Abidjan (Côte d'Ivoire) - La problématique des systèmes portatifs antiaériens est au centre d'un séminaire régional de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l'Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), ouvert mardi à Niamey, la capitale nigérienne.
Selon une note d'information de l'organisation sous-régionale, transmise au bureau de APA à Abidjan, le Commissaire de la CEDEAO chargé des Infrastructures, M. Ebrima Njie, a constaté à l'ouverture des travaux de ce séminaire que les menaces terroristes représentent un risque sérieux pour les activités de l'aviation.
Il s'agit notamment de la sécurité des passagers, des équipages, du personnel au sol et des populations, mais aussi de la menace pour le tourisme et le commerce et, partant, pour la libre circulation des personnes et des biens ainsi que le développement continu des économies nationales.
Autrement désignés sous l'expression de missiles sol-air portables, les systèmes portatifs antiaériens ( MANPADS) représentent un danger d'autant plus prégnant en Afrique de l'Ouest qu'il se développe depuis un certain temps, dans cette partie du monde des activités terroristes constituant une menace de plus en plus grande pour la sécurité des personnes, des installations et des biens.
''La Vision 2020 de la CEDEAO pour le secteur aérien est le développement d'un système de transport aérien cohérent, sûr, ordonné, efficace et accessible aux populations, couvrant toute l'Afrique de l'Ouest et intégré au marché du transport aérien international'', a-t-il souligné, avant de rappeler l'instruction donnée à la Commission de la CEDEAO par les Chefs d'Etat de coordonner les différents politiques, programmes et projets de transport aérien des Etats membres.
"L'arsenal juridique en vigueur au sein de la CEDEAO est certes nécessaire, car conforme aux normes de l'OACI, mais pas suffisant pour faire face aux nouveaux défis posés par les groupes terroristes tels que Aqmi (Al Qaïda au maghreb islamique), le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) et Boko Haram'', a ajouté M. Njie, dont le discours a été délivré en son nom par le directeur du transport aérien de la Commission de la CEDEAO, M. Paul Ganemtoré.
De là découle l'objectif principal du séminaire de Niamey, qui est d'aider les Etats de l'Afrique de l'Ouest à mettre en place des mesures appropriées pour la protection de l'aviation civile contre des attaques terroristes menées à l'aide d'engins explosifs improvisés, ainsi que l'a indiqué dans son discours le ministre des Transports du Niger, Saley Saibou, qui présidait l'ouverture de la rencontre.
''Ce phénomène totalement inconnu dans notre région de l'Afrique de l'Ouest s'impose comme une réalité incontournable, un véritable cauchemar qui vient aggraver la situation précaire de nos Etats déjà confrontés aux contraintes du sous-développement telles que la santé, l'éducation et souvent la lutte contre la famine", a ajouté M. Saibou, dont le pays a été récemment touché par de graves attaques terroristes : à Agadez et Arlit le 23 mai 2013, et à Niamey le 1er juin 2013.
En outre, de nombreuses tentatives terroristes contre les infrastructures publiques, y compris les aéroports et des villes, ont été déjouées grâce à la vigilance des forces de défense et de sécurité avec l'appui des services de renseignements, a indiqué le ministre nigérien à l'intention des quelque 160 participants venus des 15 Etats membres de la CEDEAO, mais aussi de l'Algérie, du Cameroun, de la Libye, du Maroc, de la Mauritanie et du Tchad.
Il s'agit notamment de directeurs généraux de l'aviation civile, de la police, des services de renseignements, de la gendarmerie, ainsi que de représentants de compagnies aériennes, de responsables de sociétés de gestion d'aéroports, de prestataires de services de navigation aérienne, de responsables d'organisations sous-régionales, régionales et internationales, de donateurs et de divers partenaires.
A l'issue des discussions, qui porteront notamment sur la situation des menaces terroristes en Afrique de l'Ouest et les défis posés par les MANPADS, le séminaire devra aboutir à des recommandations et à un plan d'action contre les systèmes portatifs de défense aérienne.
Parmi les autres résultats attendus de la rencontre figure le renforcement de la mise en œuvre de politiques adoptées par la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO, notamment la Convention sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes, en date du 14 juin 2006.
Entre autres retombées de cette rencontre, qui s'achève jeudi en milieu de journée, on s'attend au renforcement des capacités des autorités responsables de l'aviation civile ainsi qu'à une nette amélioration de la préparation des Etats représentés aux menaces posées par des groupes terroristes dans la région.