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Situation actuelle du Mali, gestion de la transition, manifeste, ambitions présidentielles, …: l’imam Mahmoud Dicko dit tout sans détours : “Le sort du pays, de cette population m’inquiète, ça m’empêche de dormir”
Publié le jeudi 18 fevrier 2021  |  Mali Online
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de remise de trophée "personnalité de l`année" à l`imam Mahamoud Dicko
Bamako, le 07 novembre 2020 Le forum Libre, une organisation de la société civile a décerné le titre de « Personnalité de l’année 2020 » à l’imam Mahmoud Dicko
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Sa parole est rare dans les médias. Mais, après plusieurs mois de silence, l’Imam Mahmoud Dicko a fini par rompre le silence. La figure emblématique de la révolution au Mali s’est confié au micro du confrère Mali Online. Un entretien sans détours au travers duquel il fait des clarifications sur plusieurs sujets concernant sa démarche et son combat. En exclusivité, aBamako vous livre l’intégralité de cet entretien.


Imam Dicko, depuis le changement de gouvernance au Mali, nous assistons à un grand silence radio que vous observez, et depuis le monde se demande pourquoi l’imam a matérialisé son retour dans sa mosquée ? Et du coup, depuis deux jours, vous êtes sortis avec un manifeste, un manifeste qui est un cri de cœur. Pourquoi ce grand silence et pourquoi ce manifeste ?


Imam Mahmoud Dicko : Merci beaucoup et salutation à tous nos spectateurs et à tout le monde sur la chaîne du continent. C’est que depuis un certain temps j’ai gardé le silence, je ne parlais pas, mais j’observais, je regardais, j’entendais et j’écoutais. J’ai eu le temps vraiment de mûrir beaucoup d’idées, de réfléchir et de voir comment les choses se passent. Je l’ai dit en son temps que j’ai joué ma partition et que je retourne dans ma mosquée. Effectivement, je suis retourné dans ma mosquée, c’est de la mosquée que je suis sorti, c’est de là-bas que je tire ma légitimité, c’est de là-bas aussi que je tire ma force. Je retourne encore dans ma mosquée pour aller réfléchir, méditer sur le sort de mon pays. Ça me préoccupe. Des millions de personnes qui vivent des situations de précarité depuis un certain temps, j’en souffre beaucoup et je ne peux pas me taire éternellement. J’ai emmagasiné beaucoup de choses au fond de moi. J’ai eu un certain moment le besoin d’extérioriser ce que j’ai au fond de moi et de le partager avec mes compatriotes. C’est ce qui m’a poussé non seulement à prendre un peu de recul et à laisser les choses se faire. Nous sommes un grand peuple, nous avons une grande nation, nous avons eu des difficultés, mais nous faisons encore confiance au génie malien parce que les gens ont fait ce qu’ils peuvent faire. Je pense aujourd’hui que je dois encore partager quelque chose avec le peuple malien.


Nous allons revenir sur le contenu du manifeste. Pendant ce long silence beaucoup de choses se sont dites, mais vous aviez entendu que les camarades de lutte du M5-RFP ont un moment eu à crier à la trahison, à l’abandon, ou du moins que vous avez composé avec les jeunes qui ont pris le pouvoir en les abandonnant. Alors essentiellement si on fait un flashback, qu’est ce qui se passe ?


Imam Mahmoud Dicko : Ecoutez, je préfère ne pas rentrer dans les détails, le diable est dans les détails. J’ai composé avec des hommes et des femmes honorables qui m’ont respecté, que j’ai eu le temps aussi de respecter et d’apprécier. En un moment donné, peut-être qu’il y a eu une divergence de vue, je respecte leurs points de vue. Tout ce qu’ils disent de moi, je le respecte et je pense que ça doit me donner des leçons, beaucoup de leçons, à réfléchir. J’aimerais aussi savoir ce que les autres pensent de moi, c’est aussi une bonne chose, c’est aussi une richesse, ça m’enrichit. Donc, je n’ai pas de problème par rapport à ça. Tout ce qui a été dit, pour moi, les gens étaient dans un certain état d’âme, ils ont dit ce qu’ils pensent pouvoir dire, et tant mieux. Nous sommes dans un Etat, c’est débat d’idées et chacun est libre de penser de l’autre ce qu’il veut, donc je respecte leurs points de vue, je respecte ce qu’ils disent de moi, et je ne polémique pas.


