction de ADR/FDR (Alliance pour la sauvegarde de la Démocratie et la République) suite à la déclaration du chef de mission d`observation de la francophonie au Mali sur les antennes de RFI.
Lundi 29 juillet 2013. Bamako, siège de l`ADEMA. les leaders de ADR/FDR (Alliance pour la sauvegarde de la Démocratie et la République) se sont réunis pour dénoncer l`attitude du chef de mission de la mission d`observation de la francophonie au Mali, l`ancien ministre des affaires étrangères de la Mauritanie Ahmedou Ould Abdallah . Photo : Soumaïla Cissé.


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En se rendant avec famille chez IBK pour reconnaître la victoire de celui-ci avant même la proclamation des résultats, avouant ainsi sa défaite, Soumaïla Cissé gagne ainsi l’estime de ses compatriotes. Geste salutaire et salué par tous, conforme à nos convenances sociales, admis comme un plus à l’exception malienne, il constitue à analyser de près, un acte de violence du candidat Cissé sur sa personne, au service de son repositionnement politique ; pour peut-être battre un jour, un record qu’il est en passe d’établir, celui du détenteur incontesté de la 2e place de compétition électorale au Mali. Car, cela est admis par tous que de 2002 à nos jours et à chaque élection à laquelle qu’il aura pris part, avec une image bâtie autour de l’argent et de la vanité, Soumi aura été perçu comme le candidat le plus riche, prompt à ‘travailler’ comme dira la jeune génération pour faire adhérer à sa cause. Résultat : Soumaïla Cissé reste l’éternel 2e. Comme un second ne va pas à Koulouba, Soumi, même champion, n’est jamais jusque-là monté sur le podium présidentiel.

Animal politique qu’il est, l’enfant de Niafunké, technocrate reconnu, se réveille enfin en comprenant que sa réputation portée par une soif de pouvoir, qu’il entendait éteindre par sa capacité financière avec une vanité politique, n’est possible sans une dose de ces gestes inédits, surprenants qui, parfaitement réussis, forcent l’estime dans un pays où la population en est avide de la part des hommes politiques. Pour Soumi, une perception établie autour d’un vilain ménage aura sapé jusque-là ses efforts sur le chemin de Koulouba.

Un homme assoiffé de pouvoir, parvenu pour certains, opportuniste pour d’autres, avec souvent une présence aérienne qui ne lui permet pas de voir ce qui se passe sur la terre. Donc distant, plus éloigné des électeurs. Même redescendu sur terre, Soumi cultive le pouvoir de l’argent avec les dragons Soumi, ces motos de campagne qui font encore rêver. S’il dispose d’un parti dédié à cette cause, Soumaïla Cissé aura été connu durant ces deux campagnes électorales, 2002 et 2013, comme le candidat le plus généreux, un Papa Noël candidat, dans un champ de mine d’or de campagne électorale qui attire plus d’électeurs véreux que convaincus.

Ainsi deux fois ajourné à l’examen électoral au Mali, l’homme est réputé trop intelligent pour ne pas comprendre. Il est surtout un habitué de la haute compétition pour ne pas faire violence sur lui-même afin d’espérer gagner un jour le trophée présidentiel, son rêve d’homme politique. L’ancien patron de l’Uemoa, est plutôt familier de bilans. Il a ainsi fini de faire celui de son action politique qui n’est pas favorable à une efficacité électorale, comme il le souhaite. On peut bien l’affirmer. En effet, avec le parti Adéma, divisé alors pour sa cause en 2002, Soumi est second avec plus de 31,65% contre 68,35% pour le premier, pendant qu’avec l’Urd, dédié à sa victoire, il peine à avoir plus de 20%. Soit 22,39% contre 77, 62% pour l’élu. Soumi observe comme vous et moi qu’en 2007, son parti aura gagné 29 députés aux législatives. On convient que les retombées de sa renommée financière, démontrée en 2002, ne sont pas étrangères au succès législatif de son parti.


L’Urd serait cette machine électorale efficace en matière d’élection législative, portée par l’aura de son parrain qui attrape une satanée grippe quand il s’agit d’élire celui-ci à Koulouba, sa vocation première. Trop tôt pour le dire. Mais le fait est là et ne peut échapper à l’analyse de Soumi qui, par son acte, tente de se repositionner suite à une analyse de sa participation électorale et peut-être pour démentir la sentence populaire de «jamais deux sans trois».

Une certitude cependant sous-tendue par son geste : l’homme politique Soumaïla Cissé se réveille enfin en se remettant en cause, en portant un autre regard sur son parcours politique. Il est vrai que dans le ciel, il se trouve être éloigné des électeurs, et sur la terre, son positionnement politique est perçu comme un gagne-pain et non une conviction pour ses projets de société, disséqués par lui à chaque campagne avec une ferme volonté qu’on le lui reconnaisse volontiers. Est-il en passe de retrouver le sens et le rythme du réal politik ? Ou alors l’éternel second, entend-il s’affranchir de ses perceptions de démon de riche, d’arrogance et de vanité politiques pour la présidentielle à venir, d’ici à cinq ans ? L’acte qui l’aura vu grandir dans l’estime populaire et qu’il ne manquera pas de capitaliser un moment donné, en dit long.

