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Lettre a grand-père
Publié le mercredi 17 fevrier 2021  |  Mali Tribune
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Cher grand-père voici mon Manifeste de Refondation

Cher grand-père, quand l’injustice, le népotisme, le favoritisme et la corruption deviennent les piliers d’une nation, l’anarchie devient le règne. De cette anarchie naissent la tyrannie et le chaos. Le chaos perdurera aussi longtemps que les solutions et le consensus seront absents. Plus on avance, plus il serait difficile de trouver ce qui nous unit. Car c’est dans cela seulement que se trouve le salut. La seule chose qui nous unira en ce moment serait l’histoire et le passé. Les gloires et les défaites. Les obstacles vaincus et les beaux vécus ensemble. Il faut visiter l’histoire, nous y trouverons ce qui nous unit.

Cher grand-père, aujourd’hui je vais nous amener dans l’histoire pour qu’ensemble, nous retrouvions en le Mali ce qui fait de nous tous des frères et des sœurs. Ce qui fait notre gloire et notre grandeur.

Cher grand-père, il y a de cela 8 siècles. Un roi devrait marier la plus vilaine femme de la contrée. Pour que de cette union fondée sur la soumission et l’obéissance puisse naitre une grandeur éternelle dans ce monde éphémère. Sogolon Keju devint l’épouse de Naré Maghan. Et Soundjata naquit. Cher grand-père, par respect à l’ordre social, au commandement maternel et le droit d’ainesse, Djata rampa 18 ans. Ne marcha que le jour où la divine mère Sogolon l’ordonna. Fa-Kanda Keita par le Soun-soun béré marcha et devint Soun-djata, Mary Djata, Sogolon Djata.

Cher grand-père, après cette marche, les rivalités ne cessèrent. Les calamités ne se turent. Djata faisait envier et peur. Les hostilités donnèrent lieu à l’exil, ‘’Djata tamana’’. « A l’exil, Djata vécu l’asile dans les 12 tribus du Mandé et finit chez l’imam de Koumbi Saleh », D. Tamsir. Djata y devint musulman. Il y apprit le Coran et les préceptes coraniques.

Dans le fin fond, le Mandé vivait une autre agonie. Une réformiste intégrale faisait le nouvel règne. Il faisait écrouler toutes les architectures sociétales sur lesquelles les Mandéka avaient forgé leurs habitudes. L’opinion du moment se révolta et fît porter à Soumangourou Kanté le réformiste, des peaux d’humaines, un monstre qui vole. Un terroriste. Avec qui personne ne devrait dialoguer ni écouter. L’histoire contient le présent. Cher grand-père, les 12 tribus du Mandé s’inquiétèrent comme le Sahel. Les opinions comme du vent partait à travers les territoires et atteignent Djata à Koumbi afin de venir délivrer le Mandé du chaos, des lois imposées, des reformes forcées, du dictat. Tel est l’homme.

Cher grand-père, Maridjata revint par le même chemin de son exil, se renforçant d’unions et de partenariats, tel un G-5, Djata se retrouva à la tête de la plus puissante armée de l’époque. Et la chance fut pour le Mandé que de par sa vision lointaine de l’avenir, de son sens élevé de la paix comme victoire éternelle, Djata priorisa le dialogue et l’entente et fixa le Nianan-Koulou comme limite à l’histoire. Le grand homme de l’écoute et du dialogue, il préféra le dialogue les échanges de la parole à ceux des lances et sauva le Mandé.

Cher grand-père, quand le chaos et l’anarchie font la loi dans une contrée, aucun chemin n’est plus propice à une sortie de crise que le consensus. Djata convoqua le Mandé. Des mois d’assises ont été entamés. Des discussions ont été faites et de ce consensus, l’une des premières chartes constitutionnelles de l’humanité, vit le jour. La loi fondamentale de Kuru kan-Fuka. C’était il y a 8 siècles. L’un des premiers Etat de droit, République et laïc venait d’être fondé en l’empire du Mandé sous le fils de Sogolon, Soundjata Keita. Nous sommes descendants de cet empire de dialogue et du consensus. Nous pouvons le refaire. Ce dialogue et ce consensus à l’issue desquels des lois naîtront où tous les Maliens seront égaux, libres et sacrés. Nous l’avons fait, il y a 8 siècles. Tel est mon Manifeste ! Voilà mon Manifeste ! Ma 85e lettre et à mardi prochain Inch’Allah !

Lettre de Koureichy
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