À l’issue du sommet de N’Djamena, au Tchad, mardi 16 février 2021, le président français Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse par visioconférence. Objectifs : donner des clarifications sur le sort de Barkhane, la présence française dans le sahel, le bilan du sommet de Pau, etc. Une occasion saisie également pour apprécier la gestion de la crise par les autorités de la transition malienne.
Il est du devoir de la France d’assister les pays qui lui demande de l’aide. En plus « si le Sahel tombe aux mains des terroristes, progressivement, l’Afrique tombera aux mains du terrorisme islamiste et l’Europe vivra les conséquences de ce drame », a déclaré le président français, au cours d’une conférence de presse, ce mardi 16 février.
Pour répondre à ceux qui attribuent à la France une volonté de recolonisation, le locataire de l’Élysée ne va pas avec le dos de la cuillère. Il apporte un démenti cinglant à ces théories complotistes : « La France n’est pas impliquée dans une guerre interethnique ou communautaire. Notre présence sur place a été sollicitée par les États. Elle est en soutien de la souveraineté de ces États et nous nous battons contre un ennemi commun qui nous a aussi frappés sur notre territoire et dont l’agenda est international et qui a fait du sahel son principal terrain de croissance menaçant la stabilité de toute l’Afrique de l’ouest ». Selon lui, l’ennemi commun de la France et des pays sahéliens demeure le terrorisme islamiste.
Les autorités maliennes attendues sur trois chantiers
Engagée dans un tel combat auprès des États sahéliens et vu toute l’importance qu’accordent les chefs d’État de ces pays à la présence de Barkhane, la France n’entend point se désengager de cette région et sa présence dans la durée pourrait être envisagée.
Le président Macron estime important de faire évoluer « Barkhane en la faisant passer d’une logique d’opération extérieure à une logique beaucoup plus concentrée sur la lutte contre le terrorisme et de coopération avec les armées de la région ».
Dans ce combat contre le terrorisme, notamment au Mali, la France compte sur les autorités de la transition, qui, depuis leur arrivée, ont fait bouger les lignes. « En quelques mois, ces autorités de la transition ont donné plus de gages que les autorités précédentes en trois ans », a affirmé le président Macron.
Néanmoins, les autorités de la transition sont attendues sur trois grands chantiers : la feuille de route de la Cédéao pour la tenue des élections dans un délai de 18 mois, la feuille de route de Pau en matière de lutte contre le terrorisme et la mise en œuvre des Accords d’Alger.
« Le sursaut de Pau a permis un reversement de rapport de force »
Faisant le bilan du sommet de Pau, le locataire de l’Élysée a souligné au cours de cette conférence que ce sommet a permis de sauver le sahel. Le triangle Mali-Burkina-Niger était au bord de la rupture, dit-il avant d’indiquer : « Le sursaut de Pau a permis un reversement de rapport de force militaire, mais aussi un ressaisissement moral des armées de la région et la relance de leur dynamique opérationnelle ».
Selon ses explications, Pau a été à la fois une réussite militaire et démocratique. Le sommet de N’Djamena qui s’est achevé, mardi 16 février 2021, n’est qu’une amplification de cette dynamique de Pau, a-t-il précisé.
En effet, dans leur communiqué final, les dirigeants du G5 Sahel ont reconnu des progrès remarquables dans la lutte contre le terrorisme depuis le sommet de Pau. Néanmoins, ils demandent un financement pérenne de la force et l’octroi d’un mandat sous le Chapitre VII de la charte des Nations unies.
Faire valoir deux piliers essentiels
Pour rappel, à l’issue du sommet de Pau en janvier 2020, quatre piliers essentiels avaient été arrêtés : la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités militaires sahéliennes, le retour de l’État et des administrations et la politique de développement. Emmanuel Macron invite désormais à se focaliser sur les deux derniers piliers. Pour ce faire, il juge important, à court terme, de se concentrer sur le redéploiement des forces de sécurité, le retour de la justice ainsi que la réouverture des écoles dans les zones où les djihadistes ont été vaincus.
Les principales victimes du terrorisme étant les populations civiles des États du sahel, ensuite les militaires sahéliens et les militaires étrangers, Emmanuel Macron invite au déclenchement « d’un sursaut civil pour compléter le sursaut militaire ».