Alors, même si vous le polémiquez pas, à un moment vos partenaires avaient besoin de votre arbitrage, que vous redescendiez dans l’arène pour redistribuer les cartes, que vous alertiez les jeunes face à la responsabilité que le M5-RFP devait jouer. Pourquoi vous n’avez pas arbitré en ce moment ?



Imam Mahmoud Dicko : Arbitrer? Écoutez, je n’étais pas un arbitre, j’étais une autorité morale des hommes et femmes qui ont fait confiance en moi. Je pense pouvoir jouer ma partition et je l’ai dit sur la place publique que j’ai joué ma partition et que je retourne dans ma mosquée. A partir de cet instant, quel est l’arbitrage que je dois faire ? Je pense que ce sont des hommes et des femmes suffisamment avertis qui ont montré leurs preuves dans ce pays, que les états majors politiques qui composaient le M5-RFP en son temps peuvent jouer leurs partitions, ils n’avaient pas besoin que j’aille faire de l’arbitrage. C’était ma vision et ma compréhension des choses.


D’aucun pensent que les jeunes avaient votre bénédiction et se sont accaparés de tous les pouvoirs ?


Imam Mahmoud Dicko : Les gens peuvent penser de ce qu’ils veulent, je ne peux pas empêcher les gens de penser de ce qu’ils veulent. Je l’ai dit, je ne suis pas déçu d’être critiqué ou d’être accusé de quoi que ce soit, je suis perfectible et je l’accepte volontiers.


Alors, revenons à votre manifeste. C’était un cri de cœur, comme vous le dites. Est-ce qu’on peut faire une similitude avec le manifeste de l’Ayatollah Ali Khomeini qui, à un moment en France, avait vu la nécessité de venir sauver l’Iran des richards, parce que vous touchez en quelques mots tous les problèmes et vous prévenez si on ne fait pas attention ?


Imam Mahmoud Dicko : Je ne fais pas de similitude entre ce manifeste et ce que L’Ayatollah a fait, pas du tout. On a pas la même école, on a pas la même pensée, on a pas la même vision. Ce n’est pas du tout la même chose. Je l’ai appelé manifeste, mais c’est un cri de cœur. Pour moi en un moment donné, j’ai eu beaucoup de choses que j’ai mûries au fond de moi. Je pense qu’il faut extérioriser ces choses là, c’est pourquoi je les ai partagées avec les compatriotes. Pour moi, la meilleure manière de la faire c’était de faire ce manifeste que j’ai eu à faire. C’est réellement un cri de cœur. Ce que je dis, de mon point vue, je l’ai dit pas maintenant seulement. En 2012, j’ai dit la même chose. En 2012, je me suis levé pour aller voir l’archevêque de Bamako qui est encore vivant, qui est le cardinal actuel pour lui dire que je sens que quelque chose va venir, que j’ai l’impression que si on ne se met pas ensemble, le pays va sombrer. Il vit encore. A l’époque, j’ai rencontré le secrétaire général de l’UNTM, paix à son âme qui était Siaka Diakité pour le lui dire qu’il faut que le pays se mette ensemble. J’ai organisé une rencontre des forces vives de la nation. Une résolution est sortie de cela, que j’ai remis à l’époque au chef de l’Etat, paix à son âme, (Amadou Toumani Touré, Ndlr) pour dire qu’il faut faire attention. Aujourd’hui, je sens la même chose qu’en 2012, j’ai le sentiment que si on n’y prend garde quelque chose va arriver.


On va revenir sur le contenu du manifeste, mais vous avez glissé sur ma langue concernant les régimes qui tombent. Certains observateurs vous voient derrière chaque régime qui tombe. Vous faites, vous défaites les régimes, qu’en est-il ?



Imam Mahmoud Dicko : Je ne suis pas derrière les régimes qui tombent, je ne peux faire un chef d’Etat et ne peux pas défaire un chef d’Etat. Je n’ai pas de groupe armé, je n’ai pas de sécurité d’Etat, je n’ai absolument rien d’autre qui peut faire tomber un régime. Je n’ai pas la prétention de faire tomber un régime ou de faire un régime. Je suis un serviteur de Dieu. Je n’ai pas cette capacité. Il y a des choses qui me viennent et que je partage avec mes compatriotes. Il arrive souvent que je fasse des alertes, que des situations comme ça viennent à des moments, mais cela ne dépend pas de moi. Je n’ai aucune force derrière ça, je n’ai aucune volonté de faire quoi que ce soit, je n’en ai pas la capacité, je n’ai pas la force et je n’ai pas la prétention. Que c’est moi qui fais et défais les régimes, pas du tout.


