Ce sommet qui réunit les cinq pays de la bande sahélo-saharienne et la France est l'occasion de " réajuster" le dispositif de l'opération Barkhane, présente depuis 2014 au Sahel, notamment pour "combattre le terrorisme". Mais la décision pourrait être retardée pour mieux "consulter les partenaires sahéliens et européens".
Le président français Emmanuel Macron ne se rendra pas physiquement au sommet du G5 Sahel, qui se déroule lundi 15 et mardi 16 février à N'Djamena (Tchad).
"Il se concertera en visio-conférence avec ses homologues africains (Tchad, Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie) qu'il a déjà tous reçus ces derniers mois à Paris", a indiqué ce jeudi l'Élysée.
C'est pour "appliquer et respecter les contraintes sanitaires imposées aux Français", y compris à ses ministres (Florence Parly, ministre des Armées, tout comme Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères ne seront pas sur place non plus), que le chef de l'État reste à Paris. "Il n'y a pas d'autre explication", insiste l'entourage du président.
La capitale du Tchad est en proie actuellement à des manifestations alors que se profile l'élection présidentielle (11 avril et 23 mai prochain), pour laquelle l'actuel président Idriss Deby, 68 ans, est candidat. Ce dernier est arrivé au pouvoir en 1990 avec le renversement d'Hissène Habré et c'est un allié de la France...
Un an après le sommet de Pau
Un an après le sommet de Pau, convoqué par le président français pour mettre la pression sur les autorités des cinq pays concernés, celui de N'Djamena doit permettre de franchir un nouveau cap dans la région.
"Après le sursaut militaire (depuis Pau), ce nouveau sommet doit être celui du sursaut politique, diplomatique et de développement", avait émis mardi, Mme Parly, lors du débat au Sénat sur l'avenir de l'opération Barkhane.
Qu'annoncera Emmanuel Macron à cette occasion, même si aucune conférence de presse, depuis l'Elysée, n'est programmée ?
Depuis des semaines, l'exécutif a posé des jalons, expliquant qu'un "réajustement" serait annoncé à N'Djamena. On parle de la réduction de 600 soldats français de Barkhane (sur 5100 actuellement), soit le nombre de militaires qui avaient été ajoutés l'an dernier.
Mais, à ce stade, "la réflexion est en cours sur ce réajustement, ce n'est pas une réflexion solitaire, mais en lien avec les partenaires de la coalition", souligne un conseiller du président. La France veut encore insister sur "un degré d'investissement" supplémentaire des cinq pays, et pourrait patienter quelques semaines, "dans un souci de consultation préalable avec les partenaires sahéliens et européens", pour annoncer sa décision finale.
"Moins de troupes, ça veut dire moins d'action", selon le commandant de Barkhane
Ce sommet intervient alors que l'armée française a accumulé les succès contre les groupes armés terroristes (GAT) et djihadistes au Sahel en 2020, mais paradoxalement, la mort de 50 soldats français et sans doute la crise sanitaire, montrent des sondages où l'opinion publique française est de plus en plus hostile à cette intervention militaire qui coûte 1 milliard d'euros annuels.
Réduction ? Réajustement ? Stabilisation des effectifs ? Lors d'un point presse du ministère des Armées jeudi après-midi, le général Marc Conruyt, commandant de Barkhane, n'a pas voulu se positionner officiellement sur la question. "Moins de troupes, ça veut dire moins d'action sur le terrain", a déclaré le général depuis son QG de N'Djamena. "Ces derniers mois, nous avons montré beaucoup d'engagement, beaucoup de résultats, mais ce qui compte, ce sont les effets produits sur l'adversaire."