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Les humeurs de Facoh :La transition de nos pas
Publié le samedi 13 fevrier 2021  |  Mali Tribune
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Depuis la chute d’IBK en août 2020 par le CNSP d’Assimi Goïta et suivants, le Mali vit une transition politique dirigée par Bah N’Daw, un officier supérieur à la retraite que personne n’attendait pour ce rôle. Du désordre en pagaille avait présidé à la naissance de ce régime de passage, le M5-RFP, un conglomérat de minuscules partis politiques parrainé par un imam et le CNSP regroupant des officiers plus ou moins patriotes, se disputant les premiers rôles pendant plusieurs semaines.
Le M5-RFP rempli d’anciens hommes politiques ayant côtoyé de près l’homme des citations latines comme ministres de ses différents gouvernements, avaient exigé, comme si on ne les connaissait pas, la présidence du CNT, l’organe législatif transitoire. Cet honneur, pensaient ses barons, devait leur revenir en raison du rôle joué dans l’opposition à l’ami de Sénèque suivie de sa chute. Mais les militaires du CNSP, témoins de l’évolution du contexte politique, eurent une tout autre appréciation de la situation et, n’eût été la vigilance de la Cédéao, la transition aurait été la bamboula des politiciens professionnels ou une affaire toute militaire, de kaki et de bottes.

Un Président de transition fut laborieusement trouvé en la personne d’un officier supérieur à la retraite, anciennement ministre de la Défense et des Anciens combattants sous IBK, en la personne de Bah N’Daw.

Le gouvernement de transition fut trouvé de la même manière avec la nomination comme chef du gouvernement de Moctar Ouane, également ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale sous ATT. Tout cela se fit aux larmes de la classe politique dont certains chefs pensaient déjà que la vie à Las Palmas et sur la Côte d’Azur reprenait avec les sous de l’Etat. Il faut faire remarquer ici que pour cause de corruption et de mauvais résultats quand ils étaient en fonction, la plupart des responsables des grandes formations politiques furent écartés des consultations politiques, ne laissant place qu’aux amateurs de la chose politique qui vont légiférer pour nous. Mais d’autres sources assurent qu’ils ne sont pas encore allés à l’abattoir mais se réservent pour les prochaines échéances électorales, une disposition constitutionnelle interdisant aux responsables de la transition de se porter candidats aux élections futures.

Dans tout cela, ce qui posa problème fut le mode de désignation des membres du CNT. Non seulement le délai imparti aux candidats (à peine 2 jours) fut court mais également le CNSP ne fut pas trop regardant sur la qualité des candidats dont beaucoup furent des religieux, des vieux chevaux de retour rien que pour le bénéfice du poste et d’artistes plus à l’aise sur les planches du théâtre que sur les bancs de l’hémicycle.

Comparaison n’étant pas raison, on peut faire le rapprochement avec la constituante de 1991-1992, qui était remplie d’éminents juristes, de professeurs aux compétences reconnues dans leurs disciplines respectives et de médecins émérites sans lesquels les hôpitaux tombaient en panne quand ils étaient absents. Qu’à cela ne tienne, la transition est bien installée et fait son petit bonhomme de chemin avec des hauts et des bas, avec le mépris bien caché de la classe politique et la grande satisfaction du peuple qui se dit que cela vaut mieux (on se rappelle que la Cour constitutionnelle avait bien cadré ses membres en leur refusant le titre de députés au profit de celui de conseillers parlementaires) que des députés pourris payés à des millions de F CFA par mois à ne rien foutre. Toutes ces incertitudes commandent à la Cédéao de veiller sur cette transition comme du petit lait sur le feu. Son représentant au Mali, l’ancien Président nigérian Goodluck Jonathan ne cesse de multiplier les voyages dans le pays pour se rendre compte de l’évolution de la situation. Il faudrait trop de culture politique et même d’imagination pour que le CNT arrive à boucher le trou de la jarre percée selon le mot de Ghézo, roi d’Abomey dans la deuxième moitié du XIXè siècle.

Facoh Donki Diarra

(écrivain, Konibabougou)
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