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Dicko : la chute de l’imam qui se voit à Koulouba
Publié le jeudi 18 fevrier 2021  |  Le Canard Déchaîné
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de remise de trophée "personnalité de l`année" à l`imam Mahamoud Dicko
Bamako, le 07 novembre 2020 Le forum Libre, une organisation de la société civile a décerné le titre de « Personnalité de l’année 2020 » à l’imam Mahmoud Dicko
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Lâché par l’écrasante majorité de ses partisans, par ses camarades du M5-RFP et la junte militaire, celui qui se prend pour le « favori caché » de la présidentielle de juillet 2022, ou à tout le moins, son « faiseur de Roi » tente de se remettre en selle à travers un manifeste, dans lequel il se pose en « rassembleur de toutes les forces vives du pays ». Un flop magistral.

A la tête de milliers de partisans à sa dévotion, il a été déterminant dans l’élection d’IBK en 2013. Il n’hésitait à rappeler, à qui ne veut pas l’entendre, qu’IBK lui doit son pouvoir. Personne, ni au sein de la classe politique, ni dans les médias, s’osait contester ses décisions. Au risque d’essuyer les représailles de ses partisans.

Un homme tout-puissant

Ses exigences passaient comme lettre à la poste. Il avait exigé le départ du magistrat Daniel Tessogué pour avoir parlé de la barbe d’une catégorie de musulmans. Il l’a obtenu sur un plateau d’argent. Il avait, aussi, sollicité le départ du Premier ministre Boubeye. Il l’a obtenu auprès d’IBK. Pour s’excuser, ce dernier dira : « j’ai limogé Boubeye à contre cœur. Il n’a commis aucune faute. Il a été l’un de mes meilleurs chefs de gouvernement ». La liste de ses victimes est loin d’être exhaustive.
L’imam Mahmoud Dicko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était craint par tous, y compris IBK. Le divorce, entre les deux hommes, est survenu quand le célèbre imam exige le départ de Dr Boubou Cissé, le successeur de Boubeye à la Primature. Après l’avoir présenté à tous, y compris le Chérif de Nioro, comme son fils, il exige son départ. Refus catégorique d’IBK, qui commence à voir clair dans son jeu, pour le moins, trouble.

La disgrâce

Mais la chute de l’imam Dicko commence avec son départ précipité du M5-RFP. C’était au lendemain du putsch du 18 août 2020, qui a poussé IBK à la démission.
Pour les leaders du Mouvement de contestation à l’origine de la chute d’IBK, leur ex-autorité morale a trahi les idéaux du peuple malien, portés par le M5-RFP, pour se rallier à la junte militaire. Ses partisans et l’écrasante majorité du peuple malien n’en pense pas moins.
C’est, d’ailleurs ainsi, diront certains qu’il a réussi à caser 17 de ses proches au gouvernement et au sein du Conseil National de Transition.
« C’est sur les conseils de l’mam Dicko que la junte militaire nous a maintenus à l’écart des réformes politiques et institutionnelles pour lesquelles nous nous sommes battus contre le régime d’IBK », rappelle Cheick Oumar Sissoko, leader du Mouvement « Espoir Mali Koura », membre du M5-RFP. C’était dans une interview, accordée à une radio privée de la place.
S’en suit une longue traversée du désert pour l’imam Dicko. Qui se mure dans un silence, pour le moins, assourdissant.
Entre-temps, son porte-parole, et non moins beau-fils, Issa Kaou Djim essuie les tirs nourris des partisans de leur Mouvement politico-religieux, la CMAS, dont il était le coordinateur général.
En l’espace de quelques jours, il est destitué par les présidents des comités CMAS. Qui lui interdisent de parler, désormais, au nom de leur Mouvement, dont l’imam est le parrain. Mis devant le fait accompli, ce dernier dit en prendre acte.

Vers la mort politique de l’imam Dicko ?

Désormais, seul contre tous, l’imam Mahmoud Dicko tente de se remettre en selle à travers un manifeste, dans lequel il déplore la situation actuelle du pays.
« Mon esprit est tourmenté par le sort du Mali et de mes concitoyens… », écrit-il dans son manifeste. Avant de se poser en rassembleur des forces vives de la nation.
« Nous devons agir, sans relâche, avec les forces vives de la nation pour la restauration de l’autorité de l’Etat. Pour ce faire, je m’engage, librement, à me rendre partout où je peux être utile, là où nos concitoyens se sentent abandonnés ».
Malgré la beauté de sa rhétorique, la mayonnaise n’a pas pris. Pour la classe politique, l’écrasante majorité des Maliens et de ses partisans déçus, ce manifeste n’est, ni plus, ni moins, qu’une tentative de se remettre en selle. Politiquement, s’entend.
« L’imam Dicko veut se doter d’un nouveau rassemblement populaire, entièrement, à sa dévotion pour son combat politique, dont le support est, justement, le manifeste qu’il a publié ».
Après toutes ces accusations, dont ses ex-compagnons de lutte l’affublent, l’imam Mahmoud Dicko pourrait-il se relever de sa chute ?
Bien mali(e)n, qui pourrait le dire.



Oumar Babi /Canarddechaine.com
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