Lors d’un sommet du G5 Sahel qui s'est déroulé lundi et mardi à N’Djamena, la capitale du Tchad, le chef de l’ONU a appelé à faire avancer la paix et le développement durable dans cette région d’Afrique confrontée à de multiples défis.
Le G5 Sahel est un cadre de coopération régionale, créé en 2014, réunissant cinq pays du Sahel : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
« Malgré de récents développements prometteurs, et notamment la tenue pacifique d’élections, je reste préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire dans la région, en particulier à Liptako-Gourma (région commune au Burkina Faso, au Mali et au Niger) , où la spirale de la violence aggrave une situation humanitaire déjà difficile », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message vidéo diffusé lors de ce sommet du G5 Sahel.
Le Secrétaire général a rappelé que les populations civiles du Sahel paient le prix de cette insécurité : plus de deux millions de personnes déplacées, des millions d’autres qui se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire aiguë, le tout dans un contexte de grande crise climatique.
Des millions de personnes ont basculé dans l'extrême pauvreté
Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a exacerbé les fragilités existantes, y compris les difficultés économiques et sanitaires, et a fait basculer plus de six millions de personnes dans l’extrême pauvreté, a-t-il précisé.
« Le G5 Sahel a un rôle essentiel à jouer pour faire face à cette crise », a souligné M. Guterres.
Un an après le Sommet de Pau, la Force conjointe du G5 Sahel, composée de troupes du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, et du Tchad et soutenue par la France, continue sa montée en puissance grâce à la mobilisation des États sahéliens, au soutien des partenaires internationaux ainsi qu’à l’appui de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA).
Pour le chef de l’ONU, le déploiement à venir de la Task-Force Takuba, composée de forces spéciales européennes en coordination avec le G5 Sahel, illustre cette mobilisation.
« Il s’agit de conserver cette dynamique tout en démontrant une exemplarité en matière de respect des droits humains », a insisté M. Guterres.
Dans ce contexte, le Secrétaire général a répété que la Force conjointe du G5 Sahel doit disposer de financements stables et prévisibles. « Les opérations de paix et les opérations antiterroristes africaines doivent être endossées par le Conseil de sécurité, au titre du chapitre VII, et financées de façon pérenne, y compris au moyen de contributions obligatoires », a-t-il dit.
« Le soutien de la MINUSMA au processus de transition et à la stabilisation du Mali doit constituer une priorité des partenaires de la région », a souligné M. Guterres, qui a condamné « l’attaque lâche perpétrée une fois de plus » contre les Casques bleus la semaine dernière.
António Guterres, lors de sa visite au quartier général de la Force conjointe du G5 Sahel près de Mopti, au Mali, le 30 mai 2018. Le Secrétaire général a condamné l'attaque perpétrée vendredi contre le quartier général de la Force.Photo ONU/Marco Dormino
António Guterres, lors de sa visite au quartier général de la Force conjointe du G5 Sahel près de Mopti, au Mali, le 30 mai 2018. Le Secrétaire général a condamné l'attaque perpétrée vendredi contre le quartier général de la Force.
S’attaquer aux causes profondes des conflits
Le chef de l’ONU a également appelé les Etats de la région et leurs partenaires à aller au-delà de la seule réponse sécuritaire : « Le développement, l’État de droit et la bonne gouvernance sont les pierres angulaires de la stabilité de la région ».
M. Guterres estime que les gouvernements des pays du Sahel doivent « retrouver la confiance de leurs citoyens », indiquant la détermination des Nations Unies à soutenir tous les efforts en ce sens. « La nature multidimensionnelle et interdépendante des nombreux défis nécessite de s’attaquer aux causes profondes des conflits », a-t-il ajouté.
Le mois dernier, le Secrétaire général a nommé le Sénégalais Mar Dieye au poste de Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel. Cet économiste qui a fait une grande partie de sa carrière au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a pour mission de veiller à ce que les liens entre les défis humanitaires, climatiques, sécuritaires, politiques et en matière de développement au Sahel soient pris en compte dans une approche plus intégrée et plus efficace.
Le chef de l’ONU a indiqué que M. Dieye travaillera étroitement avec son Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel pour faire avancer la mise en œuvre de la Stratégie intégrée de Nations Unies pour le Sahel, en s’appuyant sur toutes les ressources de l’Organisation dans la région pour soutenir les efforts du G5 Sahel.