Aujourd’hui, d’aucun pensent que vous avez tellement fait et défait les régimes que maintenant il faut que l’imam se place dans le fauteuil du président ?


Imam Mahmoud Dicko : Je dis que ce n’ai pas ma vocation d’être un président, je suis un imam , c’est ce que je sais faire. Je vais rester imam Inchalla. Le problème c’est que je suis un citoyen malien, je suis un patriote, ces maliens qui sont là, sont mes frères, mes sœurs, mes enfants. Le sort du pays, de cette population m’inquiète, ça m’empêche de dormir. Je ne peux pas sentir certaines choses et ne pas les partager. Il faut que je libère mon cœur. Ce que je suis en train d’observer et voir aujourd’hui mérite ce cri de cœur pour que les Maliens de tous bords, de toutes les forces, de toutes les composantes d’aujourd’hui se mettent ensemble, pas derrière l’imam non, se mettent ensemble pour faire face aux défis à venir.


Pourquoi ce manifeste et qu’est ce qui vous inquiète tant dans le déroulé des choses au Mali ?


Imam Mahmoud Dicko : Ce qui m’inquiète, je dois vous le dire, il y a eu un coup d’Etat, il y a eu un changement de régime, il y a eu un gouvernement de transition. on est en train d’y aller. Tout le monde a su que le début de cette transition a été laborieux. Il y a eu des hauts et des bas, il y a eu beaucoup de difficultés, encore il y a beaucoup de difficultés. Ce changement de régime devrait nous permettre vraiment de nous réconcilier, de réconcilier l’armée à son peuple et ce travail n’a pas été fait. Il y a encore de la méfiance, beaucoup de méfiance entre cette armée et une grande partie de la classe politique. Il faut nécessairement instaurer la confiance entre l’armée et le reste du peuple.


Cette méfiance est due à quoi Imam Dicko ?


Imam Mahmoud Dicko : C’est des incompréhensions. La situation est venue, cette classe politique s’est mobilisée, notamment le M5-RFP, pour demander le changement qui, par la suite, a été obtenu. Ce changement, les militaires l’ont dit qu’ils sont venus parachever ce que le peuple a déjà commencé. Mais, à un moment donné, l’agencement de ces choses n’a pas permis à ce que les gens se mettent ensemble pour vider certaines choses et définir l’avenir ensemble. Aujourd’hui, ça fait grand malaise dans le pays, il faut le reconnaître. Nous sommes en train d’aller, mais il faut un dépassement de soi, il faut un sursaut, il faut nécessairement qu’on se mette ensemble pour recadrer, réorganiser pour ne pas buter sur des questions qui vont être fatales pour l’avenir de notre pays.


C’est l’autorité morale qui parle, ou c’est l’imam Dicko ?


Imam Mahmoud Dicko : Ecoutez c’est le citoyen qui parle. Avant d’être l’autorité morale ou imam, je suis d’abord un citoyen qui a le souci de son pays. Je sais que dans quelques mois, la communauté internationale va commencer à nous dire, faites les élections, faites les élections. On ne peut pas faire des élections dans un contexte où le tissu social est complètement abîmé. Les forces politiques sont divisées, on va aller aux élections, quel genre de régime on va avoir qui peut faire face à ces nombreux défis. Dans un monde aujourd’hui changeant, dans un monde où qu’on le veuille ou non, un nouvel ordre mondial est en train de se dessiner, si ce n’est déjà arrivé avec cette pandémie qui a tout changé, bouleversé, dans ce monde où les partenaires que nous avons commencent à en avoir assez, on sent l’impasse, on sent beaucoup de choses. Ceux qui nous aident aussi, ils ont leurs problèmes. Vous avez un pays comme la France qui a une élection en 2022, l’issue de cette élection est inconnue, on ne sait pas ce que ça va nous donner. Aujourd’hui, il est normal, il est même obligatoire pour ce peuple de se mettre ensemble pour prendre son destin en main, c’est une exigence.