Venu de son Niafunké natal, l’homme n’est pas connu comme étant ceux qui ne savent pas vers quelle destination aller. Et contrairement à ce qu’on peut penser, son geste n’est pas spontané. Loin s’en faut ! En commentant une de ces rencontres de football de haut niveau, bien inspiré, Djibril Traoré, un des chroniqueurs émérites de sa génération, qualifierait le geste de Soumi, d’un acte sportif rare qui n’est pas sans précédent. Il est, dira Djibril en remontant ses souvenirs de reporter globe-trotter, un geste d’anthologie, incroyable, phénoménal, parfaitement bien exécuté, désaxant pour l’adversaire et à inscrire dans l’histoire du football. Un geste d’auto-dribble, une des rares passes à soi-même que seuls savent faire ces grands joueurs, comme Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, les deux As du foot sénégalais. Disons, de la politique sénégalaise.

Oui, le malheureux candidat Soumaïla Cissé a posé un acte pour l’histoire. Pendant que sa troupe s’agitait dans les vestiaires, le voici dans un geste de détente patriotique, surprenant avec un esprit de fair-play chez le gagnant avant la fin du match pour le féliciter. L’image fait le tour du monde. La crise postélectorale, qui hantait les esprits au Mali et ailleurs, est consommée sans effusion de sang ni violence. Soumi ravit alors la vedette au gagnant IBK, mais ne sera pas à Koulouba. Tout ça pour ça !

Mais par l’acte, le Mali découvre un autre Soumaïla Cissé, un homme politique, épris d’amour pour sa patrie. Il était temps pour lui. Car l’homme aura beaucoup souffert de son positionnement politique, axé sur un goût immodéré pour le pouvoir, capable de tout, même marcher sur les cendres du Mali pour y accéder. Soumaïla Cissé est véritablement révélé au grand public comme homme politique dans un climat de haine, perçu par certains comme celui qui aura introduit l’achat de conscience dans le jeu politique. Connu surtout par d’autres comme le candidat vachement riche, fervent partisan du pouvoir de l’argent dans la conquête politique. En matière de compétition électorale au Mali, Soumi bénéficie à tort ou à raison de ces deux perceptions, amidonnées par l’arrogance et la vanité.

On est en 2002. Alpha, président-Adéma du Mali, après deux mandats, a son candidat. Qui n’est pas celui du parti. Celui-ci se cherche un. Le prédisposé, le tout nouveau élu de 2013, est rejeté. Le parti de l’Abeille utilise alors pour avoir son candidat, des primaires, une forme de convention interne pour désigner un candidat. Des primaires qui, à chaque fois utilisées par le parti, le devisent sur fond de haine. Elles remontent surtout les cadres les uns contre les autres au détriment du parti, car ici, chacun est convaincu d’être le plus méritant. On sait qu’à l’Adéma plus qu’ailleurs, mettre de l’eau dans son vin, ou revoir l’ambition personnelle pour la victoire ou la notoriété du parti, ne se fait pas. Adopter un tel profit à l’Adéma constitue un péché, nous a-t-on dit. Ces primaires sont gagnées par Soumaïla Cissé. Suite à sa victoire, le parti se divise en multiples tendances avec l’équation du candidat d’Alpha. Ces primaires qui ressemblent à une foire, où sont vendues les voix des cibles électeurs. La victoire de Soumi est perçue comme celle au goût d’achat de conscience et de haine politique. La campagne qui s’en est suivie portera sur le même tempo. Le candidat de l’Adéma, lui-même, ne ménagera aucun effort pour mériter sa réputation d’homme assoiffé de pouvoir et n’hésitera point à mettre la main à la poche pour avoir ce qu’il veut. Soumi le champion, candidat argentier, est né.


