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Nord du Mali : Le découpage territorial empoisonne le vivre ensemble
Publié le mardi 23 fevrier 2021  |  la preuve
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© Autre presse
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Le pays fait partie de la Communauté économique des États de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) et de l`Union africaine
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Les communautés du nord du Mali sont plus que jamais déchirées à cause de l’application de certains points de l’accord d’Alger. Dans ces régions, on y rencontre des populations de cultures diverses, des Sonrhaïs, Arabes, Touaregs, Bellahs, Peulhs, Bozos, Bambaras, Soninkés, Dogons, Mossis. L’évolution historique culturelle et démographique sur la même aire géographique a créé un brassage des populations, au point de créer et d’entretenir un sentiment d’appartenance à une même nation. Mais cela n’est plus le cas depuis à cause notamment de l’arrêté n°2020-3388/Matd-SG du 31 décembre 2020, portant nomination des membres du Conseil consultatif de la Zone de développement du Nord.
Dans la situation actuelle du découpage territorial de la partie Nord du pays et dans la perspective de la régionalisation poussée, les populations sédentaires, bien que majoritaires démographiquement, se retrouvent contre toute logique face à des mesures visant à fabriquer une majorité territoriale, administrative et politique pour une minorité ethnique, comme c’est le cas actuellement avec la nomination des membres du Conseil consultatif de la Zone de développement des régions du nord (Zodern) par le gouvernement de la République du Mali. La levée de boucliers est partie de la communauté sonrhaï.

Selon les responsables de cette communauté sédentaire, cette décentralisation ne devait nullement aboutir à un arrangement institutionnel qui favoriserait une partie identifiée des communautés par rapport à une autre. « Nous assistons depuis un certain temps à une volonté d’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger à travers une feuille de route actualisée des actions prioritaires des autorités de la transition allant de décembre 2020 à août 2022 dont le point d’orgue fut la signature et la publication de l’arrêté ci-dessus cité », souligne la communauté dans une lettre ouverte au président de la transition.

Pour les Sonrhaïs, la composition de la Zodern en dit long sur les vraies intentions des autorités quant au découpage territorial des régions du Nord : sur 26 conseillers, 05 seulement sont sédentaires de culture songhaï pourtant démographiquement largement majoritaire au sein de cet espace imposé. « Nous le rappelons, si besoin est, que ces intentions longtemps cachées, dévoilées sous forme de mesures iniques et injustes n’ont qu’une finalité : fabriquer une majorité territoriale, administrative et politique pour une minorité ethnique, au détriment des populations sédentaires de culture songhay, démographiquement majoritaires », soulignent les auteurs de la lettre.

La communauté sonrhaï refuse d’accepter la mise en application de la décision tout comme celle du découpage territorial de l’entité dans laquelle l’Etat les oblige à rester. Cinq ans après sa signature, l’accord reste difficile à appliquer, car il est ressenti par la majorité de la population comme injuste et discriminatoire, ne traitant pas tous les citoyens maliens avec équité comme le voudrait la constitution du pays. Et les responsables de la communauté sonrhaï de s’interroger : « Faut-il rappeler que les travaux du Dialogue national inclusif de décembre 2019 ont recommandé sa relecture ? »

Indignés par la décision du gouvernement de la République du Mali pour passer en force sans tenir compte des conclusions du Dialogue national inclusif, sans concertation des populations concernées par la mise en application de la zone de développement des régions du nord, les Sonrhaïs ont décidé de s’opposer par les moyens appropriés à la décision jusqu’à ce que réparation soit faite pour les communautés marginalisées.

Afin de préserver la cohésion sociale et le vivre ensemble, les sédentaires demandent la création des régions suivantes. GAO : régions de Bamba ; de Bourem ; d’Ansongo ; de Koukiya ; de Gao et de Gabéro. Tombouctou/ régions de Niafunké ; de Goundam ; de Tombouctou ; du Gourma Rharous et de Diré. Par ailleurs, ils demandent une concertation avec les populations concernées du nord afin de redéfinir les limites des zones de développement pour les adapter. Les sédentaires demandent conformément aux recommandations du dialogue national inclusif tenu du 14 au 22 décembre 2019, la relecture de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, dans le but de prendre en compte, sur le même pied d’égalité, les préoccupations de tous les Maliens et particulièrement, celles des communautés vivant au Nord.

Oumar KONAT
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