Vous pensez que ce salut passe par l’implication du M5 ?


Imam Mahmoud Dicko : Pas le M5-RFP seulement, j’en appelle à tout le monde. Le M5-RFP seul ne peut pas, l’armée à elle seule ne peut pas, aucun regroupement à lui seul ne peut. La situation du Mali exige aujourd’hui que toutes les bonnes volontés, que toutes les forces patriotiques du pays se mettent ensemble. C’est pour cela que j’ai parlé de pacte républicain. Il faut qu’on se mette ensemble et mettre le Mali au centre pour voir ce qu’il faut faire pour sortir de cette situation.


Comment est ce que cela est-il possible, êtes vous prêt encore pour prendre votre bâton de pèlerin ?


Imam Mahmoud Dicko : Pour alerter, pour parler, pas pour réunir les gens autour de l’imam pour que les gens suivent, non. C’est pour alerter, c’est pour parler, c’est pour demander. Il y a beaucoup d’hommes et de femmes valables dans ce pays qui peuvent aujourd’hui encore rassembler les Maliens. Il y a de grandes figures, des grandes intelligences dans notre pays. Nous sommes une grande nation, le Mali n’est pas si pauvre que ça en intelligence, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas des hommes capables de réfléchir et de mettre les gens ensembles pour faire face à ce défi à venir.


Dans ce regroupement, faudrait-il aller dans l’extrême en faisant une main tendue à Amadou Kouffa, à Iyad AG Ghali, à d’autres qui sont dans le maquis ?


Imam Mahmoud Dicko : Bon écoutez, les gens se focalisent toujours sur deux personnes, mais ils sont deux parmi 20 millions de Maliens. Il faut nécessairement aujourd’hui qu’on y réfléchisse pour trouver une solution. Solution qui commence par parler d’abord entre nous. Vous avez le Peulh et le Dogon qui sont ensemble là bas, ça c’est pas Iyad, c’est pas Amadou Kouffa, mais c’est entre nous populations. Il y a des hommes et des femmes capables aujourd’hui de faire entendre leurs voix pour qu’on puisse trouver de l’accalmie, se parler. Des millénaires, nous avons vécu ensemble, nous avons tout partagé, il n’y a pas de raison aujourd’hui que nous ne puissions pas nous parler, ce n’est pas possible. On peut se parler sans même parler à ces gens-là. Mais, si la nécessité de parler à ces gens-là s’impose, pourquoi ne pas le faire pour obtenir la paix dans notre pays qui est au-dessus de nous. Quel est le sacrifice qu’on ne peut consentir pour sauver le Mali d’une guerre infinie? Pourquoi acceptons-nous qu’on nous impose une guerre sans fin ? Non ! On n’a pas besoin d’une guerre sans fin. Nous avons besoin de trêve, de nous parler, de nous rencontrer. Nos populations sont fatiguées. Je l’ai dit, c’est des milliers de villages qui n’ont pas d’école, de centre de santé, de point d’eau. Ils sont là, nombreux. Nous, nous sommes à Bamako, on a pas ce problème. Vous sortez de Bamako, il y a 80% de notre territoire qui n’est pas sous contrôle de l’Etat malien.


Tout ça va être fait dans quel temps, dans quel chronogramme parce que la transition n’a que 18 mois?


Imam Mahmoud Dicko : La transition à elle seule ne peut pas tout faire, mais la transition peut vraiment mettre les jalons d’une réconciliation, les jalons d’une situation qui permettra à ces populations de se parler entre elles. On ne demande pas à la transition de refaire le Mali, mais la transition a cette capacité aujourd’hui d’être humble, de tendre la main à tous les enfants de ce pays et d’accepter de parler avec tout le monde, de créer les conditions pour que les Maliens se parlent.


Imam Dicko, un des couloirs de paroles demeure l’accord d’Alger. On est en train d’apporter un coup d’accélérateur, êtes vous pour ou contre ce coup d’accélérateur ?


Imam Mahmoud Dicko : Je ne suis jamais contre un accord, je suis contre le désaccord, mais tous les accords peuvent être améliorés. Nous sommes des hommes intelligents. Ces accords qui nous permettent de vivre ensemble, de restaurer le vivre ensemble, pourquoi ne pas les accepter ? Je suis contre le désaccord, je suis pour l’accord, mais cet accord peut être amélioré. Si l’exigence du moment nous impose de revisiter l’accord, pourquoi pas ?


