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Kidal : Les esprits de l’Ifoghas s’apaisent
Publié le mardi 16 fevrier 2021  |  la preuve
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La ville de Kidal, dans l’extrême est du Mali, est devenue la plaque tournante des activités officielles depuis quelques semaines. Après la visite de plusieurs ministres de la République, c’est le tour du Comité de suivi de l’Accord d’Alger de siéger dans la cité qui était interdite aux membres du gouvernement pendant près de 7 ans. On est loin de l’époque où l’ancien Premier ministre Moussa Mara faisait sa visite endeuillée dans la ville, en 2014.






Depuis cette date, les choses ont lentement évolué entre les groupes armés dirigeant la ville de Kidal et l’Etat central. Au fil des ans, l’animosité des leaders indépendantistes envers le Mali s’est étiolée. Les habitants de la cité eux-mêmes sont fatigués de vivre en autarcie, et les soutiens internationaux de la cause touarègue savent que les vrais maîtres du désert sont les djihadistes qui n’ont rien à foutre de la scission d’un si vaste territoire.

Au fils des ans, le clivage ethnique qui sous-tendait le brasier entre Ifoghas et Imghad s’est réduit considérablement. Le Gatia ne compte plus conquérir la ville par la force, mieux El Hadj Gamou et les siens sont libres de vadrouiller dans la ville. Les attaques terroristes sont devenues moins fréquentes, et les manifestations de femmes et enfants téléguidés par les groupes armés ont quasiment disparu.

Néanmoins, Kidal reste comme une femme fatale, consciente de son charme et de ses atouts physiques. Plus récemment, elle a provoqué ses prétendants à travers un communiqué annonçant la création de deux zones militaires dans le Gourma par la Coordination des mouvements de l’Azawad(CMA). Loin d’être un acte belliqueux, il s’agit d’une déclaration d’amour, selon les responsables de la CMA qui disent agirent par affection pour les populations victimes d’exactions.

Mais la volonté expansionniste de la CMA ne passe pas du tout auprès des Maliens, notamment certaines communautés du nord. Pour la majorité des ressortissants des régions nordistes, il est hors de question qu’un groupe armé nourri et blanchi à Kidal aille foutre la pagaille dans le Gourma qui souffre déjà trop de l’insécurité. Oser sortir de la cité des Ifoghas pour s’implanter dans d’autres localités est une stratégie militaire qui ne plait pas aussi au gouvernement dont la réaction tardive a permis de comprendre que la CMA a agi en solo dans ce dossier.

Tout compte fait, les esprits de l’Ifoghas se sont apaisés ces derniers mois, sinon depuis 2020, où pour la première fois les irrédentistes Touaregs ont accepté le principe d’une révision partielle de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali. A la faveur du Dialogue national inclusif à Bamako en décembre 2019, les délégués de Kidal ont affirmé pleinement leur appartenance au Mali un et indivisible. L’un des tenants de ce discours, Mossa Ag Attaher, est actuellement le ministre de la Jeunesse et des Sports.

Plusieurs autres ressortissants de la ville de Kidal sont dans le gouvernement, comme Alhamoudou Ag Iliyène, ministre des Maliens établis à l’extérieur. Cet ancien gouverneur de la cité des Ifoghas sous le président ATT n’est pas un inconnu dans le milieu touareg de Kidal. Si les ministres et les délégations officielles ont repris le chemin de Kidal, c’est sans nul doute à cause de cette ouverture des portes du gouvernement aux enfants de la zone qui demeure une plaie pour la République.

Oumar KONATE

Source : La Preuve
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