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Dialogue politique : Le réveil tardif de Moctar Ouane
Publié le mardi 16 fevrier 2021  |  L'Alerte
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© aBamako.com par S.A
Le Premier ministre, Moctar Ouane, participe au Sommet extraordinaire de la Cedeao par visioconférence
Bamako, le 02 février 2021. Le Premier ministre, Moctar Ouane, a participé, depuis son cabinet, à la Primaire, au Sommet extraordinaire de la Cedeao organisé par visioconférence.
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Face au mur, le Premier ministre Moctar Ouane se tourne enfin vers les hommes politiques qui sont incontournables dans la construction démocratique du pays. Mais la prise de conscience du Premier ministre aurait dû se faire plus tôt, lorsqu’il a été nommé à la tête du gouvernement. On a l’impression que le chef du gouvernement avait suivi dans un premier temps la vogue des nouveaux politiciens comme Issa Kaou N’Djim, l’ancien coordinateur de la Cmas de l’imam Dicko. Le temps a fini par ouvrir les yeux à tout le monde au sein de la transition.
Si Moctar Ouane avait traité les partis politiques en alliés dès son installation à la primature, il aurait bénéficié de leur soutien pour éviter la fronde actuelle à laquelle il fait face. Les hommes politiques ont été mis à la touche alors qu’on avait besoin de leur avis sur l’application de l’Accord d’Alger de mai-juin 2015. Maintenant que toutes les forces opposées à l’application de cet accord sont regroupés au sein d’une organisation, le Premier ministre court chercher du soutien ailleurs.
Ce n’est pas un hasard s’il a commencé son intervention devant les représentants des partis politiques par la question de l’Accord d’Alger. Il sait que dans l’Exécutif, la forte représentativité des groupes armés est un frein. Seules les voix conjuguées des forces vives peuvent faire échec à la volonté de certains d’appliquer l’Accord tel qu’il est. Le Premier ministre a besoin des partis politiques pour susciter le débat sur la révision de l’Accord qui n’est pas aimé même dans le nord.
Même si mieux vaut tard que jamais, le réveil de Moctar Ouane est un peu tardif puisque les partis politiques n’ont pas été associés lorsqu’on prenait la décision de nommer les membres du groupe consultatif sur la Zone de développement des régions du nord. Les partis politiques n’ont pas été consultés lorsqu’on a procédé au remplacement de tous les Directeurs administratifs et financiers (DAF) des ministères. Les hommes politiques ont été combattus quand on mettait en place les organes de transition.
Après avoir écouté les intervenants, Moctar Ouane, qui a qualifié la rencontre « d’utile et productive », a promis que les échanges allaient se poursuivre, mais dans un cadre qui reste encore à définir. Il a également affirmé qu’il allait présenter le plan d’action du gouvernement de la transition devant le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif de la transition, le 19 février prochain.
Néanmoins, on peut espérer que la main tendue du Premier ministre finira par sauver les meubles en cette période où le poste du chef de l’Exécutif est mis en cause. Certains évoquent la possibilité d’une motion de censure au sein du Conseil national de transition pour débarquer Moctar Ouane. On lui reproche surtout d’être au service des seuls militaires dont les principaux faits restent des nominations de leurs camarades et collaborateurs à des postes de responsabilité.
Cette rencontre, dont la tenue n’avait été annoncée que la veille, intervient dans un contexte de tensions entre les autorités de la transition et les acteurs du M5-RFP. Le mouvement tombeur du régime d’IBK dénonce une gestion non-inclusive. La crise politique a pris une autre dimension avec la dissolution de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Reste à espérer que les religieux qui avaient épargné la transition soient convaincus par les hommes politiques. Le Chérif de Nioro du Sahel ne veut plus du départ de la seule ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille à qui il reproche d’avoir voulu introduire un avant-projet de loi sur le genre. Il combat à présent tout le gouvernement, disons toute la transition, estimant que les autres n’ont pas voulu lâcher la ministre Bintou Founé Samaké. Pour ne rien arranger, l’imam Mahmoud Dicko, dans son manifeste, affirme que l’Etat qui nous gouverne n’a plus de sens.
Nouhoum DICKO
Source : L’Alerte

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