Le samedi 6 février dernier était la Journée Internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF).
Les MGF désignent toutes les procédures chirurgicales consistant à enlever en partie ou dans leur intégralité les organes génitaux externes de la fille ou de la femme, ou à les meurtrir d’une quelconque autre façon, pour toutes raisons non thérapeutiques. Aussi, c’est une violation des droits humains des femmes et des filles, et notamment de leurs droits à la santé, à l’intégrité physique, à la sécurité, et lorsqu’elles ne survivent pas à l’opération, à leur droit à la vie.
Si on dit que les jeunes sont les moteurs de changement et l’avenir du Mali pourquoi 66% de jeunes filles continuent de souffrir de pratiques traditionnelles néfastes à leur santé et à leur vie. Le mariage précoce et les mutilations génitales féminines (MGF) sont des formes de violences récurrentes au Mali et cela dans les zones les plus reculées du pays.
Si des politiques et mesures sont mises en place pour éradiquer la pratique des mutilations génitales féminine, il reste à savoir comment réduire ce phénomène qui continuent son envol dans certaines zone du Mali.
Dans le Bélédougou plus de 96% des jeunes filles sont excisées, dans le Kénédougou et le Banimonotié 81% malgré l’interdiction de cette pratique, la déclaration des personnels de santé sur les conséquences sanitaires et l’existence d’une fatwa qui remet en cause les mauvaises interprétations des textes religieux.
Aujourd’hui au Mali, le milieu rural souffre énormément de cette pratique, parce que les causes sont encore plus profondes et parce que la sensibilisation ne touche pas la totalité des couches vulnérables. Il y a tant de facteurs qui se reposent sur les réalités socioculturelles, les coutumes, qui ternissent la survie de beaucoup de femmes, et qui ralentissent leur autonomisation mais aussi le développement de toute une société.
S’il y a des conséquences immédiates comme l’hémorragie, les infections, le traumatisme, le choc émotionnel, ou le décès, ils en existent d’autres qui peuvent être catastrophiques tout au long de la vie d’une femme. La fistule obstétricale est une des conséquences qui tue aujourd’hui en silence et pourtant les MGF et les mariages précoces continuent d’être pratiquer dans beaucoup de milieux.
Des documents officiels sur la stratégie nationale pour la promotion de l’abandon des MGF et des mariages précoces, existent.
Quelles sont les actions primaires de ses documents dans la promotion de l’abandon des MGF ?
Pour comprendre les actions primaires du gouvernement sur la promotion de l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines(MGF), il faut faire un détour sur son approche. Cette approche consiste à mener un combat au niveau des représentations culturelles qui justifient et légitiment la pratique des mutilations génitales féminines et cela s’articulent autour de quatre AXES :
(1) La formation des jeunes filles leaders aux stratégies de lutte pour la promotion de l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines (2) Le choix libre de faire la formation(3) la responsabilisation des parents (4) L’engagement citoyen.
En effet, nous pensons que la formation et l’éducation sont les deux piliers pour promouvoir l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines (MGF). On ne peut pas lutter contre la pratique des mutilations génitales féminines au Mali sans déconstruire et délégitimer dans l’imaginaire des populations.
Ce contre argument culturel qui s’accompagne des arguments religieux, sanitaires et juridiques doit constituer le credo des organismes. C’est la raison pour laquelle, leurs actions primaires sont la formation et la sensibilisation pour déplacer la question de la pratique des MGF de la sphère privée à la sphère publique.
Quelles sont les mesures de préventions et de lutte qu’engagent les autorités dans le milieu rurale ?
Au niveau du monde rural, il y a les personnes dont le discours exercent un impact hégémonique c’est-à-dire les personnes qui sont écoutées, il s’agit des Imams, des chefs de villages, des femmes leaders, des élus locaux et enfin des jeunes filles.
Il reste qu’en amont pour prévenir cette pratique, il faut rencontrer les exciseuses traditionnelles et le personnel de santé notamment les infirmières et les sages-femmes pour leur faire savoir que cette pratique est interdite. Il faut choisir des personnes ressources locales pour pérenniser la campagne de sensibilisation.
Il convient de noter que toutes ces personnes ressources se servent d’un message uniforme pour éviter la confusion. La pratique des MGF est une mauvaise pratique culturelle, elle est dangereuse sur la plan de la santé, elle n’est pas une recommandation religieuse et elle constitue une très grave violation des droits des fillettes et des femmes.
Le Mali comme tant d’autre pays en Afrique, soumet son intérêt d’accompagner la promotion de l’abandon des MGF, en signant et ratifiant la convention sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes (CEDAW) , mais aussi le projet de loi sur les violences basées sur le genre.
Cependant combien de conventions l’État malien va-t-il encore signer si c’est pour remettre dans le tiroir ? Adopter que des lois compatibles avec la l’islam. Et pourtant le Mali a adopté la loi portant sur la protection pénale de l’enfant mais est-elle applicable ou sanctionne-t-elle les coupables de cette pratique ? Les femmes sont-elles condamnées à subir toutes les formes de violences en silence.
En attendant, il faut continuer cette lutte et dire Stop. Il convient de noter que les responsabilités sont partagées et la lutte est commune et inclusive. Que faire ? Il s’agit là d’affiner le langage de sensibilisation à l’endroit de ceux qui pratiquent ce phénomène, aux parents, aux jeunes porteurs de messages mais aussi acteurs de demain.
Et pour y parvenir, il faut responsabiliser tout une société, l’inculquer de connaissances des textes, et des arguments afin d’éradiquer cette pratique mais aussi tant d’autres qui ternissent la vie de la femme. Victimes, témoins, toutes et tous, ne nous taisons plus face aux violences faites aux femmes et aux filles.