Intervenant à la rencontre inter et extra-communautaire de la Coordination Kel-Ansar et Alliés, tenue à Goundam (région de Tombouctou) le vendredi 12 février dernier, le président du parti Convergence africaine pour le renouveau et l’émergence (CARE Afriki Lakuraya), Cheick Boucadry Traoré a indiqué qu’il faut davantage ancrer le pays dans la réalité et les besoins des communautés pour lui assurer un nouveau départ.
Le président du parti CARE Afriki Lakuraya, Cheick Boucadry Traoré a remercié la Coordination Kel-Ansar et alliés pour leur invitation à venir partager les réflexions sur la crise que traverse le Mali, mais aussi pour cette rencontre sur le développement et la paix. « Notre présence aujourd’hui à Goundam témoigne de notre volonté de nous inscrire fermement dans le sillon de ce développement durable et cette cohésion sociale tant voulue par votre coordination », a-t-il déclaré. Avant de rappeler que le Mali est en proie à l’instabilité, aux conflits politiques et communautaires. « Ces conflits, outre leur impact direct sur la vie des populations ainsi que sur leur environnement moral et physique, obèrent gravement les ressources du pays, hypothèquent ainsi ses chances quant à son développement. Il n’en reste moins que l’objectif de la paix au Mali demeure possible, nécessaire et même urgent. Comme il a déjà été dit, la paix reste bien sûr une exigence liée aux souffrances insupportables des victimes des conflits, mais elle devient également un impératif de survie pour notre nation », a souligné le président de la CARE. Non sans préciser que, du point de vue de la gravité de la crise, le pays a atteint a atteint les limites du possible.
Redresser le Mali en tirant profit de sa riche diversité
Et Cheick Boucadry Traoré de s’interroger : « Comment se fait-il que nous soyons si divisés aujourd’hui, emportés dans une spirale de violences politiques et sociales, alors que nous ne désirons qu’une chose, vivre ensemble dans la paix et l’harmonie ? Nous qui partageons une histoire millénaire, nous qui sommes fiers d’avoir bâti une nation qui a toujours exprimé notre volonté de vivre ensemble tout au long de ce temps, nous qui décidâmes de partager un destin commun eu égard à notre identité commune ».
Pour ce leader, la plus grande injustice de la crise profonde que traverse le Mali est qu’elle risque de diviser davantage ses fils. « La crise aura certainement des effets sur beaucoup d’entre nous et le plus lourd tribut sera payé par celles et ceux qui ont subi dans leur chair les effets de la violence, de l’isolement, et de la misère. Et le paradoxe, c’est comment résister à l’angoisse, à la résignation, au désespoir pour chercher des chemins de réconciliation ? », s’est-il demandé
Et M. Traoré de souligner que le pays a besoin d’un nouveau départ. « Il faudrait d’abord changer nos façons de faire, changer notre logique. Il faudrait s’ancrer davantage dans la réalité et les besoins des communautés. C’est ce qu’il faudra faire pour commencer à changer le Mali, qui en a vraiment besoin aujourd’hui plus que jamais. Il faut sortir du cynisme. Il faut se donner l’espace de réfléchir pour réinventer notre pays ».
Pour Cheick Boucadry Traoré, la mission qui est d’actualité est de redresser le Mali, de permettre la consolidation de l’État de droit et d’une justice sociale, d’imposer un mode de gouvernance fondé sur l’intérêt des citoyens, de réinventer une économie qui sera au service de la société, et de définir une politique d’emploi cohérente et viable.
A le croire, l’histoire millénaire du Mali apprend que toute politique, qui prône la supériorité d’un groupe sur un autre abouti inévitablement aux impasses et à l’échec. « C’est sur le respect des droits de tous que se fonde l’unité nationale et une paix juste, digne, et durable. Le respect de la vie et de la liberté de chacun est constitutif de la paix, de même ; l’accès aux biens essentiels comme la santé, et l’éducation. Nous devons maintenir notre détermination pour la réforme administrative et la réconciliation politique et sociale, et insister toujours sur la protection des minorités, qui a toujours été une obligation morale et religieuse dans notre société. Nous devons faire ce qui est juste et nécessaire pour sortir ensemble plus forts de la crise. Notre riche histoire et notre diversité doivent toujours être une force dans le Mali de demain. Notre singularité, qui est née de notre persistance, doit nous permettre de faire encore mieux », a-t-il expliqué.
Et de préciser que la CARE n’a de cesse indiqué qu’au sein de notre nation, aujourd’hui toute entière touchée par la peur du lendemain, chaque citoyen puisse laisser germer les graines de paix qu’il porte en lui ; graines de la reconnaissance mutuelle, graines de la fraternité et de la solidarité. « C’est la solidarité et la fraternité qui pourront libérer nos citoyens de l’engrenage du désespoir et de l’échec, de se rendre compte de leurs propres valeurs, et leur restituer la fierté de leur histoire », a-t-il poursuivi.
Pour le président du parti qui prône le changement de la politique de gouvernance du pays, aujourd’hui, plus que jamais, la paix au Mali est un véritable défi pour l’ensemble des citoyens. Cela doit passer par le dialogue et la concertation. « Dans l’esprit du dialogue, nous devons tout faire pour que les semences de la communication germent entre les différents groupes de citoyens. Puissent les graines ainsi semées germer et porter les fruits d’un développement durable! Ce serait le meilleur moyen de faire germer une paix durable. Le maintien d’une telle paix offre le cadre et la sécurité qui permettent à notre nation de renaitre de son sol et d’atteindre le niveau souhaité de développement. Que Dieu nous donne la volonté politique de faire en sorte que nos nouvelles politiques de gouvernances nécessitent peu de temps pour évoluer et s’enraciner dans les mentalités et les traditions de notre société », a-t-il plaidé. Avant de souhaiter le retour à la réconciliation nationale et le rétablissement d’une paix durable dans le pays. « Dès maintenant, soyons de celles et ceux qui, face à la crise profonde que nous vivons, s’acharnent à léguer aux générations futures des germes de paix et d’un développement humain durable. Prions pour que grandisse notre capacité à pardonner, à aimer, à vivre harmonieusement ensemble dans la solidarité et la justice », a-t-il conclu.
Bruno Djito SEGBEDJI