Le voici dans sa campagne à l’américaine. Il accède aux électeurs par avion. Les jeunes rappeurs s’en font l’écho. Un homme en air est incapable de voir celui d’en bas. Message non perçu par lui. Soumi force des adhésions à sa cause par sa générosité. Peu importe. À cette époque, il a un défi à relever : être à Koulouba, convaincu qu’il sera suicidaire pour l’Adéma de perdre le pouvoir après deux mandats. Conviction partagée par lui seul. Soumi dans sa logique de victoire finira par ajouter une autre étiquette. Alors, pour gagner, il veut faciliter le déplacement à ses hommes sur le terrain. Les dragons ou Sanily Soumi, ces motos de campagne politique sont alors visibles partout où se trouve un électeur de l’Adéma d’alors et de ses partenaires politiques. On ne jure que par Soumi le champion. Ce Papa Noël du cercle politique au Mali, un candidat dont le camp mérite d’être animé pour avoir une moto, du thé à gogo, des tee-shirts et des tissus de pagne pour plaire aux nouvelles fiancées. Mais difficilement pour déposer un bulletin dans les urnes à son nom. Prenez ce qu’il vous donne et votez pour votre choix, cantonnaient les adversaires politiques d’alors. La machine électorale, qu’est l’Adéma, se transforma pour cette première participation de Soumaïla Cissé en celle de bienfaisance électorale. Et le Mali a son candidat humanitaire électoral qui gagnera difficilement.
Ce d’autant plus que sa communication publicitaire entretient une telle perception, renforcée en cela par une campagne médiatique de dénigrement de son image. Le tout alimenté par une rumeur publique, fondée sur une possession financière établie sur son parcours ministériel. Lequel intégrait alors le ministère des finances à celui des transports, de l’aménagement et de l’équipement. Décidément, la période électorale de 2002 offrait au candidat Soumaïla Cissé tous les mobiles de son crime électoral, porté à souhait par lui-même. La suite n’est pas à conter car connue de tous. Un certain ATT est élu.

Soumi se rend compte qu’il a été fourvoyé. Mais par son parti, l’Adéma. L’autocritique n’est pas encore dans sa stratégie personnelle. Après un passage au Burkina, comme patron de l’Uemoa, qui aura renforcé ses compétences de technocrate, garni son carnet d’adresse et surtout son portefeuille financier. Soumi remet ça en 2013 avec toujours ses démons de positionnement politique : l’argent et la vanité politique. Mais par cette élection de 2013, le Mali aspire au changement. La crise aura trop perduré. La présidentielle égorge des enjeux de survie de la nation.

Il était écrit que cette compétition devait être gagnée par le candidat qui aura su par son passé rassurer le peuple. Une aura dont Soumi ne disposait pas forcément. En tout cas, la perception populaire sur sa personne n’est pas de nature à rassurer. L’argent divise, la vanité et l’arrogance ne participent pas à un respect mutuel, donc facteurs de division. Pendant que le Mali au sortir de la présidentielle de 2013 doit se réconcilier, aspiration du peuple malien, souhait des peuples de la sous- région et recommandation de la communauté internationale. Tout le monde veille pour un Mali apaisé au sortir de cette élection.

L’opportunité est réelle pour Soumi afin de se repositionner politiquement. Ce dernier, plus modéré cette fois-ci, il est vrai, se voit alors second. Il comprend qu’il est en passe d’établir un record, celui du détenteur de la 2e place en compétition électorale. Mais l’homme est réputé trop intelligent pour ne pas comprendre. Il est surtout un habitué de la haute compétition, rompu aux arcanes du pouvoir, pour ne pas faire violence sur lui-même afin d’espérer gagner un jour le trophée présidentiel, son rêve d’homme politique. Aller au bout de sa logique, comme déjà annoncé par ses partisans, lui aurait valu un suicide politique. Le climat est tel qu’une contestation électorale plongera le pays dans le chaos.

Alors, dans un esprit de fair-play, à la surprise de ses partisans, Soumaïla Cissé reconnaît la victoire de son adversaire. Si ailleurs, un coup de fil peut suffire à reconnaître une défaite électorale et saluer la victoire du gagnant. Au Mali, cela ne se fait pas. Car de par la culture de ce pays, un cadet, quelle que soit la situation, se rend chez l’aîné pour en parler. Une tradition revisitée par Soumaïla Cissé, avec famille, pour montrer si besoin en était qu’il est sincère dans sa démarche et cela avant même la proclamation des résultats. La contestation électorale tant redoutée est ainsi évitée.
Mais plus qu’un geste conforme à nos convenances sociales, l’acte de Soumi, salutaire et salué par tous, a conféré comme un plus à l’exception malienne, et marque le début d’un repositionnement politique. Fruit d’une réaction de violence sur lui-même, pouvant induire une autre perception populaire sur sa personne, il indique que ce dernier aura appris de ses échecs électoraux. Parlez-vous d’un acte spontané pendant qu’il sera difficile de soutenir publiquement que Soumi est un assoiffé de pouvoir, sans être contredit. Comme on l’entendait bien souvent. Non, trois fois non. Et si le geste renforce au demeurant la démocratie au Mali, Soumi en gagne plus en estime populaire.

Quel phénoménal geste d’auto-dribble ! Au ton de la tradition malienne, Soumi par son geste aura réussi du reste, l’exploit de fermer le bec à tous ces Coulibaly, les cousins nationaux, eux qui se réclament des Massassi, race de pouvoir, incapables qu’ils sont de faire un tel geste pour le Mali. Il démontre ce faisant que tout Malien égaré peut se ressaisir s’il le veut en s’inspirant de la tradition. Elle aura été inventée pour ça par nos ancêtres. Clin d’œil aux Maliens rebelles du Nord. Décidément, le geste de Soumi n’a pas fini d’inspirer. Bien joué, Champion ! Chapeau et maximum de considération pour vous !
Békaye DEMBELE

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