Comment pourrait-on appliquer l’accord et le revisiter ?


Imam Mahmoud Dicko : On applique ce qu’on peut appliquer aujourd’hui. S’il y a des problèmes ou des difficultés pour la mise en œuvre, on peut le revisiter pour faciliter la mise en œuvre. C’est une œuvre humaine.


Imam, Dicko, nous allons revenir un peu en arrière pour parler d’un mouvement qui se revendiquait de vous. Le CMAS qui est dans la tourmente actuelle, vous aviez un président qui est décrié qui a été même suspendu, toute le monde veut savoir qu’elle est la lecture de l’imam Dicko par rapport à cette situation?


Imam Mahmoud Dicko : Ecoutez, vous n’allez pas me faire parler de cela, parce que je ne pense pas que ce soit l’objet pour le moment. C’est un regroupement de gens qui se revendiquent de moi, des sympathisants. Il y a des millions de Maliens sympathisants qui ne sont pas dans ce regroupement. Donc, ce sont des hommes et femmes intelligents, il y a eu moment de divergences entre eux, ils ont la capacité de se mettre ensemble pour vider le contentieux. Pourquoi voulez-vous que l’imam fasse l’arbitrage dans ça aussi?


Le président déchu a dit publiquement qu’il se remet à l’arbitrage de l’imam...


Imam Mahmoud Dicko : C’est ce qu’il vous a dit, il ne m’a pas dit ça. Ce n’est pas à travers les médias qu’il va me parler. Non ! Moi, je me respecte et le respecte lui même, s’il veut me parler, rien ne l’empêche de venir me voir pour qu’on échange et voir ce qu’on peut faire, mais pas à travers les médias, je ne répond pas à ça.


Donc, ça suppose qu’il y a un problème ?


Imam Mahmoud Dicko : Non, il n’y a aucun problème. Il me doit du respect pour beaucoup de raisons, donc ce n’est pas à travers les médias qu’il me parle.


Imam Dicko, nous allons en venir aux élections. Vous avez dit qu’il ne fallait pas y aller en vitesse ou en accéléré, mais il y a un calendrier qui est là ?


Imam Mahmoud Dicko : Je n’ai jamais parlé du calendrier, mais le combat avant d’arriver au calendrier, c’est ça qui est inquiétant, pas le calendrier. Comment on fait pour arriver au calendrier, tout le problème est là.


On vous a vu faire un voyage officiel en Arabie Saoudite sur invitation des autorités saoudiennes, qu’en est-il, il y a beaucoup d’encre qui se verse autour de ce voyage ?


Imam Mahmoud Dicko : On ne peut pas empêcher les gens de commenter, de verser beaucoup d’encre. Ils sont libres de penser comme ils veulent. J’ai été invité par la Ligue mondiale islamique, pas par les autorités saoudiennes. ll faut faire la part des choses. C’est le secrétaire général de la Ligue qui m’a adressé une invitation en tant qu’autorité religieuse. Je suis allé répondre. J’ai rencontré les autorités religieuses là-bas. Maintenant, les commentaires et ce que les gens pensent de ça, je n’y peux rien, il n’y a pas de mystère dans cette affaire. Qu’est ce qu’il a eu dans ce voyage qui a suscité des commentaires? Je n’en sais rien.


On parle de distinction….


Imam Mahmoud Dicko : C’est la Ligue mondiale qui a jugé nécessaire de me faire l’honneur et d’honorer mon pays à travers ma modeste personne. Je suis très heureux que mon pays soit honoré à travers ma modeste personne. Le mérite revient au peuple malien et c’est à eux que ce trophée est dédié.



Imam Dicko, ça se dit dans les couloirs, ça se dit sous les tables, ça se dit partout que l’imam aime l’argent, quel est votre rapport avec l’argent ?


