Le Tchad a appelé lundi à un soutien international pour aider le Sahel assiégé alors que cinq nations et alliée de la France ont entamé un sommet sur l'avenir de leur campagne anti-jihadiste.
Les dirigeants du «G5 Sahel» - Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger - participent à un sommet de deux jours dans la capitale tchadienne N'Djamena avec le président français Emmanuel Macron par vidéoconférence.
Ouvrant la réunion, le président tchadien Idriss Deby Itno a déclaré que le vaste Sahel était aux prises avec «la pauvreté, qui est un terrain fertile pour le terrorisme».
Il a dit qu'il était temps pour la communauté internationale d'augmenter "d'urgence" les fonds pour le développement, pour aider à couper cette source de recrutement pour les djihadistes.
La réunion intervient un an après que la France a renforcé son déploiement au Sahel, cherchant à reprendre l'élan dans la bataille brutale et de longue date.
Mais malgré les succès militaires vantés, les djihadistes gardent le contrôle de vastes étendues de territoire et les attaques sont incessantes.
Quelques heures à peine avant l'ouverture du sommet, des sources maliennes ont déclaré que deux soldats avaient été tués par une bombe sur l'autoroute dans le centre du Mali.
Ces morts portent à 29 le nombre de pertes de troupes maliennes, onusiennes et françaises depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP.
Les combattants islamistes du Sahel sont apparus pour la première fois dans le nord du Mali en 2012, lors d'une rébellion des séparatistes de l'ethnie touareg qui a ensuite été dépassée par les djihadistes.
La France est intervenue pour mettre en déroute les insurgés, mais les jihadistes se sont dispersés, emmenant leur campagne dans la poudrière ethnique du centre du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger.
Des milliers de soldats et de civils ont été tués, selon l'ONU, tandis que plus de deux millions de personnes ont fui leurs maisons.
Le bilan écrasant a alimenté la perception que les djihadistes ne peuvent pas être vaincus uniquement par des moyens militaires.
Jean-Hervé Jezequel, directeur Sahel du groupe de réflexion International Crisis Group, a déclaré à l'AFP que l'engagement militaire conventionnel n'avait pas réussi à porter un coup de grâce.
Les jihadistes "sont capables de tourner le dos, de contourner le système et de continuer", a-t-il déclaré.
L'année dernière, la France a fait passer sa mission Barkhane au Sahel de 4 500 soldats à 5 100 soldats - une décision qui a précipité une série de succès militaires apparents.
Les forces françaises ont tué le chef du tristement célèbre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abdelmalek Droukdel, ainsi qu'un chef militaire du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda.
- Tirage au sort des troupes? -
Mais les attentats de décembre et janvier ont porté à 50 le nombre de morts au combat français au Mali, ce qui a incité la maison à s'interroger sur le coût et l'utilité de Barkhane.
Le mois dernier, Macron a ouvert la porte à un retrait, suggérant que la France pourrait «ajuster» son engagement militaire.
Pour alléger la charge, la France espère un plus grand soutien militaire de ses partenaires européens à travers la Task Force Takuba qui assiste le Mali dans sa lutte contre les djihadistes.
Les armées du Sahel, pour leur part, ne parviennent pas à prendre le relais.
En 2017, les cinq pays ont lancé une force mise en commun prévue de 5000 hommes, mais celle-ci reste entravée par le manque de fonds, le mauvais équipement et une formation inadéquate.
Le Tchad, qui est réputé disposer des meilleures forces armées parmi les cinq, a promis il y a un an d'envoyer un bataillon au point d'éclair des «trois frontières» où convergent les frontières du Mali, du Niger et du Burkina. Le déploiement n'a toujours pas eu lieu.
Paris espère également que les succès de l'année dernière pourront renforcer la réforme politique dans les États du Sahel, où la faiblesse de la gouvernance a alimenté la frustration et l'instabilité.