L’avenir de la force française au Sahel, Barkhane, était en débat au Sénat, à la demande de la commission des Affaires étrangères, le 8 février dernier. Même si le besoin de ce débat à la Haute chambre de l’Assemblée française a été exprimé depuis plus d’une année, le contexte actuel l’a imposé. Et pour cause.
D’abord, les sondages récents donnent près de 51% de l’opinion française hostile à la présence militaire de l’Hexagone au Sahel. Cette hostilité de l’opinion interne française s’explique d’abord par le ballet des cercueils des soldats français qui ont péri dans les sables mouvants de la bande sahélo-saharienne.
Il était donc tout à fait normal que les mandants du peuple se saisissent de la question non seulement pour trouver des réponses à cette difficile guerre qui, périodiquement, mais régulièrement, fauche la vie à des fils et filles de la France, mais aussi pour savoir où va l’argent du contribuable.
Mais quelles que soient les raisons qui ont imposé le débat sur l’avenir de Barkhane au Sénat français, il n’y a pas de doute que ces échanges apporteront leur plus-value à la problématique de la présence française au Sahel. D’abord, ils permettent de convaincre la minorité des politiques français hostiles à la présence militaire de la France au Sahel.
Ensuite, ce débat permet surtout de questionner la stratégie française au Sahel pour plus d’efficacité. En effet, comme le disait Georges Clemenceau : « La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires ». Cela est d’autant plus important aujourd’hui qu’en plus de la solution militaire à la crise terroriste dans le Sahel, il se dégage un fort goût pour des négociations politiques avec certains groupes armés.
L’on peut donc penser que le débat au Sénat français est un signe des temps. Cela dit, quelle que fût la teneur des discussions, l’on sait qu’elles ne pouvaient remettre fondamentalement en cause la présence française au Sahel.
Paul Yapi N’GUESSAN