Imam Mahmoud Dicko : Qui est venu me donner de l’argent pour savoir si j’aime de l’argent ou pas ? Je n’aime pas parler comme ça, ça me met un peu mal à l’aise. Si j’aime l’argent j’allais me taire. J’allais avoir tout ce que je voulais et c’était fini. Va vérifier dans toutes les banques de la place, s’il y a un compte de l’imam ? ça n’existe pas au Mali ça n’existe pas ailleurs. Je ne suis pas quelqu’un qui est porté sur ces choses-là. Mes détracteurs peuvent dire ce qu’ils veulent. Je suis un marabout, si quelqu’un vient me donner de l’argent, je le partage avec les autres. Si vous connaissez quelqu’un qui n’aime pas l’argent, montrez le moi.


On trouve que vous êtes beaucoup plus complaisant maintenant avec la France, vous avez l’esprit beaucoup plus tolérant vis- à-vis des partenaires qui viennent ici et qui sont dans l’impasse ?


Imam Mahmoud Dicko : Je ne suis tolérant ou intolérant avec personne, mais je suis réaliste. C’est mon pays qui traverse aujourd’hui une situation difficile. C’est parce qu’on n’a pas su faire, qu’on a pas bien géré que le monde est autour de nous aujourd’hui. Donc, ceux qui viennent dire qu’on va vous aider, je ne vais pas les insulter. Je les respecte, je respecte la communauté internationale qui vient. Il y en a même qui perdent leur vie ici, ce n’est pas responsable que je sorte pour les insulter. Si je ne suis pas d’accord avec une approche ou une façon de faire, je le dis de façon responsable. Aujourd’hui, ils méritent qu’on dise qu’ils ont fait quelque chose pour nous. Le Mali a traversé une situation très difficile et traverse toujours une situation très difficile. C’est ce qui m’a encouragé à faire ce manifeste pour dire que si nous même, on ne se met pas ensemble pour prendre notre destin en main, ça serait difficile. Je ne suis pas complaisant avec la France ou avec quelqu’un d’autre, je suis très compréhensible et je sais aujourd’hui que nous sommes dans un monde interdépendant et nous avons besoin de l’assistance aujourd’hui pour des raisons qui sont là. Je ne peux pas faire comme si tout ce qui est fait n’est rien. La France nous a assistés à un moment donné, et tout le Mali est sorti pour acclamer la France qui a sauvé le Mali par son intervention. Je suis conscient de cela, et le lendemain, je sors pour dire non, la France est coupable de tout. Nous avons aussi notre part de responsabilité dans ce qui se passe au Mali maintenant. Il faut qu’on ait le courage de nous assumer, faire notre mea culpa, et se mettre ensemble pour chercher la voie à suivre.


Aujourd’hui, si on vous demande de donner une piste de sortie de crise, qu’est ce que vous pouvez dire aux Maliens?


Imam Mahmoud Dicko : C’est cette piste là que je viens de montrer, c’est de se mettre ensemble. Moi seul, je ne suis pas capable de donner une piste, on doit d’abord se mettre ensemble et c’est ensemble que les Maliens trouveront le chemin. Je n’ai pas la prétention de dire que c’est moi qui détient la solution. J’invite les Maliens à se mettre ensemble et c’est ensemble que nous allons trouver la solution.


Imam Dicko, vous êtes devant tous les mouvements qui font tomber les régimes, vous avez fait un manifeste, aujourd’hui est ce qu’on ne peut pas dire que vous avez des ambitions présidentielles ?


Imam Mahmoud Dicko : Ecouter, je l’ai dit et je le redis aux peuples maliens, je n’ai aucune ambition présidentielle et je ne suis pas faiseur de roi comme d’aucun le prétendent. Le roi, c’est Dieu qui le fait, personne ne fait le roi. Je n’ai pas d’ambition, je ne suis pas faiseur de roi. Je le dis et je le redis, je suis un citoyen malien, je vis une situation aujourd’hui qui m’inquiète et ce que j’ai au fond de moi je l’ai extériorisé, partagé avec le maximum de Maliens pour que les gens se mettent ensemble. C’est ensemble seulement qu’on peut trouver la solution, c’est ensemble seulement qu’on peut relever le défi.


Votre mot de la fin?


Imam Mahmoud Dicko : Je vous remercie et remercie tout le monde, et nous prions Allah pour qu’il assiste le Mali, pour qu’on puisse sortir de cette situation. Ce qui m’inquiète, je le dis et je prie Allah pour que ce qui me fait peur ne puisse pas arriver à notre pays Inch’allah.


Retranscrit par F.SANOGO, M. SINGARE et A.SEGBEDJI
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