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Mot de la semaine : Fuite
Publié le vendredi 12 fevrier 2021  |  Infosept
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Après Karim Keita, le jour du coup d’Etat qui a renversé son papa, c’est au tour de Boubacar Keita le fils cadet d’IBK de calculer la tangente, le mardi 9 février 2021, pour rejoindre son grand frère en Côte d’Ivoire. Il a fui comme son aîné pour aller se réfugier à Abidjan dans la capitale ivoirienne. La question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir comment ceux qui se réclament descendant du célèbre empereur Soundiata Keita et qui ont toujours revendiqué son glorieux héritage, peuvent-ils fuir ? Pourquoi n’ont-ils pas préféré la mort à la honte en restant au Mali et en acceptant le sort que leurs bourreaux voudraient bien leur réserver, surtout après y avoir fait la pluie et le beau temps ? En dignes mandinkas, ils auraient dû accepter de subir la peine qu’ils ont fait subir à d’autres maliens, quitte à mourir en martyrs.

Assimi Goita et ses frères d’armes auteurs du coup d’Etat, viennent de prouver encore qu’ils sont de connivence avec les anciens dignitaires pour tromper le peuple. Par leur geste de clémence à l’égard de Boubacar Keita, ils ont fini par donner raison à ceux qui pensent que le coup d’Etat du 18 Août 2020 n’aura été qu’une véritable mise scène entre la junte et le régime IBK. Sinon, comment comprendre qu’aucun ancien ministre, premier ministre, directeur de service, homme d’affaire, ou général de l’ancien régime ne soit jusque-là inquiété. Et pourtant, s’il y a quelque chose qui a fait l’unanimité après IBK, c’est bien entendu la mauvaise gouvernance avec son corollaire de corruption, de gabegie, de clientélisme et de népotisme.

Sous IBK, le pays a failli s’effondrer car tous les secteurs étaient fortement touchés par la gestion chaotique. Est-ce à dire que l’espoir que la junte d’Assimi Goita avait suscité le 18 Août 2020, en débarrassant le Mali du régime corrompu d’IBK est en train d’aller à vau l’eau ? Les mêmes causes ne sont-elles pas en train de produire les mêmes effets sous la Transition ? Il ne fait aucun doute que la corruption et l’impunité s’enracinent davantage et la justice continue à être aux ordres des maîtres du jour. Les maliens dans leur écrasante majorité, sont déçus et à chaque jour suffit sa peine.

Bah N’Daw, Assimi Goita, Moctar Ouane et Malick Diaw, les quatre têtes de proue de la transition, savent-ils réellement qu’ils sont en train de filer du mauvais coton ? Par leurs attitudes et surtout par le pilotage à vue dont ils font preuve jusque-là, ils créent les conditions d’une prochaine révolte. Ils se mettent du coup entre deux feux ardents, celui du peuple insatisfait, voire mécontent et le feu de l’ancien régime qui n’aura jamais pardonné à la transition de l’avoir chassé du pouvoir.
En effet, la classe politique, un pan important du peuple, n’en démord pas, elle se prépare même, à son corps défendant, à aller à la bataille, les associations de la société civile, ne désarment pas non plus, elles seront en ordre de bataille pour exiger la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Quant à l’ancien régime, il ne semble pas dire son dernier mot. Les généraux, après avoir été humiliés, sont dans la nature, l’ancien premier ministre Boubou introuvable, les enfants d’IBK en fuite en Côte d’Ivoire, ne semblent pas renoncer à ce qu’ils pensent être leur droit et qui leur a été injustement arraché. Les semaines ou les mois à venir s’annonceront mouvementer dans notre pays.

En somme, en laissant sortir Boubacar Keita, le fils d’IBK, en réhabilitant l’ancien Président avec la mise en place de son cabinet, en mettant sous le boisseau la lutte contre la corruption, la junte au pouvoir et qui tire la manette, semble faire le choix, celui de collaborer avec l’ancien régime. Le réveil risque d’être brutal.

Youssouf Sissoko
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